Un certain air de fête

L'approche des fêtes de fin d'année évoque pour moi de plus en plus, d'année en année, une certaine solitude, une authentique incompréhension, pour ne pas dire … comme un dégout. Je ne sais pas vraiment si c'est mon âme de gosse qui s'évapore, aspirée par la spirale du temps qui passe qui met sur ma tête des cheveux gris et dedans la « sagesse » de l'âge. Alors que nous devrions tous nous donner la main et nous interroger sur notre présent et notre avenir, du genre qui suis-je, où vais-je, dans quel étagère (?) Nous demander qui est et comment va mon voisin en partageant un vin chaud, nous nous efforçons, en cette période festive, avec force et hargne, d'essorer les dernières gouttes de notre porte-monnaie et de faire preuve d'une fantaisie, que dis-je, une frénésie qui nous était jusqu'alors inconnue durant tout le reste de l'année. Et oui, c'est comme ça maintenant, en hiver, de suite après la traditionnelle cuite au champagne du nouvel an, on part au ski, s'éclater par milliers sur les pistes blanches immaculées. Au printemps ça commence sérieusement à sentir les vacances et les beaux jours et on pense surtout à soi et à son bien être. En été, vacances égoïstes d'un repos bien mérité. Le bel automne est synonyme de dépression, car déjà tout est finit. Durant la période de Noël, une lumière scintille au firmament et c'est l'espoir, une certaine humeur (bonne), qui envahit nos esprits, c'est la fête ! …

 [Pour les lecteurs les plus affutés, je précise que loin de moi l'intention de sortir les violons pour venir titiller en cette sainte période les âmes sensibles. Provoquer l'émoi en jouant sur l'émotion c'est surfait … On ne pourra même pas m'accuser pour l'occasion de m'auto-plagier …]

Bientôt ce sera Noël, … Les villes et municipalités déborderont d'imagination et attèleront abondamment leur personnel et leur budget, afin de décorer leur commune de mille feux. Les deniers seront dépensés sans compter pour faire briller la place de mille lumières. Les sapins de pépinières ou non d'ailleurs, tomberont tels des soldats du désespoir ou des mouches, pour décorer encore et encore, places publiques, foyers, chaumières et autres salles de séjours, alléluia…

Nos comptes en banque, déjà bien meurtris et entamés par l'arnaque de l'Euro, de la crise, de la naissance de nouvelles taxes qui viennent jusqu'à contaminer notre bière de Noël de la récession et du sans plomb millésime 98 etc, … se saigneront au vif pour pouvoir distribuer des cadeaux et des jouets par milliers. C'est Noël et je mets le paquet, c'est le cas de le dire. Oubliant les sublimes matinées de printemps et les douces soirées d'été déjà lointaines, c'est au cœur de l'hiver que nos cœurs se réveillent, que nos langues se délient. Puisque aujourd'hui tout est programmé, c'est le 25 décembre que doit s'exprimer notre bonté.

Mon estomac lui aussi se rappellera de la soirée, car rien ne sera de trop et même si d'autres crèvent la dalle, de la dernière papillote à la première bouchée de dinde, en passant par le vin, l'apéro et le petit alcool, même si tout doit s'achever dans le bicarbonate de soude, aucune importance, c'est Noël !

Nos petites têtes blondes ne seront pas en reste, non, car c'est à elles que s'adresse aujourd'hui principalement la fête. Alors, quand sonneront les dernières cloches de « Noël », qu'auront-ils retenu de cette « orgiaque » fête si ce n'est que de l'envie d'avoir et le besoin de posséder, tout en ignorant provisoirement que d'autres n'ont rien ou moins encore.

Le temps de l'avant n'a pas encore débuté, que déjà déborde la boite aux lettres de milliers de publicités. Les nouveaux dieux du commerce se rappellent à notre bon souvenir. Les rayons et les étalages « dégueulent » de « produits » de consommation car le véritable « carton » commercial c'est Noël, pas question de taper à côté. La mythologie des Super-marchés est féroce et puissante.

Sous un arbre mort décoré de beaux objets en pvc, nous échangerons des cadeaux, pas des oranges et du chocolat non, des tablettes et des jeux, des gadgets à Mo, nous sommes en 2018, voyons !  Pourvu que je rentre dans mes frais et que l'échange soit couvert et justifié, nous dirons nous peut être, tant les Euros sont courts en cette fin d'année. Peut être allumerons-nous la petite lucarne pour regarder en cette sainte soirée, entre « mon beau sapin » et la musique de fin du monde du journal télévisé, la misère du monde et l'annonce des dernières catastrophes en nous disant dans l'euphorie de la bonne chère formatée que la misère du monde n'est pas d'échelle humaine et peut être pas d'actualité en cette sainte soirée…

Et puis il reste, dans cette orgie nauséabonde, le petit gnome en couche culotte, qui apparaît entre un père Noël Vrp américanisé Coca Cola et l'enseigne de mon super marché, le Peter Pan de mon reliquat spirituel, moi qui n'ai pas mis les pieds dans une église depuis au moins vingt ans et qui ne croit plus à grand-chose, la compréhension enfin d'un simple symbole. L'espoir pour les hommes d'être enfin un peu moins cons. Lui, il ne nous donne que de la nourriture spirituelle, celle qui manque tant et qui n'accompagne pas le foie gras. L'envie si simple et gratuite de nous asseoir et de nous poser des questions simples ou de simples questions sur notre moi et sur notre toi.

Et puis voila ti pas que l'on apprend que les prêtres et les curés, les représentants du fond de commerce du petit Jésus, ont souvent mis un doigt ou deux dans le cul de la dinde de la farce et ce même avant Noël et sans prévenir les grenouilles de bénitier …

J'habite une région qui se targue d'être la capitale de Noël, l'Alsace. J'ai visité aussi son super marché de noël de Strasbourg. La Méga teuf !!! J'ai vu aussi les queues et les bénévoles des « restos du cœur ». J'ai vu les bacs frigos des super marchés débordants de victuailles, les étales de jouets, les caves à vins. J'ai vu ceux qui achètent sans compter et ceux qui tendent la main pour manger parce que pour eux ce n'est pas Noël tous les jours ….

Ce n'est pas ce qui me dérange, rassurez-vous, comme dit plus haut, je suis comme tout le monde, mais les années lumière qui séparent ces deux Mondes et toute l'hypocrisie humaine qui se dégage de tout cela, aujourd'hui me débecte profondément !

Comme dit, ce n'est pas que je veuille faire pleurer dans les chaumières ou sortir les violons, mais un petit retour à la spiritualité, une petite réflexion, un modeste partage, une main tendue, de vraies réponses données à des questions posées…

Serait ce peut être cela, le vrai sens de Noël ?!! ….