Un ami

aile68

Nos mains jointes, entremêlées sur un papier, je les ai gardées par amitié. Comme des enfants on en avait dessiné le contour, la tienne grande et forte, la mienne petite, on eût dit celle d'une petite fille. J'ai conservé des dessins de toi dans un tiroir, une lampe, un village, une guitare, tu pouvais dessiner tout ce que tu voulais, même la fille de tes rêves, ta solitude, ton mal-être. A moi tu t'es confié, comme un ami, un proche. Tu te sentais bien dans ces moments-là, libéré, apaisé. Ma soeur n'a pas compris notre amitié, elle disait que tu ne penserais jamais qu'à toi, je ne sais pas pourquoi. Tu as toujours été correct avec moi. Tu étais resté un enfant en fait. Ton père aurait voulu que tu sois comme les gars de ton quartier, un peu bad boy, un peu terrible, moins vulnérable, moins sage. Tu avais cette transparence des gens trop sensibles. Plusieurs fois tu as craqué pour une fille je le sais, tu n'as fait que lui prendre la main et lui sourire de ton beau sourire lumineux. Je me souviens de toi sur ton vélo avec ton sac à dos, la gamelle que je me suis prise sur la neige, nos escapades en train, on avait même croisé Laurent Voulzy à Lyon et puis Axel Red. J'étais allée leur parler évidemment. Tout ça c'est des souvenirs inoubliables qui continuent à te faire vivre. Tu vis aussi dans l'esprit de bon nombre de personnes encore j'en suis sûre, tu étais populaire. Etrangement tu te sentais seul, c'est la solitude qui t'a tué, qui t'as conduit au désespoir. Quel secret cachais-tu, que tu n'aurais pas dit, que tu aurais pu me dire? D'accord on s'était perdu de vue, n'empêche que je t'ai appelé un soir, je suis tombée sur ta messagerie. Peut-être étais-tu déjà parti? 

Signaler ce texte