Mon île, la Réunion, mille paysages ! Des montagnes aux volcans, des volcans à la mer, on danse le Maloya depuis l'esclavage aboli.
Elle avait mis sa robe couleur rouge litchis,
Qu'elle tenait par les deux bouts en marchant.
Elle avait rendez-vous place Saint-Denis,
Une soirée créole sous les flamboyants.
Il marchait bien droit, le Kayamb à la main,
Une bertelle en vacoa bien tressée sur le dos.
Il sentait la canne à sucre et la bière Dodo,
Paré pour la fête jusqu'à dimanche matin.
Sa robe virevoltait au son des instruments,
Des cris s'élevaient dans la foule exaltée.
Son dos se courbait dans l'élan par moments,
Lui jouaient son bonheur, le Maloya réunionnais.
Elle dansait sourire aux lèvres, les yeux fermés,
Comme si la danse en elle était innée.
Autour d'elle, jeunes et vieux l'accompagnaient,
Le Maloya affaire de tous, l'affaire d'un peuple métissé.
Nous étions le 20 décembre, un soir d'été,
Date où l'esclavage fut aboli bien après
Une longue période de douleur et de discrimination,
Une longue période de malheur et d'abomination.
Les reflets rouges du flamboyant sur leur front en sueur,
On transpirait le sang de la servitude.
Dans un rythme effréné où le temps n'avait plus d'heure,
Ils laissaient sur la place les peurs d'une période rude.
Le soleil levé, on rentrait en calèche, en charrette,
Les plus modernes eux démarraient leurs voitures.
Peuple de couleurs, mélange de nations, mais une seule culture,
La Réunion, île exquise, un Maloya que personne ne regrette.