Zone sismique

Christian Lemoine

Ce pourrait être un lieu de vie plaisant ou simplement vivable. Combien cependant ne se sont-ils pas étonnés qu'on y puisse vivre encore ! Voyez-vous, c'est si bon et paisible, lorsqu'elle-même la Terre est apaisée, sereine. Entre deux séismes, elle offre tant de fleurs, de paysages vrais, et combien elle nourrit. Ce pourrait être une sorte d'éden, jailli du profond des magmas chamboulés et vomis par les fissures brûlantes. Le feu des enfers craché au ciel, vitupérations des satans arrogants vers le vide sidéral. Et la Terre tremble, et se soulève, et se craquelle, et se divise, et jette à bas les hommes et les choses, les maisons et les êtres, tout cela n'étant plus que masse confuse et bouillie et charnier et débris. Ce pourrait être la terreur des abîmes en soulèvements de serpent dans les entrailles du sol bouffi. Ce pays-là, on y pourrait vivre, on y pourrait mourir aussi. Et des hommes pourraient s'y enraciner, quitte à voir leurs racines tournées vers le ciel indifférent. Et voilà qu'un homme y vit peut-être, et souffre des tremblements furieux du sol, et cherche alors comment il pourrait les fuir. Non, pas les fuir ! Cette terre est lui. Il n'est de vie pour lui que de ce sol dont il est né. L'homme ne chercherait pas d'autre lieu pour sa chance. Il n'implorerait de sa terre-mère, d'où surgit un jour son corps-né, que l'apaisement enfin, et de vivre en ce lieu sans plus craindre les séismes qui ravinent sa chair.

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