Un truc qui cloche

Charlie

Pas besoin de chercher vraiment loin pour comprendre ce qui clochait. Il suffisait de lever les yeux. De la rue, en bas, on voyait les fêlures des vitres, les rivières sur le verre.

La lumière ne s'allumait que la nuit, et encore. Souvent, ce n'était qu'une vieille bougie qui survivait une nuit de plus. Rien de mieux. Je ne savais pas vraiment pourquoi on se laissait aller au rêve comme ça. Le radiateur ne marchait pas, n'avait jamais marché.

Le vent glacial passait par les minuscules trous des briques, rentrait dans les minuscules trous de nos peaux. Sous une couette blanche et crade, on se serrait pour faire comme si tout allait bien, pour faire comme tout le monde. 

Les gens du dessous passaient leurs journées à parler, à faire des lessives, à être normaux. C'était fatiguant. Et leurs bruits  de vie m'empêchait de fermer les yeux le soir. Alors je regardais les flammes de la bougie qui survivait.

Et je pensais à ma vie d'avant. Je me rêvais un sauvetage, des gens qui m'aimaient, de la chaleur et de l'amour. Je dormais un peu quand même. Parce que quand je me suis réveillée, rien n'avait bougé.

Juste il était froid. Sa peau contre la mienne glaciale comme le vent. Merde. 


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