Voir le monde

De ma lucarne voir le monde comment il est, m'échapper de ma chambre de bonne et défrayer la chronique, être l'ennemi numéro un, non bien sûr, contourner les lois de manière légale avec aisance, je ne suis pas une sans foi, ni lois, une sans toit ni lois, mais j'ai toujours cette envie de partir, de f... le camp, et de m'éveiller dans un ailleurs inconnu à découvrir. Tant pis si je passe mon chemin,  m'installer très peu pour moi, je préfère parcourir les chemins, flâner dans les allées bordés d'arbres. Dormir la nuit dans un gîte, me la jouer vagabonde fortunée, je ne suis pas une héroïne comme dans Les amants du pont neuf, mon personnage est celui d'une petite souris que personne ne remarque, ça me va, je tiens à ma tranquillité, c'est mieux pour voyager. 

De ma lucarne voir le monde comment il est... M'infiltrer dans un parc, une foule hétérogène, faire partie de ces inconnus qui passent, affairés ou oisifs comme les oiseaux qui sautillent sous les arbres, les buissons. Voir les lumières de la ville s'éclairer, chaud réconfort en mon âme esseulée, m'offrir le plaisir d'une pizza margherita, d'une bière rousse qui m'emmène en Irlande, au Québec. J'ai un aller pour plusieurs destinations en même temps, je voyage en silence, dans le battement de mon coeur qui s'emballe face aux coquettes maisons de ville et les fontaines sur les places où jouent de charmants musiciens.