Une bande de vieux

Hervé Lénervé

Deux vieux sur un banc.

-         Pourquoi un banc ?

-         Parce que les vieux sont toujours assis sur un banc, c'est connu, ça !

-         Si tu le dis ! Remarque, nous, on est vieux et on n'a pas de banc !

-         T'es con ! ou quoi ? On ne va pas se trimbaler un banc de quinze tonnes partout où on va !

-         C'est dommage, car je me serais bien assis maintenant sur un banc !

-         Bon le problème n'est pas là et l'histoire, non plus. Les deux vieux discutent, quand l'un dit à l'autre, à l'autre bien sûr, ils ne sont que deux, aussi, ils ne peuvent pas parler à d'autres absents…

-         Tu pourrais arrêter de te perdre en déviation, ce serait plus clair !

-         On dit « digressions » et pas « déviations » pour l'orale.

-         Oui ! mais là, en attendant c'est de l'écrit qui transcrit de l'orale et puis tu me fais chier, à la fin, si tu ne finis pas ton histoire, je me barre m'asseoir sur un banc !

-         Ok ! alors… où j'en étais déjà… ah, oui… Alors l'un dit toujours à l'autre, pour les raisons que tu connais bien, puisqu'on en …

-         Vas-y, ou je me barre… un banc !

-         Ok ! Il lui dit…

-         Tu vois quand tu veux !

-         Arrête de m'interrompre tout le temps, merde, je vais finir par perdre le fil. En plus tu emmerdes tout le monde, regardes encore deux qui zappent.

-         Je me barre aussi, continue tout seul !

-         Attends ! Alors il dit : « Putain regarde la fille, là-bas !

-         Où ça ?

-         Dans l'histoire, abruti de vieux débris ! Donc, alors il dit ; « Elle vachement gironde la gonzesse, si j'n'avais pas cinquante et un ans de trop, je me la…

-         Pourquoi cinquante et un an ?

-         Putain ! Pourquoi, pourquoi ? Pourquoi, il faut que tu demandes toujours pourquoi ? J'en sais rien, moi, pourquoi cinquante et un an, c'est l'histoire qu'est comme ça et c'est tout !

-         N'empêche que cinquante ans, tout rond, c'était mieux !

-         Mieux pour qui ? Pour toi !

-         Non, pour tout le monde, c'était mieux !

-         Mais tout le monde n'a pas 85 (je les mets en chiffres, les âges car j'en ai marre de tout noter, c'est trop long. Remarquez que j'ai perdu encore plus d'énergie à préciser ma flemme qu'à… et puis, vous m'avez compris ! Charles !), comme toi, vieux débris !

-         J'm'barre-banc !

-         Ah, non là, ce n'était pas moi ! c'était l'auteur qui débloque. Tiens, il vient de perdre encore 5 lecteurs, bien fait pour lui !

-         C'est dommage 2 + 5 = 6, il n'en avait jamais eu autant !

-         Et quand je pense que tu m'emmerdais pour 50 et 1 ans ! Bon, je vais pouvoir peut-être la finir, mon histoire ? Alors et redonc, Le deuxième vieux, puisque je te rappelle qu'ils sont 1 + 1 = 2, ça va, tu suis !

-         Bien sûr, je suis puisque je souffre d'être debout !

-         Admettons, car ça m'entraînerait trop loin. Tridonc, le second vieux dit ! «  C'est ma petite fille ! »

-         Merde ! La gaffe ! Il a dû être drôlement gêné, le premier 1 vieux sur les 6.

-         Pas du tout, il lui a répondu. « oh, excuse-moi, mes yeux ne sont plus ce qu'ils étaient. Puis, tu l'as connais beaucoup mieux que moi,

- Quoi ? L'histoire ?

- Mais non, vieux débris, je continue : "tu dois avoir certainement raison, elle n'était pas terrible du tout, un vrai boudin, un véritable gravas, un thon comme disait les anciens jeunes, je ne sais pas ce que disent, aujourd'hui, les nouveaux, enfin un réel laid'ron, digne de ses géniteurs sur 2 générations !"

-         Et ce devrait être drôle ?

-         Ça dépend pour qui !

-         Elle est débile ton histoire !

-         Allez, vient, on va s'asseoir sur notre banc, tu me fatigues, à la fin !

-         Ça me va et ça tombe bien, car c'est la FIN, aussi.

Enfin !

Signaler ce texte