15 Fortune Cookie
nat28
Demain matin, je m’en tiens à une biscotte beurrée, au lieu de piocher dans le sac de Fortune Cookie… mais pas de temps à perdre, je suis hyper en retard ce matin (je me suis rendormie et j’ai dû camoufler un coup de soleil avec de la Biafine et du fond de teint : voilà ce qu’on gagne à ne pas mettre de crème solaire lorsque les beaux jours reviennent !). J’essaye de me coiffer tant bien que mal dans le métro histoire de ressembler à quelque chose en arrivant au Cabinet. Je monte les escaliers en courant pour pointer à l’heure et je retrouve Marjorie devant la machine à café : elle e a une mine affreuse.
« Aurélie, l’heure est grave. »
Je le savais ! Ces maudits biscuits portent malheur, en fait !
« Tu as eu un redressement fiscal ? »
Ma question plonge ma collègue dans la plus grande perplexité.
« Nooooon… »
Le super dîner avec Colvile, le retour du beau temps, mon appartement tout propre… c’était trop beau, il fallait qu’une catastrophe vienne gâcher tout ça !
« Qui est mort ? »
Marjorie ouvre de grands yeux affolés.
« Mais Aurélie, qu’est-ce que tu me racontes ? »
Je sors le message de mon cookie du petit déjeuner que j’ai fourré dans la poche arrière de mon pantalon.
« Regarde : « Rien n’est certain à part la mort et les impôts ». »
Ma collègue prend un air pathétique, reflet de la pitié qu’elle éprouve pour moi à ce moment précis.
« Aurélie… c’est juste un bout de papier dans un biscuit… »
C’est à mon tour d’afficher mon incompréhension.
« Pourquoi l’heure est grave, alors ? »
« Parce qu’on est lundi… »
« Oui… »
« Et qu’on doit se trouver un nouveau chouchou dans Top Chef. »
Je ne comprends pas… elle le voit et précise son propos.
« Joris est parti, non ? »
Ah, si ! Le drame de lundi dernier me revient en mémoire.
« Alors je propose : Florent. »
« Je valide. »
« Tu viens manger chez moi ? Il me reste encore des trucs de samedi soir et puis on pourra regarder l’émission ensemble. »
« OK, on fait comme ça. »
« Je te laisse, j’ai plein de réunions en extérieur aujourd’hui. A ce soir ! »
Je croise Monsieur Dufour en me rendant dans mon bureau, et il m’attrape par le bras pour m’entraîner dans le local courrier (vide à cette heure de la journée : Kevin a beaucoup de mal à arriver à l’heure le matin, surtout le lundi). A voix basse, il m’expose une situation délicate et me tend un dossier plutôt épais sur lequel est inscrit « Nicolas S. ».
« Le fisc lui est tombé dessus à l’improviste, si vous pouviez vérifier son dossier… rapidement, et discrètement bien sûr. »
« Je m’en occupe immédiatement Monsieur Dufour, vous pouvez compter sur moi. »
Mon patron s’éclipse, et, rongée par la curiosité, j’ouvre le dossier pour vérifier si ce Nicolas S. est LE Nicolas S….
Perdu, s’en est un autre.
Avant de m’attaquer au contrôle fiscal (la voilà, l’intervention des impôts !), je prends rendez-vous dans un centre de formation pour résoudre mon problème capillaire (20€ la coupe et la couleur, ça défie toute concurrence). J’arrive à avoir un créneau pour jeudi, mais il va falloir que je pose une demi-journée de RTT (petit mail à la DRH, zou !). Le dossier du jour est assez simple à traiter (notre nouveau client a une nature inquiète mais il garde tous ses justificatifs et n’oublie pas un centime dans ses déclarations : il ne devrait donc pas être inquiété par le Trésor !). Je vais manger à l’extérieur pour le déjeuner avec quelques collègues (ma deuxième terrasse de l’année) et je boucle mon bilan comptable en fin d’après-midi. Il n’est que 17h30, je vais pouvoir aller me balader un peu dans Paris avant de rentrer.
Je n’aurais pas dû flâner autant, car, en rentrant chez moi, j’ai trouver un petit mot dans ma boîte aux lettres : une élève de 1ere S est intéressée par ma proposition de cours de soutien… en physique-chimie ! La tuile : j’ai eu 10/20 au bac dans cette matière (et parce que j’ai eu beaucoup de chance…), je vais devoir passer ma soirée à réviser !