1945, Bataille de la mer de Chine-Sud

Henry Zaphiratos

LA BATAILLE DE LA MER DE CHINE-SUD

Le Raid naval et aérien US contre Saïgon

et l’Indochine du sud

 

Janvier 1945

                                                        

                                                                     Henry T. Zaphiratos        

                                         Sources US et thèse de Jean-Claude Surleau

 

 

INTRODUCTION

L’invasion japonaise de l’Indochine, précède d'un an le déclenchement de la guerre en Asie-Pacifique.

Le Japon, en guerre contre la Chine depuis 1937, profite de la défaite française en Europe en juin 1940 pour adresser un ultimatum à la France.

Dans un premier temps il demande la fermeture de la frontière nord de l'Indochine et l’interruption de la ligne de chemin de fer entre Haïphong et Yunnanfu, une des voies de ravitaillement de la Chine du sud, puis, les Japonais réclament le droit de passage et de stationnement de leurs troupes au Tonkin.  Le gouvernement américain que l’ambassadeur de France à Washington  (Henry Haye) presse d’intervenir n’entreprend aucune démarche diplomatique énergique pour enrayer les entreprises des Japonais sur l’Indochine, se contentant de réclamer le statu quo. Devant cette impuissance le général Catroux, gouverneur-général, est contraint d’accepter le diktat japonais.

L'amiral Decoux, qui lui succède le 20 juillet 1940, est contraint d'appliquer l'accord passé le 30 août 1940 à Tokyo entre l’ambassadeur de France (Arsène Henry) et le gouvernement japonais. Par cet accord la France « acceptait d’accorder au Tonkin certaines facilités militaires aux forces nippones pour leur permettre de liquider l’Incident de Chine » en échange, le Japon reconnaissait l'intégrité territoriale et la souveraineté française en Indochine.

Les Japonais violent cet accord, le 22 septembre 1940 en attaquant les forces françaises à la frontière du Tonkin. Ils prennent Lang Son après de vifs combats, envahissent le Haut-Tonkin, bombardent Haïphong, débarquent à Do Son et marchent sur Haïphong.

Le 26 septembre 1940 l’empereur du Japon Hiro Hito donne l’ordre aux troupes japonaises de cesser le combat contre les Français. 

Ainsi l'Indochine reste sous l'autorité de la France jusqu'en 1945 et est, pendant cette période, un lieu de stationnement et de passage des troupes de l'Armée impériale japonaise.

Les services secrets militaires et civils français renseigneront les Alliés sur les mouvements des troupes japonaises, et recevront par parachutages armes et radios.

Plus d’un an plus tard,

Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent les Etats-Unis à Pearl Harbour, et aux Philippines, puis le 10 décembre la Grande-Bretagne à Singapour, et coulent le Prince of Wales et le Repulse de la Royal Navy.

La guerre s'étend à toute la zone Asie-Pacifique.

L'Indochine reste à l'écart, étant régie par les accords de septembre 1940, et ceux de juillet 1941 pour le stationnement de l’Armée japonaise en Indochine, accords antérieurs à l'entrée en guerre du Japon contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

 

 

LE RAID DE LA TASK FORCE 38

Opération Gratitude

Janvier 1945

 

Les Japonais considéraient la Mer de Chine du sud, depuis leur  occupation des Philippines en 1942, comme leur sanctuaire.

Le Raid du 12 janvier de la Task Force 38 de l’amiral Halsey détruira ce mythe.

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Faisant suite aux débarquements des Américains (Amiral Nimitz-Général Mac-Arthur) aux Philippines, dans île de Leyte, le  20 décembre 1944, après la victoire navale US de Leyte (Bataille qui s’est déroulée du 23 au 27 octobre 1944) les Japonais se préparent à lancer une contre attaque.

Le 8 janvier 1945, de sa base de Singapour, l’amiral japonais Shima donne l’ordre à la Deuxième Force d’attaque et de Diversion composée des navires Oyodo, Ashiglora, peut-être des Maguro, Ise, Hyuga, de la division de Porte-avions 4, de trois destroyers Asashino, Hatshara, peut-être Kasumi de quitter Singapour le 9 janvier à 15h.31 pour la baie de Cam-Ranh, en prévoyant de refaire le plein en carburant au Cap-Saint-Jacques, le 13 janvier à 11h. Le plan prévoyait que cette flotte devait attendre à Cam Ranh la division de Destroyers 43, composés de trois destroyers de classe Matsu, de 1.000 tonnes.

Le 8 janvier 1945

Les services de renseignement du CINCPAC, l’amiral Nimitz, commandant en chef de la flotte du Pacifique, avisent l’amiral Halsey de la sortie de la Deuxième Flotte japonaise d’Attaque et de Diversion de Singapour et se dirigeant vers la mer de Chine Sud. Ces mêmes services confirment plus tard que l’amiral japonais Shima, est à bord de l’Oyodo.

A 21h. l’amiral  Halsey donne l’ordre à la Task Force 38 de passer par le détroit de Bashi (entre l’île de Formose et les Philippines) et de dresser une embuscade à la Deuxième Force d’Attaque de Diversion japonaise. C’est l’Opération Gratitude.

 

9 janvier 1945

La Task Force 38 appareille le 9 janvier 1945, à 23heures pour prendre en embuscade la Deuxième flotte japonaise d’Attaque et de Diversion, qui, soit se trouvera à Cam Ranh sur la côte indochinoise, soit en route pour Luçon, pour renforcer les troupes japonaises des Philippines.

Le commandant de la 3° Flotte de l’US Navy, l’amiral William Halsey, à bord du NewJersey, assure le commandement tactique des opérations, et se charge de la chasse aux cuirassés-porte-avions japonais, quant au vice-amiral John « Slew »McCain, sur le porte-avions Hancock, il a pour mission la direction les opérations aériennes.

La Task Force 38 est divisée en quatre divisions navales :

1)Task Group 38-1, contre-amiral Arthur Radford, composée de 4 porte-avions : Yorktown, Cowpens Monterey, deux cuirassés quatre croiseurs, de dix-sept destroyers.

2)Task Group 38-2, contre-amiral Gerald F. Bogan, composée de 4 porte-avions Lexington, Hancock, Hornet,Cabot, deux cuirassés, quatre croiseurs, quatorze destroyers.

3)Task Groupe 38-3, contre-amiral Frederick C. Sherman, composée  de quatre porte-avions : Essex, Ticonderoga, Langley, San-Jacinto, trois cuirassés, cinq croiseurs et dix-sept destroyers.

4)Task  Groupe 38-5, contre-amiral Mat B. Gardner, composée de de deux porte-avions Enterprise, Independance et six destroyers. Ce dernier était composé du Night Air Group 90, pour les opérations nocturnes, et formée des chasseurs de nuit F6F, peints en noir.

Les 14 porte-avions transportaient 850 appareils : F6F, SB2 Helldiver et des TBM Avenger.

Les F4U Corsair du corps des Marines étaient transportés par l’Essex (le Groupe UMF-213 –Commandant David E. Marshall et le Groupe 124 – Lieutenant-colonel William Millington.

La logistique est assurée par le Task Group 30-8, sous les ordres du capitaine Jasper T. Ascuff avec 6 pétroliers rapides, deux porte-avions d’escorte (transportant des avions de rechange) et 3 destroyers.

 En tout : 99 bâtiments, dont 2 destroyers éclaireurs.

Quant à la mission de sauvetage des pilotes tombés en mer, elle est confiée à 3 sous-marins de la 7° Flotte (contre-amiral R.W.Christie).

Phase  A

 

10 janvier 1945

 

La Task Force 38 traverse le canal de Luçon-Bashi, entre Formose et les Philippines, entre les bases nautiques japonaises de Koshun au sud de Formose (Taïwan), et une probable base sur  l’île de Batan.

A l’aube, des chasseurs UFN-41, de l’Independance abattent trois avions de transport japonais. Pendant la journée des patrouilleurs aériens US des porte-avions d’escorte couvrant les têtes de pont de Lingayen, bavardent en clair, énumérant les navires qu’ils voient.  Le secret entourant les mouvements de la flotte venait d’être réduit à néant.

 

De plus le typhon se levait et allait durer pendant toute la période où la Task Force 38 serait en Mer de Chine du Sud.

 

Plan de bataille : L’amiral Halsey divise ses forces en deux :

Deux croiseurs lourds Baltimore et Boston,  et 5 destroyers de la Task Force 38-1 devaient renforcer  le Task Force 38-2 de l’amiral Bogan, Astoria.

Le lendemain, à l’aube, la force de l’amiral Bogan devait se diviser en 2 groupes dont l’un foncerait sur la baie de Cam Ranh pour attaquer la flotte japonaise de la Deuxième Force d’Attaque et de Diversion.

Les porte-avions fourniraient la couverture aérienne à l’opération et le contre-amiral Sherman devait fournir  des patrouilles de chasse.

La Task Force 38 est repérée par l’Etat-major japonais à Tokyo, qui donne l’alerte dès le 11 janvier 1945.

 

PHASE B

 

Le 12 janvier 1945

 

À 3h. du matin huit avions torpilleurs décollent de l’Enterprise t de l’Independance  à 200 nautiques des côtes de l’Annam et se dirigent vers la baie de Cam Ranh à la recherche des cuirassés-porte-avions Ise et Hyuga (rescapés de la Bataille de Midway).

Recherches infructueuses.

La visibilité au-dessus de la côte sud de l’Indochine est excellente, mais des cirrostratus hauts annoncent l’arrivée d’un typhon orienté vers le nord-ouest, dans la direction de la Task Force 38.

À 7h.30 l’amiral Bogan avec sa division navale met le cap sur la baie de Cam Ranh..

La baie est vide. La flotte japonaise n’est pas là.

Dans cette même matinée des patrouilles de reconnaissance (TCAP) de la Task Force 38-3 de l’amiral Sherman transmettent des informations concernant des zones de rassemblement de navires marchands : Saïgon, le cap Saint-Jacques, le cap Padaran, et Quinhon. Ces renseignements leur avaient été fournis par un avion de reconnaissance  de la 14° AirForce (308° escadrille de bombardement)

Ces navires marchands formaient 6 groupes,

-2 allant vers le nord (HI-86 & SATA-05)

-2 vers le sud (YUSA-05 & YU-4)

-Un est au mouillage près du cap Sain-Jacques

-et 5 navires sans escorte remontaient des îles de Poulo Condor. 

D’autre part, une reconnaissance aérienne informe l’amiral Halsey que les îles Spratleys, Paracels et Tizard  entre les côtes de l’Indochine et des Philippines sont désertes.  

 

PHASE C :          

 

1/L’ATTAQUE  de la PREMIERE VAGUE D’ASSAUT

 

De la baie de Cam Ranh vers Saïgon

À 8h.25, les Japonais mettent en alerte Cam Ranh

À 8h.30  18 Grumman sont sur Cam Ranh

À 8h.35, le sous-marin US Rock est survolé en aplomb par les premières vagues. Pour éviter une méprise il déploie les couleurs US sur son pont.

À 8h.45 un message japonais signale que 90 Grumman volent vers le sud.

1)

L’escadrille Fighting Squadron-3 se dirige vers l’aérodrome de Saïgon, Tan-Son-Nhut et la base d’hydravions de Cat-Lay.

Visibilité totale.

L’alerte à Saïgon retentit.

L’escadrille surprend sur Tan-Son-Nhut 18 chasseurs japonais d’entraînement sur le point de décoller.

Deux Tojo sont abattus en plein vol et leurs pilotes sautent sans parachute.

Les Hellcat de l’escadrille Fighting Three  poursuivent et abattent les appareils japonais d’entraînement, non armés : 4 Oscar, 1 Tony (chasseurs de l’armée), 1 Val (bombardier de la Marine), 1 Helen (bombardier de l’armée), et un Hamp ou Zero de la Marine. Le Tony  seul tenta de percuter un chasseur US et fut abattu.

Sept appareils japonais réussissent à s’échapper.

Les Hedllcat  mitraillent à Tan-Son-Nhut huit avions qui gagnaient le point de décollage, et  d’autres appareils stationnés.  

 

Total de cette attaque : onze avions abattus et dix-huit détruits au sol.

Puis l’escadrille se dirige vers Cat-Lay où ils mitraillent et incendient plusieurs hydravions.

Ces opérations achevées le capitaine Lambro ramène son escadrille sur la rivière de Saïgon pour attaquer les navires. 4 bateaux de commerce sont atteints et incendiés.

2)

L’escadrille du Bombing Squadron 3, du Yorktown, se dirigeant vers le cap Saint-Jacques survole un convoi de 10 navires. Arrivée au dessus de la rivière de Saïgon, renforcée par les chasseurs d’escorte, l’escadrille se lance à l’attaque et torpille un gros transport, un destroyer, et endommage  deux escorteurs, coule un  patrouilleur, et gros cargo de 7.000tonnes.

Une escadrille de 16 chasseurs du VF-81 du Wasp commandé par le capitaine de frégate F.K. Upham bombarde et mitraille le cap Saint-Jacques, Baria, Saïgon, Cat Lay tandis qu’une autre escadrille de 28 avions attaque le cap et la baie de Padaran puis se dirige vers Saïgon où à 9h25 (8h.25, heure locale) il incendie un dépôt de carburant de la base d’hydravions, détruit un hangar, mitraille un Emily et 5 hydravions, puis survole Saïgon où il abat un Oscar, portant à douze les avions japonais abattus en vol au-dessus de Saïgon. L’escadrille enchaîne par le bombardement et le mitraillage des navires mouillés dans la rivière de Saïgon 

De la baie de Cam-Ranh vers le nord (Quinhon,Tourane)

 

Le groupe aérien 90, de l’Enterprise commandé par le lieutenant de vaisseau Russel Kippen, remontant vers Quinhon, rattrape le convoi de 15 bâtiments du convoi HI-86 et coule le croiseur léger Kashii, un destroyer, trois cargos, et  endommage gravement deux autres navires marchands.

Pendant ce temps là, l’Air Group 41 composé de chasseurs de nuit et d’avions torpilleurs de l’Independence, et l’Air Group 20 du Lexington attaque un grand convoi japonais au large du cap des Hirondelles et coule un gros pétrolier, touche et endommage deux autres pétroliers, deux destroyers, un escorteur.

Le port et la ville de Cam Ranh sont attaqués par les Corsairs (VT-44) des Marines, du porte-avions Langley. Le grand débarcadère,  la caserne de la Marine française sont détruits à la roquette. Les Hellcats mitraillent sept hydravions, font exploser un escorteur t un cargo.

Au sud du cap Padaran les avions du porte-avions Ticonderoga attaquent un convoi de douze bâtiments, et coulent trois pétroliers, deux escorteurs, le reste du convoi est mitraillé et attaqué à la roquette.

Côte sud de l’Indochine

 

Les 26 avions-torpilleurs(VT-4) de l’Essex dirigés par le capitaine de frégate Otto Klinsman et le lieutenant de vaisseau P.J. Davis attaquent et coule un convoi composé de deux grands transports, deux grands cargos, un pétrolier, et six destroyers d’escorte.

2/  DEUXIEME VAGUE D’ASSAUT

 

SAÏGON

9h.28

Le porte-avions Yorktown lance sa seconde vague d’assaut, la Strike Bake 1, contre les terrains d’aviation et les navires à Saïgon.

17 chasseurs F6F-5 et 9 bombardiers Helldiver.

9h40

L’escadrille de bombardement 3 (fighting squadron 3) décolle, sous le commandement du lieutenant de vaisseau J.K.Clifford avec 7 bombardiers, 5 avions-torpilleurs et 12 chasseurs de couverture.

Les Japonais réagissent par la DCA et des attaques aériennes.

Les combats ont lieu au sud-ouest, de l’autre côté de la rivière.

Trois avions japonais sont abattus, seize détruits au sol. Six cargos dans la rivière sont atteints et endommagés,

Quatre chasseurs japonais surviennent et un combat aérien les oppose aux chasseurs d’escorte US au-dessus de Saïgon même.

 

 

Le Lamotte-Picquet

 

Combat suivi par la population et les 70 hommes de l’équipage du croiseur Lamotte-Picquet., battant pavillon français à l’avant et à l’arrière, ancré devant la Pyrotechnie Militaire à Thanh Tuy Ha, sur le Song Sau. Le croiseur est armé de deux affûts double de mitrailleuses 13,2mm. La Pyrotechnie était recouverte des couleurs françaises. Dans celle-ci se trouve une batterie anti-aérienne comportant une pièce de 100mm, et une seconde de 75mm.

La compagnie de garde arme une mitrailleuse de 8mm.

L’alerte a été donnée 8h.55(heure des Philippines, soit 9h.55, heure de Saïgon).

« L’ordre a été donné aux unités françaises de n’ouvrir le feu qu’en cas d’attaque caractérisée de l’assaillant » 

Le lieutenant de vaisseau J.W.B. Cage, chef de la Division 1, survole

« le croiseur ancré sur la rive droite et battant tricolore » et tire deux roquettes contre le navire, et le lieutenant de vaisseau John D. Vincent (affirme) tire quatre roquettes. Le navire prend du gîte à babord. L’équipage riposte de deux rafales sur le troisième Hellcat qui se présente.

La fumée des incendies causée par le premier raid de l’escadrille Strike Baker 1 du Yorktown, lui sert de repère pour sa seconde attaque en piquant du nord-est.

À 11h.45(10h.45, heure française) le lieutenant Turner du Torpedo 3 et le lieutenant se vaisseau Walker mettent le feu à deux cargos, et font exploser un entrepôt.

L’enseigne de vaisseau Barknecht sur un Avenger lâche deux bombes sur le Lamotte-Picquet infligeant de graves dégâts  à sa superstructure, et blesse mortellement le lieutenant de vaisseau français Henri de Beaufort.

Le croiseur qui prend du gîte à 8 degrés est évacué.

Puis au cours d’une accalmie il est réoccupé, le navire est en partie redressé et des travaux sont entrepris à bord.

Mais en fin de matinée, douze appareils US se présentent. 4 Hellcat bombardent et mitraillent le navire. Une attaque meurtrière est exécutée par le lieutenant F. Perkowski et l‘enseigne Coleman. Le bâtiment prend du gîte à 25° babord.

Puis l’escadrille  VF-81 achève le navire en l’attaquant de façon continue à la roquette et à la mitrailleuse. Cinq foyers d’incendie éclatent.

À 16h 30 le navire se couche complètement.

Entretemps les Avengers du Yorktown mitraillent et bombardent Cat-Lay, le Nha-Bé où le grand dépôt de carburant de la Texaco explose. Ils manquent les réservoirs de la Shell et de la Socotra, qui restent intacts.

Les services français dénombreront coulés à Saïgon : 2 transports, 2 cargos, un pétrolier et le Lamotte-Picquet.

Á l’est du cap Padaran cette escadrille Baker 1 composée de 24 avions (18 chasseurs VF-81, et 6 torpilleurs VT-81) découvre un convoi de 9 navires, rescapés de la première vague d’assaut(Strike 1Able)  coule deux escorteurs et trois cargos. Puis l’escadrille revient  sur Saïgon-Tan-Son-Nhut et détruit des hangars d’avions, des bâtiments de l’aérodrome de Tu Dau Mot

Le Task Force 38-3 lance une nouvelle vague contre les restes du convoi japonais HI-86, au nord de Quinhon, sur la côte d’Annam. 3 transports sont atteints par des bombes, les autres bâtiments attaqués à la roquette et mitraillés. 

3/ TROISIEME ASSAUT DE L’APRES-MIDI DU 12/1/45

12h.47(13h.47 heure de Saïgon) une escadrille de 5 chasseurs du Task Group 38-1 lance un raid spécial sur l’archipel de Poulo Condor et coule un cargo, endommage un autre.

Un autre chasseur survole Saïgon pour repérer les résultats du raid de la matinée.

Des rapports informent l’amiral Mac Cain que 80 appareils japonais atterrissent sur les aérodromes autour de Saïgon. Il donne l’ordre aussitôt d’attaquer ces aérodromes. Des porte-avions Hancock, Essex, Hornet, San Jacinto, Ticonderonga les escadrilles décollent.

13h40(14h.40, heure locale) une escadrille, Strike 3 Baker, composée de 14 Avenger et 2 Hellcat d’escorte décolle de l’Essex  pour Saïgon et l’aérodrome de Tan-Son-Nhut. Des Marines font partis de ce raid.

L’escadrille est rejointe par les bombardiers (TBM) et 45 F6F de l’escadrille de chasse du porte-avions léger San-Jacinto. Ils survolent la baie de Cam Ranh à 300 mètres d’altitude, puis le cap Saint-Jacques, observant de nombreux navires en feu. Volant bas, au dessus de Saïgon, les pilotes voient le croiseur Lamotte-Picquet couché sur le flanc, comme un jouet abandonné.

Le correspondant de guerre du Time, Robert Sherrod, qui accompagne le lieutenant de vaisseau B.R. Trexler, et écrivit par la suite l’Histoire de l’aviation des Marines pendant la Seconde guerre mondiale, observe des civils français et viêtnamiens montés sur les toits et terrasses des immeubles pour observer le spectacle.

Piquant de 3.000 mètres sur un angle de quarante-cinq à 50 degrés, les avions torpilleurs (VT-4 VT-5) et les VMF-213 des Marines achèvent de couler les cargos, les pétrolier et transports en feu.

Même attaque sur les dépôts de carburant de la Socony Vacuum et de la Shell du Nha Bé, qui explosent, par l’autre groupe de 12 chasseurs VF et VMF-124 des Marines. 

Le lieutenant L.L. Hamrick de l’Essex attaque la ville même de Saigon avec ses quatorze avions, chargés chacun d’une bombe de 227kg, le boulevard Norodom et ses immeubles son atteints. Même attaque contre l’Arroyo de l’Avalanche, où se trouvent des cargos en feu. Des bombes pulvérisent des bâtiments de l’arsenal. Les chasseurs traquent les navires qui tentent de fuir Saïgon, en remontant la rivière. Ces navires sont touchés et incendiés.

Au cours de cette attaque l’enseigne de vaisseau Don A. Henry pris dans les tirs de la DCA japonaises est abattu, son adjoint E.A Shirley tué dans l’engagement. Les Français le recueillent.

- Il sera soigné pendant six semaines à My-Tho, puis dans une plantation à Loc-Ninh, mais sera tué par les Japonais dans la brousse au nord de Kon-tum avec le groupe de Résistants français qui escortait les pilotes américains vers la Chine.-

Au cours de l’attaque sur Tan-Son-Nhut 9 bi-moteurs et 6 monomoteurs japonais sont détruits.

Du Yorktown, le Strike 1 Charlie est lancé malgré le mauvais temps.

Dans le port de Qui-Nhon il achève les onze bâtiments échoués en feu, attaque la gare, le train et les locomotives puis se lance à l’attaque du convoi qui s’enfuit vers le nord, seul réchappe au massacre un escorteur japonais.

Pendant ces engagements et les attaques antérieures des sous-marins des centaines de jonques et des caboteurs dans les ports et  le long la côte sont touchées et coulées. Jonques et caboteurs qui transportaient du riz, du nuoc-mâm de ravitaillement de la Cochinchine au Nord-Viêtnam. Leur disparition provoquera une terrible famine au Tonkin, qui fera plus d’un million de morts.

À 15h10 (16h.10 heure locale) les raids prennent fin avec l’envol du Yorktown d’une escadrille de 6 chasseurs commandés par le lieutenant William B. McLeroy  qui survole Saïgon, le Nhabé, Tan Son Nhut, en bombardant  et mitraillant.

Au cours d’un piqué sur un navire en flamme, un obus de 37 mm explose sur l’aile gauche de l’appareil de Thienes, de l’escadrille de McLeroy. Un éclat se fiche dans son crâne. À demi-conscient il n’arrive plus à maîtriser son avion qui part en vrille. Thienes réussit à le redresser in extremisme. L’avion commence un vol désordonné au-dessus de Saïgon. Le lieutenant McLeroy guidé par un pilote des Marines réussit à le joindre par radio et  pendant deux heures le dissuade de lâcher prise et d’amerrir.  Il l’oriente vers le Yorktown. Reniflant de l’ammoniaque pour rester éveillé, Thienes réussit à apponter sans encombre son F6F. 

18h. (19h. heure locale) L’alerte à Saïgon prend fin.

18h 46. Trois Corsairs  de l’Essex en patrouille de vérification près de la baie de Cam Ranh, par méprise, abattent un B24 Liberator. L’avion un appareil N°249 de l’escadrille 374 du 308° Bombardment Group, des Tigres Volants, du général Chennault, basée en Chine.

« Sommes attaqués par avions U.S. de  la marine » sera le dernier message du lieutenant R.E. Churgin et de ses neuf hommes d’équipage.

19h. FIN DES OPERATIONS du 12 janvier 1945

 

19h31(20h 31 heure locale)  Trois minutes après le coucher du soleil la Task Force 38, modifie son cap de 70° et s’éloigne des côtes de l’Indochine.à la vitesse de 20 nœuds.

Elle retrouve le lendemain les pétroliers du Task Group 38-5 du commandant Acuff près du 14° Nord et 114° Esr.

La flotte affronte un typhon, qui provoque des avaries sur quatre destroyers. Ce même typhon balaye les côtes de l’Indochine détruisant ce qui reste des navires japonais.

EPILOGUE

A)   Le 15 janvier : en remontant vers le détroit entre Formose et le nord des Philippines. Les escadrilles attaquent le sud de Formose, ses aérodromes, les navires en rade de Takao et Toschien, les côtes chinoises, coulent deux destroyers japonais, abattent en combats aériens 16 avions, en détruisent au sol 18.

B)    Le 16 janvier, les avions attaquent Hong-Kong, Canton, l’île de Haïnan. 13 avions japonais sont abattus, un cargo et un pétrolier coulés. (Trois pétroliers et un cargo « probables »)

La Task Force 38  perdra dans ce raid  49 avions, dont 22 en combat, les 27 autres abattus par la DCA japonaise.

Conclusion de l’amiral Halsey : « La sortie en mer de Chine méridionale fut bien conçue et brillamment exécutée. Un élément très important du succès de cette opération fut le soutien logistique de la flotte, dont l’exécution laissa peu à désirer. On regrette que des cibles plus importantes ne se soient pas trouvées à portée du balayage destructeur de la Task Force 38. » « C’est l’un des coups les plus rudes porté à la marine japonaise. »

Les cuirassés-porte-avions japonais recherchés Ise et Yuga, étaient au mouillage à Singapour. -Ils ne seront coulés qu’en Mer du Japon que fin juillet 1945.-

La force du typhon amplifiant l’amiral Nimitz avait recommandé à l’amiral Halsey de repasser le détroit de Luçon, craignant un typhon dévastateur comme celui  du 18 décembre 1944 qui avait surpris le 3° Flotte en pleine mer  et avait coulé trois destroyers, détruit 146 avions, tué près de 800 hommes, infligé des dégâts très importants à sept navires.

Le 20 janvier 1945 la Task Force 38  repasse le canal de Baling-Batang.

DEUX MOIS PLUS TARD : Tirant les leçons de ce raid impétueux de la Task Force 38,  dans la nuit du 9 Mars 1945, certaine d’être attaquées par les troupes françaises en cas de débarquement américain, l’armée japonaise attaque à l’improviste les forces françaises d’Indochine. Celles-ci opposeront  une résistance héroïque sans recevoir quelque soutien, aérien, naval ou terrestre, des forces alliées (américaines, anglaises, chinoises) qu’elles ont guidées et renseignées tout au long de la guerre en Extrême-Orient.

                                                                         Henry Zaphiratos© 

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