Une histoire de tente

arthur-roubignolle

Une histoire de tente



L'autre jour, et malgré le mauvais temps, j'ai sorti de l'armoire ma vieille tente toute fripée et je suis parti faire du campinge

Cette tente, c'était un oncle qui me l'avait offerte, juste avant sa mort. (pas la mort de la tente, mais la mort de l'oncle bien sur.)

Un oncle canadien, originaire de Gaspésie, et qui adorait camper.

Il campait avec ma tante, (qui n'était pas canadienne mais berrichonne). J'ai des photos d'eux ou on les voit, droits, campés fièrement, bras croisés, devant leur tente.

La tente quand à elle était d'origine incertaine, peut-être française...

Ce qui est sur, c'est que ma tante n'avait pas de tente à elle, et cette tente canadienne (bien que peut-être d'origine française) appartenait bien à mon oncle et uniquement à lui. Il en était jaloux de cette tente, et parfois l'on se demandait qui il préférait, sa tente ou ma tante ?

J'ai du racheter des piquets pour elle (pour la tente bien sur, pas pour ma tante) parce qu' un jour, dans un camping mal-famé, on me piqua mes piquets.

Pas de regrets, ces piquets étaient durs à piquer, il fallait un gros maillet en fer pour les enfoncer.

Mon oncle et ma tante partaient souvent en camping sauvage avec leur tente. Ils n'aimaient pas les camping organisés. « Ce sont des sauvages dans ces campings ! » disait mon oncle (d'Amérique).

Il se plaignait aussi qu'on y fasse toujours la queue, aux toilettes, à la buvette, aux locations de trottinettes.

Il disait : « Dans les campings, faut être patient car on y est toujours dans l'attente ! ».


Moi non plus ça ne me tente pas les campings, je préfère planter ma tente dans des coins tranquilles. Mais un jour, croyant avoir trouvé un coin peinard, très joli avec pleins de buissons partout, au soir tombé et à peine ma tente montée, mon coin fut envahi par des hommes qui rodaient. Visiblement ils cherchaient quelque chose. C'était louche !

Et soudain je compris que j'avais planté ma tente en plein milieu d'un rendez-vous de tantes !

Comme j'avais un peu peur de me faire monter par une tante, (bien que la chose fut tentante), j'ai démonté la mienne aussitôt. Il n'était pas question qu'une tante m'accule ! (et qu'elle me macule par la même occasion).


Pour en revenir à mon oncle, qui n'avait rien d'une tante puisqu'il mesurait 1,90 pour 110 kilos et qu'il était bûcheron (un métier assez banal au Quebec...). Lorsqu'on discutait ensemble, il restait souvent campé sur ses positions. Y avait pas moyen de l'acculer...


J'ai été camper une fois avec mon oncle et ma tante, au Quebec oui. Mon oncle m'entraîna à la recherche de bois pour faire un feu. Je m'inquiétais de laisser seule ma tante dans cet endroit désert, avec tous ses ours alentours. Mon oncle me dit « T'inquiète petit, ta tante est en attente dans la tente, allons z-y ! ».

C'étaient de braves gens.

A leur mort (paix à leur âme!). J'héritais de leur tente.

Mais je dois vous avouer que j'hésite à utiliser cette tente.

Et la raison en est que ma tente est hantée !

Croyez-moi ou pas, mais le fantôme de ma tante rôde dans ma tente...

Et c'est devenue une tente fort inquiétante...

Je crois que je vais m'acheter un tente Quechua, vous savez, ces tentes qui se déplient en cinq secondes et que tu met trois heures vingt à replier....

Mais je n'aime pas trop ces tentes que j'estime être des tentes hâtives pour campeurs pressés...

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