Un conte de Noël - IX

Olivier Verdy

La policière ne lève pas la tête.

-          Installez-vous à côté, je suis à vous dans une minute.

Dan emmène Maggy dans la pièce voisine, l'aide à enlever sa veste, l'assoit puis revient à la charge.

-          S'il vous plait, je vous ai posé une question. Il travaille avec vous ou pas ce Morgan ? parce qu'il semblerait bien que ce soit le cas…..

-          Je ne peux rien vous dire, un collègue va vous recevoir et vous informer.

-          Il a intérêt à arriver vite votre collègue, je commence à être saoulé par ces cachoteries.

-          S'il vous plait, monsieur, surveillez vos paroles. Vous parlez à un fonctionnaire de police.

Dan se retourne et grommèle un «fucking bitch » en repartant vers Maggy. Adèle est auprès d'elle et lui a amené une couverture. Il s'assoit à côté  sans un bruit. La petite pose sa tête sur ses genoux. Elle semble de plus en plus fatiguée.

De longues minutes passent durant lesquelles Dan s'interroge en silence. Qui est Morgan ? Flic ou pas ? Pourquoi on les fait attendre ? Pourquoi ne veut-on rien leur dire ? Ou est son père ? Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire et Dan a bien du mal à y voir clair.

La porte s'ouvre bruyamment sur un homme gominé. Lui. L'homme du van. Dan est à deux doigts de se lever en sursaut jusqu'à ce qu'il réalise que Maggy dort sur ses genoux. Il lui dépose délicatement la tête sur un coussin et rejoint le flic dans l'entrebâillement de la porte.

-          Alors, où est son père ? et qui êtes-vous ?

-          Du calme, posons-nous ici, je vais vous expliquer deux trois choses que vous avez besoin de savoir.

-          Je vous écoute.

-      Je suis le commandant Morgan de la brigade anti-terrorisme. Comment avez-vous trouvé cette petite fille et que savez-vous d'elle ?

-          Je l'ai récupérée square Coluche juste après l'enlèvement de son père…..et elle s'appelle Maggy. Et vous ?

-          C'est moi qui pose les questions ici. Pas de nom de famille ? de lieux ? de mère ?

-          Non. Rien de tout ça. Allez-vous m'expliquer à la fin ce qu'on fout ici?

-          Du calme. Du calme. Nous allons y venir, vous pourriez reconnaitre son père si je vous le montrais ?

-          Je viens de vous dire que je ne sais rien, je ne sais pas à quoi il ressemble ! vous l'avez arrêté ? c'est un criminel ?

-          Bon soit. Admettons que vous n'ayez aucun rapport avec lui. Est-ce que sa fille vous l'a décrit ?

-          Non pas vraiment, plus jeune que moi aussi grand, habillé tout en noir avec des paquets cadeaux…c'est large non ?

-          Ouais plutôt. On va faire avec.  Bon je ne peux pas vous en dire beaucoup. Disons que son père est lié à nos services d'une façon ou d'une autre actuellement et qu'il ne peut pas voir sa fille de suite.

-          Et j'en fais quoi ? si vous savez son nom, vous ne pouvez pas prévenir sa mère ?

-          On a essayé, on essaie…ça ne répond pas. Donc le mieux est que vous la gardiez pour le moment.

-          Comment ça la garder ? et jusqu'à quand ?et où ?

-          Vous semblez assez grand pour savoir comment l'occuper. Emmenez la se promener par exemple. Et Laissez-moi votre téléphone, je vous appelle dès que son père est disponible.

-          Pffff.

-          Tiens dernière question, elle vous a parlé de son oncle par hasard ?

-          Non, pourquoi ?

-          Pour rien. Allez courage, à tout à l'heure. merci de votre aide.

Dan se retrouve de nouveau dans ce petit bureau. Maggy dort toujours à demi couchée dans un fauteuil.

Que lui dire ? Comment annoncer à la petite que son papa n'est pas là; elle va être si triste. Et puis, la faire retourner dehors, dans le froid. A moins d'avoir une super idée, quelque chose qui l'occuperait, un peu au moins

-          Maggy, réveille-toi petite puce

-          Dan, c'est toi ? tu as trouvé papa ?

-          Oui, il est occupé pour l'instant mais il va bientôt revenir.

-          Ah bon ? il est où ?

-          Il a beaucoup de travail mais il se dépêche et sera vite vers toi.

-          C'est vrai ? c'est vrai ?

Maggy saute presque au cou de Dan.

-          En attendant, on va aller faire du manège qu'est-ce que tu en penses ?

-          J'adore et toi ?

***

Il est trop gentil Dan. Je crois qu'il a retrouvé Papa. Mais Papa ne peut pas venir me voir tout de suite parce qu'il a du travail alors il a demandé à Dan de m'emmener faire du manège.

D'accord il fait froid dehors mais au moins, je sais que Papa n'est pas loin. Bientôt je serai avec lui dans ses bras. Et il me tiendra chaud. Plus que le tee-shirt tout dur de tonton qu'il m'a mis ce matin. Il est lourd et il ne réchauffe pas. Je n'aime pas du tout. Je lui dirai quand je le verrai.

J'aime bien marcher dans la rue avec Dan. Maintenant il me tient la main et c'est trop gentil. Il a chaud aussi. Ça fait du bien. Et je crois que Dan, même s'il est toujours triste, il m'aime bien. J'en suis sûre juste à la façon de me regarder. Et à la fête, on va faire plein de manèges. J'aime bien faire du cheval ou alors de la voiture qui va dans tous les sens. Mais pour ça, il faut que Dan il m'accompagne parce que j'ai du mal à appuyer sur la pédale en même temps que je conduis. Et aussi, j'aime parce qu'il y a de la musique, plein de gens et des lumières partout. Il manquera que Papa.

 

-          Oui ?

-          Morgan. Est-ce que la petite a un sac, une bouteille ou autre chose ?

-          Non. Si. Un petit sac avec des bonbons. Pourquoi vous voulez lui apporter son goûter ?

-          Rien de drôle. Et au square elle avait quelque chose ?

-          Non pas que je sache.

-          Ok. Je vous tiens au courant.

 

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