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My Martin

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Roman Opałka 1931-2011  

Peintre français d'origine polonaise 

Art conceptuel 

 

 

27 août 1931. Famille pauvre originaire de Pologne. Roman Opalka naît à Hocquincourt (Somme ouest. A 13 km au sud d'Abbeville). Père, mineur de charbon 

1935. La crise incite ses parents à retourner en Pologne 

Vie difficile. Le père est au chômage. Mobilisé en 1939 

 

1er septembre 1939. Pologne occupée 

1940. Roman a neuf ans. La famille est emprisonnée 

 

1946. Retour définitif en Pologne. L'Armée Rouge les « attend » 

 

 

Pologne. Allemagne. États-Unis 

 

1976 (45 ans). Rencontre Marie-Madeleine Gazeau -seconde épouse 

Douce, blanche, brune, rieuse, dionysiaque. « Un amour avant l'amour » 

 

1977-2006. Installation en France (Paris) 

Lot-et-Garonne. Manoir-forteresse de Bazérac -à 12 km de Fumel sud-est. Près du Quercy. Atelier à Thézac 

 

2006 (75 ans). Pays de la Loire. Sarthe. Bois-Mauclair -à 24 km du Mans nord. Ancienne grange dîmière, plusieurs corps de ferme. L'atelier est situé dans l'un des bâtiments -150 m2 

Espace et architecture, sérénité et bonheur  

 

 

« La science manipule les choses et renonce à les habiter »  

 

1965. L'atelier dans la pénombre ; au centre, la toile éclairée 

Roman Opalka (34 ans) commence "sa connerie"  

 

Première toile numérotée de la série. Détail. Opalka 1965 / 1 - ∞ 

Toile noire, peinture blanche 

 

Le chiffre 1 

Chaque jour, sur une toile de taille identique, à la peinture blanche, il inscrit la suite des nombres entiers 

Pinceau taille 0. Les chiffres mesurent 5 mm de haut  

 

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Le fond des premières toiles est noir 

1972. Au noir du fond, le peintre (41 ans) ajoute une touche (1%) de blanc 

 

77 ans. « Depuis 2008, je peins en blanc sur fond blanc, ce que j'appelle le "blanc mérité" » 

 

Lorsqu'il n'est pas dans son atelier -voyage, maladie il inscrit la suite des nombres sur des feuilles blanches A4. "Les cartes de voyage" ; par la suite, réunies en carnets 

 

 

"Après chaque séance de travail dans mon atelier, je prends la photographie de mon visage devant le Détail en cours" 

 

"Chez moi, la tête est un outil, une manière de mettre le diable dans la bouteille, de voir comment le temps sculpte cette image" 

 

Lumière obtenue à l'aide d'un parasol Reflex. Appareil allemand Exalta 

Chemise blanche, dos à la toile en cours 

 

Visage allongé 

Pommettes hautes. Joues barrées verticalement 

Les paupières tombent sur les pupilles. Bouche fermée 

Au cou, autour de la bouche, les rides se creusent  

Les cheveux blanchissent. Pour garder la même longueur, la même coiffure, Roman Opalka se coupe lui-même les cheveux  

 

Il vérifie le cadrage dans le rétroviseur installé près de l'appareil. Il déclenche à distance 

 

Milliers de clichés. Le peintre n'en retient que deux cents. Chacun est signé, encadré avec au dos de l'image, une mèche de cheveux 

« Tous les négatifs seront brûlés » 

 

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1968 (38 ans). A haute voix, en polonais. "Chaque Détail s'accompagne d'un enregistrement sur bande magnétique de ma voix prononçant les nombres, pendant que je les inscris" 

 

 

"Je me serais suicidé, si je n'avais pas eu la chance de trouver mon espace-temps, mon repère de valeur. J'ai compris le sens de ma vie, dans le non-sens de mon acte 

 

Quand j'ai posé le chiffre “1”, l'œuvre était déjà là. Déjà finie. Seule la mort pouvait définir l'achèvement de mon œuvre 

Le temps sans la mort, n'existe pas. Une abstraction. Seule la conscience de la mort donne au temps, sa réalité  

La mort, cette conne, est devenue une collaboratrice, un instrument 

J'ai fait un pacte avec elle. Elle m'a donné le sens de la vie. Je lui ai donné la mienne" 

 

 

Samedi 6 août 2011. Vacances en Italie méridionale, Abruzzes 

 

234e Détail 

 

5 607 249 

 

Colline proche de la mer Adriatique. Hôpital de Chieti 

Infection généralisée. Roman Opalka (80 ans) décède  

 

 

Roman Opalka entretenait des liens affectifs et familiaux forts avec Chauvigny -Vienne, 24 km à l'est de Poitiers. La ville de la famille de Marie-Madeleine -décédée en 2011, la même année que le peintre 

 

Sépulture au cimetière de Saint-Pierre-les-Églises, au bord de la Vienne -à 2 km au sud de Chauvigny 

 

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A cet endroit, la voie romaine qui reliait Lemonum (Poitiers) à Avaricum (Bourges), franchissait la Vienne à gué ; petite agglomération, abandonnée au cours du haut Moyen Âge 

L'église est au cœur du cimetière d'origine mérovingienne -sarcophages (VIe-VIIIe siècle) 

Voûtée au XIe siècle, l'abside possède un cycle de fresques qui évoque des épisodes du Nouveau Testament. Datation C14, entre 780 et 980 -l'un des plus anciens ensembles conservés en Europe occidentale 

La Visitation. Le Bain de l'Enfant Jésus. La Chevauchée et l'Adoration des Mages. La Crucifixion. Le Combat entre l'archange saint Michel et la Bête de l'Apocalypse 


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