Variation sur la petite conne

Elle me racontait qu'elle était là comme ça, à fumer ses mauvaises cigarettes sur le canapé d'Olivier. Bien sûr elle était un peu cachetonnée et buvait du petit vin. Je trouvais son histoire pathétique et les motifs de sa détresse dérisoires. Elle avait trompé ou quitté Olivier, sans que je ne sache vraiment dans quel ordre, avec un certain Philippe, ami d'Olivier, lui aussi prof. J'ignore par contre s'ils enseignent au même endroit, mais le vice c'est comme la vis et le tournevis. Je ne pouvais m'empêcher de me dire que c'était une salope dans le fond. Pas que je ne l'apprécie pas, je suis un homme d'ambiguïté, ayant déjà aimé maints de mes bourreaux par ailleurs. Tiens, ma mère tousse. Oui, elle s'est levée il y a quelques minutes maintenant. Douce et amère mère. Revenons à nos moutons, et cornus s'il vous plaît. Des boucs que tous ceux-là. Aude ! Petite garce. Tu ne connais rien, tu te donnes des airs, un genre, et tu crois que la fréquentation d'hommes mûrs te valorise ! Tout ça, c'est pour alimenter ton délire. Tu sais à quoi il me fait penser ton délire ? Une petite fille qui joue la grande, qui veut échapper à son âge, parce que les motifs de son âge lui paraissent trop vulgaires. Tu veux t'installer sur le toit de l'école avec tes vieux, pour regarder d'en haut la cour où se jouent des vies, des vies jeunes qui t'écœurent.

Pourquoi toujours des profs ? Peut-être un simple hasard, ou bien par logique, parce que les profs fréquentent plus souvent de jeunes gens, et ils sont plus à même de développer un vice qui s'imbrique au tien. Prof, bourgeois, des choses à t'apprendre, une vie confortable et ennuyeuse, comme toi. C'est ce qui m'a frappé quand je t'ai vu. Tu puais l'ennui. La poussière. C'est comme si tu étais déjà périmée. Belle petite foutue va. Qu'est-ce que tu vas devenir ? Peut-être que ça va te passer, puis alors quand tu seras vieille tu courras avec les jeunes, et que toute ta vie comme ça, tu la passeras à rebours, sublime marginale, folle, folle, folle !