Villes de montagne

J'aime les villes de montagne, celles où la température de l'air frise le 0 degré, où l'on s'enrobe de châles et de pulls pour aller en balade le dimanche après-midi. Les arbres sont secs de froid, la neige dure comme la pierre, les marrons fendus par les pas des promeneurs. Quand on rentre dans les maisons, les pantoufles en laine nous attendent patiemment à l'entrée,  on prépare vite un chocolat ou thé, on réchauffe le gâteau confectionné la veille. Ah qu'on est bien auprès du feu, on a envie de se faire dorloter, alors on raconte des bêtises, des gentillesses, le chat miaule parce qu'on l'oublie mais nous on rie, il ne comprends pas pourquoi. Ici les toits des maisons sont en lauze et pentus pour que la neige glisse et ne pèse pas dessus. Tout est prévu, étudié pour que rien ne soit laissé au hasard, en montagne, la vie est rude. Les écoliers font des surprises avec du houx et du sapin pour Noël, de la neige en polystyrène et du gui pour la nouvelle année. On reçoit les étrennes par la poste de minuit, puis l'on s'endort content et tout chaud. Dans notre paradis on est bien, on est tout douillet, on a envie d'être gentil et aimable. Quand vient le dimanche soir on s'endort avec une douce musique, la mélodie du bonheur, je crois bien que je l'ai chantée dix milles fois, à mon petit-frère. A six ans, petit bonhomme seul dans son lit, il s'endormait enfin comme un bienheureux, et moi je filais dans mon lit à la recherche de mes rêves de conquérant.