V pour Vendetta.

daniel-m

« Les peuples ne devraient pas craindre leur gouvernement, c’est le gouvernement qui devrait craindre le peuple… » (V)


V pour Vendetta est à l'origine une BD, ou « comics » pour la version américaine si l'on veut et ce, en six volumes siouplait. Réalisée de 1989 à 1990 par Alan Moore pour le scénario et David Lloyd pour les dessins. Les frangins Wachowski entreprennent rapidement une première ébauche pour le cinéma, mais se consacrent finalement à la trilogie Matrix, dont personne d'ailleurs ne se souvient :o). V pour Vendetta voit tout de même le jour, après le succès de la fameuse trilogie. Fidèles aux thèmes de BD,  nos deux frangins (aujourd'hui frangines) condensent en 130 mn l'essentiel de l'œuvre…

 

 

Dans les années 80, une guerre mondiale éclate. La plupart des grandes puissances sont anéanties par des armes nucléaires. L'île de la Grande Bretagne est épargnée par les bombardements, mais pas par le chaos, les inondations et les dérèglements climatiques. Après cette « apocalypse » un nouveau parti politique prend en main le pouvoir et tente de rétablir l'ordre après une épuration ethnique, politique et sociale sans concessions. C'est ce que nous raconte la BD, dans le film, tout cela est plutôt … suggéré.

 

Evey Hammond (superbement interprétée par Nathalie Portman) est une jeune femme discrète et effacée. Elle rencontre V par hasard, le soir où il lui sauve la vie. Dans cette société austère qu'est cette « nouvelle » dictature, V lui apprendra tout au long de l'histoire à redevenir elle-même. A s'assumer et affirmer ses idées, ses convictions les plus profondes, refoulées, étouffées par un gouvernement fasciste et totalitaire. Elle deviendra son disciple, son prolongement.

 

« On peut tuer un homme, mais on ne tue pas une idée »

 

 

V, le personnage principal, est le fruit de ce nouveau dictat de l'apocalypse. Produit par la volonté aveugle d'un dictateur de créer l'homme parfait, sain, obéissant et résigné, il sort des « camps de concentrations » en vainqueur, en symbole. Ce personnage n'est pas un Batman ou un Spiderman, c'est une allégorie. Le corps meurtri et brûlé de V se dissimule derrière un masque qui n'est autre que celui de Guy Fawkes, le plus célèbre membre de la conspiration des poudres. Conspiration qui tenta en 1605 de détruire le parlement britannique. L'homme était mort, mais l'idée de la liberté, de l'homme libre, intègre et vainqueur avait survécue.

 

Nulle envie ici de vous raconter ce film, qui sous ses allures de « comics movie » nous envoie un message fort, « Aucun peuple ne pourra être asservi et aucun dictat n'aura raison de la substantifique moelle de l'espèce humaine, à savoir la liberté de penser, la liberté de croire, le droit à la différence et à la tolérance. La liberté individuelle !!! »

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L'avis du spectateur Lambda…

 

Ne cherchez pas un homme chauve souris ou des araignées au plafond ici. Ce V pour Vendetta est un comics bien particulier qui, orchestré d'une main de maître par les frères (sœurs) Wachowski est le reflet fidèle d'une BD qui se voulait être un pamphlet sur les thèmes de la société idéale, de l'anarchisme, de la manipulation par les médias, l'abolition des religions et de toutes croyances, de la corruption et de la destruction de l'humain en tant que tel et du savoir transmis, au nom de la soumission.

 

La ‘V'engeance est un plat qui se mange froid et les images souvent fortes et toujours bien filmées, en sont un témoignage tout aussi fort. La violence y est toujours présente ou omniprésente, sous toutes ses formes, mais elle n'est jamais gratuite. Certaines scènes feraient pâlir de honte un « Gladiator » de Ridley Scott ou un « Braveheart » de Mel Gibson. Les scènes de « boucherie » tournées en arrêt sur image à l'instar d'un Matrix sont probablement prétextes à se faire plaisir et à assouvir les délires cinématographiques des frères (sœurs) Wachowski. Les effets spéciaux sont plutôt rares et ne servent qu'à appuyer la force de conviction qui émane des protagonistes de l'œuvre. Ben oui, s'affirmer demande toujours un don de soi. Paradoxalement, ce film devrait être projeté dans toutes les salles de troisième, juste après « Nacht und nebel ».

 

Un film presque caricatural sur un sujet fort, à savoir, la fragilité des dictatures et des régimes totalitaires, face a un peuple soumis qui attend son heure ou son héros, pour se « Venger » et s'affirmer face à ses tortionnaires. Le biais du « comics » est ici bigrement efficace et les messages passent, si l'on accepte de regarder ce film entre les images mais pas entre les messages. Pour moi un immense chef d'œuvre d'ores et déjà et un film culte.

 

 

 « Les peuples ne devraient pas craindre leur gouvernement, c'est le gouvernement qui devrait craindre le peuple… » (V)

 

 

 « L'autorité n'admet que deux rôles : le bourreau et la victime, transforme les gens en poupées qui ne connaissent plus que peur et haine, tandis que la culture plonge dans les abysses. L'autorité déforme ses enfants et change leur amour en un combat de coq… L'effondrement de l'autorité aura des répercussions sur le bourreau, l'église et l'école. Tout est lié. L'égalité et la liberté ne sont pas des luxes que l'on écarte impunément. Sans ceux-ci, l'ordre ne peut survivre longtemps sans se rapprocher de profondeurs inimaginables… »

 

Conclusion…

 

Ce film est un des films les plus forts de la dernière décennie. Il gagnerait à être plus connu. Achetez, téléchargez illégalement ou louez ce film, mais surtout, regardez le en laissant de côté les cacahuètes et le coca, enclenchez votre cerveau, un trésor est peut être caché dedans … certainement. Et, bien entendu, toutes ressemblances avec des faits réels et actuels seraient purement fortuites. Comme d'hab'.

 

 

PS : La France où un jeune dictateur en herbe essaye actuellement de convaincre ~ 50 millions d'assistés, n'est pas encore concernée par ce long métrage remarquable !

  • Merci pour tes conseils !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • De rien. Merci de ta lecture :o)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • Moore n'était pas vraiment content de l'adaptation cinématographique de son oeuvre, qu'il jugeait comme"une caricature idiote", de son récit. il n'aurait d'ailleurs rien perçu en droits sur ce film...

    · Il y a plus de 6 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

    • S.King n'a jamais apprécié la version cinoche de "Shining" non plus :o) ... et pourtant !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • https://youtu.be/gTghUoScGO8

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

    • :o) Mouhahahahahahaaaaaa (bien vu !)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Vous avez mon cher M laqualitè de vous effacer quasi totalement pour écrire sur des sujets divers et variés ce qui est une qualité rare ici. Bravo.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Merci, cela me touche. Cela dit, je ne m'efface pas, je profite du site pour parler de ce que j'aime et connais en essayant de le partager. Pourquoi parlerais je de moi ? Personne ne me connait :o)))

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

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