Un jour dans la vie

Comme dit dans une chanson "j'ai dû rêver trop fort"... Réveil douloureux, mais bon, il y a un temps pour tout, n'est-ce-pas? J'aurais aimé écrire de grandes phrases, des mots inoubliables, qui auraient marqué l'inconscient collectif... Il n'en sera rien, il n'en restera rien, c'est ainsi. Je ne suis pas amer, j'ai essayé du moins... C'est déjà ça...
J'aimais la posture, ou l'imposture (c'est selon les points de vue) de l'écrivain maudit. C'est beaucoup plus facile quand c'est la faute à autrui... Satané autrui, le bouc émissaire idéal, le coupable parfait. Faut dire qu'il a souvent la gueule de l'emploi... Bref, passons !!! (Avant de trépasser... d'ennui...)
Je sirote une Corona, bière insipide s'il en est... Et j'essaie de passer à autre chose, même si le courrier de l'éditeur est formel... Il doit en voir passer celui-là des manuscrits... C'est son boulot après tout, il a de la chance il en a un.... Moi, que dalle !! Mais le gosier en pente, et un appétit féroce !! J'aurais dû écouter ma mère, tiens !!!
On fait des efforts surhumains pour oublier des conseils qui se révèlent finalement bien judicieux, c'est l'histoire de l'Homme "moderne" sans doute.... S'enfoncer dans l'erreur, surnager dans la mélasse de sa propre connerie.
Que vais-je faire maintenant?? Je vivote au RSA, sous contrôle de travailleurs sociaux zélés à me couper les ailes... "Votre projet professionnel n'est pas viable"... Il me reste le Loto pour espérer un semblant de réussite... Que je hais ce mot: Réussite... Il divise l'Humanité en deux catégories : les gagnants et les perdants. Ceux qui ont le pistolet chargé et ceux qui creusent... (C'est pas de moi, ce serait trop beau....)
J'ai fini ma bière... Je vais descendre au PMU local acheter ma part de rêve préfabriqué.... J'aurai peut-être une ristourne à la longue... Qui sait??
Dans l'escalier, je croise mon cher voisin qui ressort de l'usine à hamburgers où il travaille comme manager. Il a sa mine des mauvais jours, autrement dit sa mine de tous les jours... Môssieu me dit bonjour, et essaie de taper la discute. Il m'emmerde... Il me redit qu'il y a du boulot dans son entreprise, baratin habituel du galérien qui veut t'entraîner. "Engagez-vous, rengagez-vous, qu'y disaient" (C'est pas de moi non plus....)
Je lui réponds poliment que je vais y réfléchir sérieusement, dans l'attente d'une réponse pour un nouveau projet (Baratin de chômeur...Chacun son tour). C'est dingue quand même comment les gens veulent ton bien mieux que toi-même... Sidérant !!!
Après m'être débarrassé de Mister Fast-Food avec son teint de sandwich moisi, je me rends au bar PMU. Une cure de réalité bien française, avec RMC en fond sonore... Impossible de faire le distinguo entre les propos des habitués du lieu et les propos des "chroniqueurs" de la radio, c'est une mélodie que je connais bien, non pas que je l'apprécie, mais, bon, on se fait à tout... Je prends un jeu à gratter, ainsi qu'une grille de Loto. J'essaie vaguement de discuter avec la tenancière du bastringue mais elle est occupée. Y a Michou qui réclame son demi, et qui lorgne sur les "miches de la patronne" comme il dit si bien.... La glande crasse...
Du coup, je me tire de cet endroit, et au lieu de rentrer chez moi bien sagement, je décide de me balader un peu... Il y a un parc pas loin, coin idéal pour se ressourcer...
On est en période de vacances. Ça s'entend, les gosses braillent et leurs mères leur braillent dessus de trop brailler. Une autre musique que le PMU toutefois... Déjà, on respire autre chose que des vapeurs d'alcool. Un peu de chlorophylle.... J'aurais aimé faire jardinier mais mes mains voulaient pas... C'est con ça...
Je m'assois sur un banc et j'observe... Je me dis que j'aurais peut-être dû embarquer un bouquin, mais bon, j'ai la flemme de remonter chez moi. Non, le spectacle suffit à ma joie. Les enfants qui jouent sur les aires de jeux, les adolescents qui font leurs deals de shit... Ils se croient discrets ces petits cons, mais j'en ai vu d'autres... Heureusement, fort heureusement, je m'en cogne sévère... Je ne suis pas flic, et si j'étais législateur, j'opterais plutôt pour la légalisation du truc. Quoique ça retirerait du grain à moudre à ces rebelles sans causes...
Je passe un petit quart d'heure dans ce parc, et je bouge. Je me rends dans une librairie où j'ai mes petites habitudes. J'avais même promis au libraire de faire mes premières dédicaces chez lui... Il me demande si j'ai reçu la réponse des éditeurs contactés pour mon manuscrit... Je lui réponds "pas encore". Je mens, non par honte, mais pour avoir la paix... Je feuillette quelques pages par-ci par-là, histoire de m'imprégner de littérature. Un air de culture, pour aérer le cerveau après avoir aéré le corps.
Puis je rentre chez moi, rassasié... Je m'écoute "Birth of the Cool" de Miles Davis sur mon poste, pas mon album préféré, mais très agréable quand même. Relaxant !! Le Jazz (ou "musique classique noire" selon Nina Simone) a un effet antidépresseur sur moi, accompagné d'un petit verre de vin rouge.
Je démarre la cuisson des pâtes, après la cuisson des carottes de mon ambition littéraire, c'est tout ce qui reste dans mon garde-manger... Je vais devoir aller quémander de l'aide alimentaire demain... Mais ce sera un autre jour....