Viens, on se casse

chachalou

" Petit frère, viens avec moi, t'sais quoi... on s'en va. "

 

Je ne sais pas toi mais je sens comme un goût amer d'oppression ici. Comme si l'on nous brûlait lentement les deux poumons avec une progression scolaire, en nous disant simplement que les polluants, non, n'ont aucun effet sur nos corps de jeunes gens. 

Je ne sais pas toi mais j'en ai marre d'être stressé ou anéantie par ce Monde actuel, nos réseaux sociaux, notre vie qui va trop vite et nos engagements constants, professionnels ou personnels. Comme si au final, la seule et unique chose qui intéressaient les gens, c'était le travail. 

Je ne sais pas toi mais je me sens à l'étroit entre les toits des immeubles et sur les trottoirs bondés des villes, où nous nous mentons constamment à nous-même, histoire de fatalement l'accepter : accepter cette monotonie, cette routine TGV, cette Vie que l'on ne prend même plus le temps de regarder, ou d'admirer

Je ne sais pas toi mais l'air vif, l'air frais et les matinées d'été passées en polaires dans les Montagnes me manquent. Comme si en ville, la chaleur du goudron et le Soleil tapant dessus avait pour objectif seul de nous servir de radiateur toute l'année et que de ce confort, l'on ne saurait s'en priver... 

Oui, j'ai besoin de partir dans les Monts, les collines, les crêtes et les arrêtes, les Pics saillants, les Lacs secrets et les déserts presque arides des hautes altitudes. Oui, j'ai besoin de sentir encore l'odeur des fleurs, de la nature, des champs et d'entendre le clapotis des ruisseaux sauvages entre mes jambes lorsque je marche. J'ai besoin de sauter de pierres en pierres et de cascader ainsi, priant pour garder l'équilibre, à moins de me vautrer dans les herbes hautes et jamais coupées, au milieu des araignées, des serpents, des petites bêtes inoffensives mais qu'en ville, l'on blâme tant. 

J'ai besoin de profiter de chaque bouffée d'oxygène et revenir le soir à ma planque pour passer la nuit, les joues roses et les yeux pétillants de fatigue et de joie. Parce que ce mélange-là, je veux le vivre encore des milliers de fois !

Oui, j'ai cette envie de trouver le Monde Beau encore une fois. Une fois, une seule ou même plusieurs. Voir que notre Terre est belle. Savoir qu'elle peut même être Magique par certains côtés, lorsque tu t'extasies devant une fourmilières, deux papillons et trois bourdons... Il n'y a pas de raisons, tu me diras ! Mais peut-être juste que le Naturel maintenant nous paraît trop lointain, trop étranger et que nos rires se perdent à la vue de ces quelques fragments anciens, bien avant notre humanité... Tu reconnais des pierres précieuses et d'autres que tu jugeras magnifiques. Tu prends des ardoises dans tes mains. Des cristaux. Des métaux. Et des roches volcaniques... Tu vois des méandres dans les hautes montagnes, terrains accessibles parfois, tandis que d'autres, franchement pas. Car la Montagne est Belle mais traîtresse et qu'elle reprend toujours ses droits.

Alors, je ne sais pas toi. Mais moi, j'ai besoin qu'une Nature auprès de moi, m'impose ses lois. J'ai besoin d'être cadrée par Elle et de vivre à son rythme. J'ai envie que la Ville ne me dicte plus mes pas, soirs et matins, mes opportunités, mes possibilités multiples et variées. Oui, petit frère, je sais pas toi... 

Mais moi, j'ai envie de vivre en Simplicité. 

Alors vas-y, viens, on se casse de ce Monde nul à en pleurer. 

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