Un chasseur sachant chasser sans...

Hervé Lénervé

Je suis un pauvre chasseur solitaire (I’m a poor lonely hunter).

Ce qui veut dire que je suis un chasseur chassant sans son chien. Je fais les deux.

D'abord, le chien :

Le fusil en bandoulière, à quatre pattes, je gambade en slalomant et en reniflant, le nez dans la luzerne. Aie ! Putain, il y a des ronces aussi, parfois. Quand je crois sentir une odeur de plumes, je marque l'arrêt.

Oui, car je suis un chien d'arrêt. Comment voulez-vous que je fasse, et le chasseur, et le chien, si le chien est un chien courant qui courre tout le temps ? Impossible !

Ensuite, le Chasseur :

Tandis que là, dans le temps de son arrêt, j'ai tout mon temps. Enfin, il ne faut pas lambiner, non plus ! Se mettre debout, reculer de dix pas, tout en retirant le fusil de derrière mon dos, se retourner et tirer en moins de trente secondes, ce qui est le temps requis pour un décollage imminent des perdreaux, vers une destination long courrier.

In fine,  le résultat :

Le résultat n'est pas toujours probant. Quand je ne me tue pas, moi-même, en décrochant le fusil de derrière le dos, des fois, j'ai la surprise de tuer deux andouilles qui s'envoyaient en l'air dans une odeur de plumes de couette, derrière un buisson.

La chasse sans chien, c'est chiant ! Mais de toute façon, la chasse, tout court, c'est tuant aussi ! Je vais me mettre à la pêche !

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