LES FOUGÈRES DE Melle ALDEBERGE XXIII

Philippe Larue

Attablée au 29 Union Street, dans une librairie qui offrait café/thé/muffin, Melle Aldeberge méditait sur les hypothèses sexuelles du claquetois irlandais Peucheron. D'abord, était-il réellement un nudiste dans l'âme, ou bien une escapade polissonne hors de Nanteuil-la-Forêt, était la raison de sa présence?

Mais alors, pourquoi Birmingham? Il existait énormément de lieux naturistes dans le monde. Le claquetois irlandais aurait-il eu vent que son adjointe en chef, Melle Aldeberge était une adepte nudiste? Mais par qui, comment, d'où?

Si le pénis de Napoléon se trouvait à des milliers de kilomètres des Invalides, dans le bureau d'un collectionneur, queue la virilité des maharadjahs se mesurait à l'éclat des pierres précieuses qu'ils portaient, queues des fakirs étaient capables de suspendre des poids de plusieurs kilos à leur pénis, queue c'était Hermès qui avait enseigné au dieu Pan la masturbation, queue le piercing et autres modifications corporelles étaient les dernières résurgences de rites d'initiation ancestraux, queue le sexe du diable était fait d'écailles, queues certaines sorcières avaient le pouvoir de faire disparaître le pénis des hommes, queues des moulages du membre viril de Jimi Hendrix circulaient à travers le monde, qu'il était possible chirurgicalement d'allonger et d'épaissir un pénis, qu'il y avait un salut en dehors du Viagra, queue l'apparition d'un trouble de l'érection dans le couple impliquait souvent la partenaire? L'histoire du pénis était une étude ethnologique, historique, mythologique, médicale, psychologique et artistique: quand le pénis fonctionnait, ne fonctionnait pas, était décoré, blessé, modifié, grand, petit, objet de culte ou instrument du Malin, quand il faisait l'Histoire ou connaîssait la répression religieuse...Le pénis et ses représentations à travers les civilisations étaient expliqués aussi bien à l'esthète qu'à l'historien, au curieux, voire au clinicien, au patient ou à la partenaire.

Mais quelle était la véritable nature psychologique du priape de Peucheron? Un deuxième muffin au chocolat résorberait l'attente des réponses, accompagné d'un thé noir. À l'intérieur de la librairie, Melle Aldeberge avait acheté un livre: “Tout savoir sur les pervers”. Comprendre les neurones phalliques du claquetois irlandais, ambassadeur situé à Nanteuil-la-Forêt, était impératif.

La petite galerie des Beaux Arts de Barber à Edgbaston, était une des plus belles au monde, avec une collection représentant l'art occidental du XIIIe siècle jusqu'à nos jours. Pour Melle Aldeberge, une aération neuronale éloignée de l'administration de la conservation des monuments historiques des jardins remarquables de Nanteuil-la-Forêt, de la quéquette du claquetois irlandais Peucheron et sa musaraigne, Melle Candy Laprose, était salutaire. Le musée possèdait une collection de tableaux et de sculptures d'une importance remarquable comme Tancrède et Herminie de Poussin, des œuvres de Bellini, Véronèse, Rembrandt, Rubens, Murillo, Turner, Monet, Degas, Renoir, Rodin, van Gogh, Gauguin, Derain, Picasso, etc. Il possèdait aussi une collection numismatique ancienne.

Cette plongée dans les beaux-arts était diamétralement opposée au phallus paperassié et monothéiste de Peucheron. Même si les fêtes Nanteuillâtes n'étaient pas en corps Les Phallophories des jardins remarquables de Nanteuil-la-Forêt, et que le claquetois irlandais faisait d'estruques funambulesques avec la Melle Cady Laprose, néanmoins pour Melle Aldeberge, la notion de beaux-arts restait imaginative.

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