Portrait d'auteur #13 : découvrez Sandrine Campese !

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Bonjour à tous.

Après vous avoir donné ses précieux conseils d'écriture dans son article On est-il un con ?, Sandrine Campese revient aujourd'hui pour répondre à nos questions !

Sudiste dans l’âme, cette marseillaise expatriée à Paris a d’abord travaillé comme consultante en agences de communication avant de laisser libre cours à sa passion : la langue française. Elle est désormais blogueuse indépendante et auteur d’ouvrages décalés et humoristiques sur l’orthographe et l’origine des mots qui font notre quotidien.

- Comment as-tu découvert WeLoveWords?

C’est une ancienne camarade de Science Po Aix retrouvée à Paris qui m’a fait découvrir cette communauté d’auteurs.

- Quelle place a l'écriture dans ta vie ?

Je passe ma vie à écrire ! À peine réveillée et encore dans mon lit, je prends mon ordi pour écrire, et je continue le soir très tard. Il n’y a pas que les manuscrits de mes livres, il y a surtout la rédaction quotidienne d’articles et de billets sur différents sujets. Parfois, je me dis qu’il faudrait que je lève le pied et que m’accorde des jours « off », où je n’écris pas. Mais je n’y arrive pas, c’est devenu une drogue !

- Tu es auteur, peux-tu nous parler de tes livres ? Et surtout de ton dernier livre ?

À l’origine de ma petite aventure littéraire, il y a un blog dédié au français, « La plume à poil », lancé fin 2011. Une de mes rubriques, intitulée « Orthotweet », dans laquelle j’expliquais des règles d’orthographe en moins de 140 caractères, a attiré l’attention d’un éditeur. Moins d’un an après, le livre Orthotweet paraissait en librairie, suivi de Monsieur le président, je vous écris aujourd’hui, enquête compilant les meilleurs courriers adressés aux présidents Sarkozy et Hollande. Mon nouveau livre, 99 dessins pour ne plus faire de fautes, est une méthode qui recourt à la mémoire visuelle pour retenir l’orthographe de nombreux mots. Le prochain, Zéro faute grâce au cinéma, qui s’appuie sur des titres de séries et de films pour expliquer des règles de français, sortira au mois de mai.

- Comment s’est passé le processus d’édition?

Mes quatre livres ont été publiés aux Éditions de l’Opportun, une petite maison dynamique qui fait la part belle aux ouvrages sur le français, mais aussi à la politique, à la société, à l’histoire. Les thèmes abordés sont souvent traités avec originalité et humour. Après signature du contrat, je dispose, en général, d’un délai de 2 à 3 mois pour remettre mon manuscrit. La pression monte les derniers jours car, par définition, un manuscrit peut toujours être corrigé et complété. Il faut savoir mettre le point final et s’en séparer, « lâcher le bébé », comme dit mon éditeur.

- As-tu déjà vécu le supplice de la page blanche alors que tu avais une deadline ?

Le supplice de la page blanche, pas vraiment. Ce serait peut-être le cas si j’écrivais des romans, qui nécessitent d’inventer une histoire de toutes pièces. En revanche, mes ouvrages me demandent de nombreuses recherches. Lorsqu’on touche à un domaine aussi sacré que le français, l’erreur n’est pas permise. Je passe donc un temps fou à vérifier les orthographes et les étymologies. Côté rédaction, il m’est bien entendu arrivé de connaître des moments « sans ». La fatigue s’installe, le cerveau déconnecte et « les mots n’arrivent pas aisément », pour paraphraser Boileau. Dans ce cas, il vaut mieux s’arrêter et faire une autre activité, prendre l’air… S’acharner ne sert à rien. Heureusement qu’à d’autres moments, les mots se bousculent et que « ça fuse » !

- Quels conseils aurais-tu à donner à nos auteurs qui veulent se lancer ?

Tout dépend si l’on souhaite écrire pour « soi » ou pour être publié. La publication (par une maison d’édition) répond à des logiques marketing et commerciales, qu’il est parfois difficile de concilier avec une démarche artistique et créative. Rappelons que 70 000 livres sortent chaque année en France. Comment faire sa place au sein d’une telle offre ? Avant de prendre la plume, l’auteur doit se poser une seule question : pourquoi ? Qu’a-t-il à raconter ? En quoi est-ce digne d’intérêt ? Différent ? Original ? Est-ce que cette histoire est susceptible de plaire à d’autres personnes ? Certains écrits (autobiographiques, pour la plupart) sont de simples exutoires qui nous font du bien, flattent notre égo, mais n’ont pas de vocation universelle ! Une fois que vous avez écrit, il ne faut pas se contenter de montrer le manuscrit à votre entourage (vos parents, conjoints et amis trouveront forcément que ce que vous écrivez est « super » !), mais à des professionnels qui donneront une critique objective. Certaines maisons d’éditions mettent un point d’honneur à donner des arguments justifiant leur refus. Enfin, ne jamais se décourager si un éditeur vous envoie paître, conformément à la « jurisprudence J. K. Rowling », mais ne pas hésiter à se remettre en question et à remanier son manuscrit au gré des critiques reçues.

- Pour toi, quel est le futur du texte ?

Internet a remis l’écrit au centre de toutes nos communications, grâce aux mails, mais aussi aux plateformes de publication où chacun peut s’exprimer et aux commentaires laissés sur les réseaux sociaux. Désormais, il est possible d’éditer soi-même son livre, en ligne et même sur papier. Mais le revers de cette « démocratisation » est sans nul doute une augmentation du niveau d’exigence des maisons d’édition traditionnelles. À ce jour, avoir un éditeur reste un gage de crédibilité et d’efficacité puisqu’au-delà de « l’édition » du livre à proprement parler, il prend en charge sa distribution et sa promotion.

Auteur du blog La plume à poil et des livres Orthotweet, Monsieur le président, je vous écris aujourd'hui, 99 dessins pour ne plus faire de fautes, parus aux Éditions de l’Opportun.

Vous pouvez suivre Sandrine sur son twitter @laplumeapoil

- Découvrez la vidéo de son dernier livre :

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