Visite nocturne au Louvre

rechab

art - variation sur Ingres de Ernest Pignon-Ernest ( expo du Palais des Papes, Avignon )

C'était le reflet furtif, des rais rapides sur le sol
Des points de lumière mouvants, les lucioles épaisses
Qui virevoltaient et s'écrasaient sur les pieds, des visages
Blancs
Blancs d'une vie arrêtée dans la pierre
Noirs d'une vie coulée dans le bronze
Cet enchantement nous décrivait cette balade nocturne,
le blanc, le noir alternativement
et quelquefois un trait de couleur -    c'était un doré juxtaposé à un bleu profond
La grâce d'une main retournée,       d'un voile soulevé,      et d'un visage poupin

Puis les contre-jours mobiles          poursuivaient leur quête,
Vaguement inquiets qu'aux gestes suspendus, la vie ne revienne
derrière leur passage.
Qu'au labyrinthe posé                 ne se cache le faune.
Et rassurés de la présence lointaine d'autres lucioles
Dans l'enfilée des salles, et du parquet à chevrons qui grince,
et du marbre claquant sous les escarpins.

Sans s'attarder , du neutre cartel explicatif, à une signature pâteuse,
La Diane baroque, suivait notre passage, d'un regard pas tout à fait gris
                                           Peut-être.
L'aube était loin, l'art était une surprise, une marche d'obstacles
Une source close d'étoiles,                  en élans contenus.
Du solennel en douceur de marbre,       j'aurais pu souligner la courbe d'une jambe,
La douceur d'une joue, la rudesse       d'une glaise de métal.

Pourtant, de notre passage,       il fallait laisser au jour, aux gardiens somnolents,
La pâte fougueuse des Delacroix éteints,
La généalogie des portraits flamands qui chuchotent
En silence,         le temps des étoffes précieuses et batailles lointaines.
Aux amateurs indiscrets, les heures sanglantes de Judith et d' Holopherne
Et la lumière tranchante du Caravage, revenue à la nuit

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