Une odeur de pluie(Extrait)

milton-edouard

Antibio d'un songwriter français vivant: milton-édouard Editions Maia, en précommande

                    1.L'être dans, l'être vers.

Comment passe-t-on d'auditeur à auteur? D'imitateur à chanteur. En articulant silencieux devant une fenêtre quand les lumières de la ville en font un miroir. La nuit où tu croises ton reflet en pleine imitation d'un chanteur français, le mal est fait. — Cette nuit-là je me lève sans le moindre atout, dans le plus simple appareil: net, flou. Un œil sur le flacon d'où s'écoule le sable, la goutte sur mon front reste instable...

Le premier couplet de Simple appareil, écrit haletant, revisité mélodiquement ne veut plus rien taire. Il m'apprend définitivement que la mélancolie joue un rôle fondamental dans l'avenir du songwriter colocataire. Les textes des chansons que j'apprends, écris, prennent part à ma réflexion, orientent mes choix. Je développe une pathologie singulière. J'entends des paroles, paroles, paroles, trouble obsessionneldu chanteur, TOC.

Jeune adolescent, Les années quatre-vingt commencent, de Michel Jonasz tourne sur ma chaîne haute-fidélité. - C'est pour descendre un peu de la toupie qui tourne l'aiguille- miaule-t-il - Dans l'horloge mettre des cailloux- J'ai entendu les premières mesures chez Jean-Louis Foulquier sur France Inter. Puis chez Bernard Lenoir j'ai hurlé Sixty eight Gun! The Alarm. Là, c'est un vinyle de Gérard Manset qui bourgeonne sous une feuille griffonnée: La mer n'a pas cessé de descendre. Y'a plus rien sur le fil que tu tires… Un mot vibrant puis un autre, superposé au sien. Une strophe doublée sur ses épaules. J'y suis presque. Copier les informations qui deviennent des “mèmes” puis les transformer en commettant des erreurs, des combinaisons auditives. Les scéances s'enchaînent. Les vus-mètre de l'ampli oscillent. Je vais entrer et regarder dedans. Tu fermes les yeux et toutes tes coutures, avant de partir vers une planète habitée. De l'incovénient d'être né dans la confiture, une folle envie d'aller se rhabiller. Fin de la face B. Pas d'applaudissement. Seul le craquement familier du bras de la platine quand il revient à sa position initiale. Encore une fois. Allez! Une dernière, la cent huitième. Un bassiste me dit un jour devant une bouche de métro: Un songwriter commence où les autres abandonnent!

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