2030 -- Chapitre 2: Le chasseur chassé ?

sarahlambert2030

Souvent, je pense à mon petit frère, Nathaniel. Il est mort à 5 ans d'une violente fièvre. Parfois, je me dis qu'il est mieux au Ciel qu'ici. Ici, c'est l'enfer.
Mes parents, Emmett et Elizabeth, vont et viennent dans notre campement. On ne se parle pas beaucoup. Entre chasser et éviter de croiser le vaisseau d'un des "Maîtres", les journées sont épuisantes.
Quand j'avais 16 ans, mon père m'a appris à chasser et ma mère à cuisiner et à me battre au corps à corps.
Ils se sont rencontrés il y a 22 ans. Ils chassaient le même sanglier. Maman a tenté d'envoyer une flèche dans la tête de papa, mais elle l'a loupé. Elle n'a jamais été douée à l'arc. Son truc, ce sont les dagues.
Nous vivons où on veut, et on se déplace à un autre endroit tous les 3 ou 4 jours, rarement plus. On est libres en quelque sorte, mais il ne faut jamais s'approcher des villes ou des TGCM (Trois Grandes Capitales Mondiale): La cité de l'Atlantide, les pyramides Mayas et les Grandes Pyramides Egyptiennes. Si on prend une carte du monde et qu'on relie ces trois points, cela forme un triangle, d'où la rumeur qui prétend que le Chef des Chefs ne serait pas un Dieu mais une Déesse. Allez savoir, personne ne l'a jamais vu en vrai, ni ne l'a jamais entendu. Je me demande qui peut bien inventer de telles histoires.
J'aime chasser, ça me permet de réfléchir tranquillement à ce qui faudra faire par la suite. Parfois, mon père me rejoint et tente de m'enseigner, tout en chassant, l'anglais, sa langue maternelle. A la maison(notre camp en fait, mais j'imagine que je vis dans une vraie maison), quand nous cuisinons, ma mère tente de m'apprendre l'allemand. Ses parents étaient allemands mais elle est née en France.
Tous les matins, dès que je me réveille, je prends mon arc, mon carquois, et mes deux dagues, sous l'œil obligeant de ma mère. Je n'aime pas les dagues, je suis plus douée pour tirer à l'arc, mais j'obéis car à chaque fois que "j'oublie" de les prendre, elle me retrouve toujours, j'ignore comment, dans la forêt, et me passe un savon. Je n'ai jamais compris pour quoi. Tirer avec un arc permet de garder ses distances, pas les dagues. Sinon, autant se promener avec une épée et un bouclier.
- . . . Tu pourrais rencontrer des gens mauvais, ou même les Maîtres, disait maman.
- Je ne suis pas loin... commençais-je.
- Tais-toi. Prends-les. Ne discute pas, répondait-elle. C'était la fin de la discussion, je devais les prendre et me taire. Il faudra que je lui demande pourquoi elle tient tant que ça a que je les prenne.
J'aime aller près de la petite étendue d'eau douce, à 500 mètres du campement, pour attraper du poisson. Il n'y en a pas beaucoup mais ils sont gros et en attraper deux permet de nourrir facilement 3 personnes d'un coup.
Aujourd'hui, je me lève un peu plus tard que d'habitude, je n'ai pas envie de me lever. Le stress est dans l'atmosphère, merci Maman. Aujourd'hui, c'est la fête nationale. Nous sommes le 8 juin 2120. Chaque année à cette date, les Maîtres, n'ignorant pas que des gens vivent dans les bois, vont et viennent dans les forêts pour capturer quelques personnes, parfois des familles entières. Mieux vaut être discret et patient pour survivre. Ce qui explique l'ambiance tendue aujourd'hui.
Il faut que j'aille chercher à manger, et même si c'est plus dangereux aujourd'hui, c'est un jour comme un autre pour moi, les Maîtres n'attendent pas ce jour précis pour ramener ceux qui leur ont échappé. Ma mère m'observe pendant que j'attrape mon arc, mes flèches et les dagues. Elle sourit légèrement quand je les mets dans leur fourreau.
Je me mets en marche. Il n'y a pas un bruit. Pas même un oiseau. Pas même du vent. Un peu comme si la nature elle-même n'osait plus se montrer, comme si elle avait peur d'eux.
Je m'inquiète un peu. Mon père me rejoint et me dit:
- J'ai vu des vaisseaux survoler la rivière où tu vas d'habitude, me dit-il, tendu.
- Nous devrions partir et chasser en chemin, dis-je, anxieuse.
- Oui, mais nous devrions être très prudents, et ne pas laisser trop de traces derrière nous.
On se regarde un instant, nerveux. Il y a tellement peu de bruit dehors que l'on peut entendre ma mère marcher.
- Maman sait ? Je demande.
-Non, pas encore, me dit papa
- Je vais lui dire, on n'a pas trop le choix. 5 jours ici, c'est trop. Il faut qu'on bouge.
-Oui.
Je retourne voir maman.
Maman essaye de se coiffer, mais elle tremble trop stressée et ne parviens pas à s'attacher les cheveux.
Elle soupire de désespoir et se tourna vers moi, surprise.
-Tu ne vas pas chasser ?
- J'y allais quand je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas de bruit. Papa m'a dit avoir vu des vaisseaux là où je pêche d'habitude, dis-je, tout en essayant d'être attentive à ce qui se passe dehors. Maman, il faut qu'on s'en aille. Le plus vite possible.
Je la regarde et elle acquiesce. Elle se dirige vers le gros et unique sac qu'on a et y jette tout ce qu'elle a sous la main.
-Rejoins ton père, m'ordonne-t-elle.
Je repars donc en direction de papa qui continue de scruter le ciel et les arbres.
-Maman fait le sac, on part bientôt.
-D'accord, j'ai hâte d'être loin.
-Moi aussi.
Dix minutes plus tard, maman nous rejoint les armes d'une main, le sac de l'autre.
-Chéri, tu penses qu'on devrait partir dans quelle direction ?
-Je ne sais pas, répondit papa. Il y a beaucoup de vaisseaux, dans toutes les directions.
-Il faut pourtant qu'on aille quelque part, dis-je. Il y a une grotte pas loin, je l'ai vue il y a trois jours, on pourrait y placer devant de la végétation. Si on va là, on pourra réfléchir à la suite.
-Où est cette grotte ? demanda maman
- A dix minutes de marche environ par là, répondis-je en montrant la direction de l'ouest.
-Ok, allons par là, répondit papa, en partant dans la direction que j'ai montré.
Alors que l'on n'est pas loin de la grotte, un faisceau de lumière blanche apparait sur nous. Je lève les yeux. La lumière ne fait pas mal aux yeux, et il n'y a aucun bruit à part un léger bourdonnement, mais une chaleur écrasante en émane. Peut-être de la radioactivité ?
Zut. Que faire ? Je veux bouger mais j'en suis incapable. Je veux regarder mes parents mais je n'y parviens pas. Je veux crier mais je n'ai plus de voix. Littéralement. On est fichus, grillés, cuits, peu importe, notre vie dans les bois s'arrête sans aucun doute ici, à 40 mètres de la grotte, sans aucune possibilité d'évasion possible.
Les gens racontent qu'une fois enlevées, les victimes deviennent des esclaves après avoir subi un lavage de cerveau. Mais personne n'est revenu dans les bois après ça. A mon avis, personne ne survit bien longtemps après avoir été capturé, donc personne ne peut en revenir vivant et raconter ce genre d'histoire.
J'ai l'impression d'être tirée vers le haut, je parviens à bouger la tête, mes parents sont toujours en bas, immobiles mais l'air terrifiés de me voir partir.
Je franchis la base du vaisseau. Quelque chose (quelqu'un ? Je suis presque sure qu'une main me touche) m'attrape violemment. Je me cogne la tête par terre et je perds connaissance.

Signaler ce texte