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dominiquep

La limousine se gara bas de l'immeuble de Claire à  8 heures précises, comme l'avait prévenue l'assistante de sa mère. Vêtue d'une robe fourreau noire et d'escarpins assortis, elle était simplement féline, se dit le chauffeur spécialement engagé pour la soirée.

Installé à l'arrière du luxueux véhicule, elle décida t'appeler Collins.

-         Salut ma belle ! Que fais-tu ce soir ?

-         Je lis Marcel Proust pour mon cours de littérature française, lui répondit Collins. Et toi ?

-         Obligation familiale.

-         Ah une soirée City Hall donc ! Tu te sens prête pour les flashs et les projecteurs ?

-         Absolument pas ! Mais ma chère mère a besoin de montrer notre famille unie. Elle veut mettre en place des actions à destination des familles pauvres. Alors…

-         Alors tu as mis ta plus belle robe et tu es prête à subir les assauts des courtisans.

-         Effectivement ! Mais j'espère pouvoir m'éclipser le plus vite possible et aller au Duplex. Bon, je dois te laisser, j'arrive au spectacle.

A peine la portière de la limousine fut-elle ouverte qu'une nué de photographe se précipita vers elle. Claire afficha son visage le plus neutre possible et fondit la foule. Elle se dirigea vers l'escalier qui menait à l'entrée de la résidence du Maire où elle retrouva son père qui jouait au parfait hôte, saluant chaque invité. A la vue de sa fille, Paul Camden lui adressa son plus beau sourire.

-         Ah ma fille, tu es enfin arrivée !

-         Bonsoir, Papa, dit-elle en l'embrassant sur la joue. Ce smoking te va à ravir. Maman est disponible ou je vais devoir prendre un ticket ?

-         Non, non. Va la voir, elle t'attend. A tout à l'heure.

Margareth Camden rayonnait dans la salle de réception telle la reine des abeilles. Tout semblait graviter autour d'elle. Claire n'eut donc aucun problème pour la repérer.

-         Maman, lui dit-elle de sa voix la plus douce.

-         Mon bébé ! répondit la maire de la ville. Pardonné moi messieurs pour cette trivialité et vous pouvez nous laissez quelques instants ? Merci.

Les hommes qui l'entouraient se dispersèrent dans un mélange de gêne et d'indignation.

-         Comment vas-tu ? Pas trop difficile les cours à l'Université ?

-         Non, non, tout va bien. Il faut que je trouve mon rythme et cela me fait bizarre de ne plus avoir Collins dans la même classe que moi.

-         Mais vous êtes toujours amies ?

-         Bien sûr ! C'est juste que je peux plus lui parler comme avant, tu sais dès la sortie des cours. Enfin, bref, c'est la vie qui poursuit son chemin.

-         Oh tu m'as l'air d'humeur philosophe ce soir.

-         Désolée maman, lui répondit Claire d'un ton absent. Je vais te laisser retourner à tes obligations. En ce qui me concerne, je vais prendre un verre au bar. Dans combien de temps ton discours ?

-         Dans 10 minutes, donc si tu peux rester à la réception encore une heure, cela sera parfait.

-         Aucun souci.

Claire se dirigea vers le buffet/bar et demanda qu'on lui serve un martini. Quelques jeunes loups vinrent lui tenir compagnie sans dissimuler leurs envies de finir la soirée en sa présence. De manière subtile, elle les éconduit tous. Elle n'avait qu'une seule envie : partir de cette réception le plus vite possible et se rendre dans son bar préféré, là où  elle n'avait pas besoin de jouer un rôle.

Le discours de sa mère avait duré près d'une demi-heure. Elle avait poliment levé son verre quand sa mère avait parlé de son enfance et du fait que sa fille n'avait pas eu besoin de passer par les mêmes épreuves. Elle finit son deuxième verre et décida qu'il était temps de prendre congé de l'assistance. Au moment où elle alla saluer son père de la main, elle eut le souffle coupé. En effet, Mlle Bailey était en grande discussion avec lui. Habillée d'un élégant smoking Hugo Boss qui soulignait ses jambes musclées et sa poitrine, elle était magnifique. Comme attirée par un aimant, Claire se dirigea vers eux.

-         Mlle Bailey. Ravie de vous revoir. Vous connaissez mon père ?

-         Mlle Camden. Pas avant ce soir, je l'avoue. Mais il est totalement délicieux. Il me racontait une passionnante histoire sur vous et une truite.

-         Papa ! Tu n'as pas osé ?

-         Tu me connais quand il s'agit de parler de toi, il m'arrive de me laisser m'emporter dans mon élan, essaya maladroitement de se justifier Paul Camden.

-         Ne vous inquiétez pas. Je garderai vos petits secrets, lui répondit Amy, le regard malicieux.

-         Mais au fait, comment vous connaissez vous toutes les deux ? interrogea son père.

-         Papa, je te présente donc ma nouvelle professeure de réseaux informatiques à l'Université, lui répondit Claire en plongeant son regard dans les yeux d'Amy. Elle remplace M Lebosky.

Les deux jeunes femmes se regardèrent avec une telle intensité de Paul Camden décida qu'il était temps de partir rejoindre son épouse. Aucune d'entre elles ne remarqua sa disparition.

-         C'est donc vous la fille de Margareth Camden ? L'Université m'avait prévenu que vous étiez dans ma classe de première année mais je n'avais aucune idée de votre apparence.

-         Vous ne lisez jamais la presse Mlle Bailey ? Il y a au moins un article sur moi par semaine, que cela soit le Times, le Ledger ou encore le Post.

-         Désolée mais non. Je ne suis pas férue des histoires de peoples. Je préfère la vie des gens ordinaires comme moi.

-         Vous savez, je n'ai jamais demandé la célébrité. C'est ma mère, la star de la famille.

-         Si vous le dites…

Amy prit sans ménagement congé de Claire. Elle était terriblement troublée depuis qu'elle l'avait vu dans cette robe magnifique. Partir était la meilleure solution pour qu'elle puisse contrôler les réactions de son propre corps. Si elle devait passer plusieurs semaines à traquer le suspect qui la menaçait, il n'était pas question qu'elle puisse avoir la moindre distraction.

Claire vit partir son enseignante qui fendait la foule en se demandant si elle avait conscience de l'aura qu'elle dégageait.

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