7- Flammon

astiacle

Septième chapitre de "Les ombres de l'oubli"

Elle était étalée sur le pont, fixant le ciel. Autour d'elle, les matelots s'affairaient alors que ses parents étaient retournés dans leur cabine pour se reposer. En tournant la tête, elle pouvait voir son frère jouant à un concours de grimace avec un jeune mousse. C'est là qu'elle entendit le corbeau. Pensant d'abord avoir rêvé, elle ferma les yeux pour profiter du soleil, mais le croassement repris la faisant se redresser. Elle avait du mal à comprendre ce qu'un corbeau pouvait faire au milieu de l'océan, alors elle se leva pour observer les alentours. En approchant du bastingage, elle finit par apercevoir le volatile sur un morceau de bois à la dérive. Il ne semblait pas désireux de s'envoler, à moins qu'il n'en ait pas la possibilité. Elle porta sa main en visière pour essayer de distinguer ce qui pouvait retenir le corbeau. Il croassait sans cesse après un tissu qui flottait en s'éloignant. Elle n'avait jamais été témoin de quoique ce soit de merveilleux. Bien sûr, elle connaissait l'histoire de sa mère et connaissait les signes du destin, une vieille femme demandant de l'eau par exemple. Or, un corbeau au milieu de l'océan si désespéré à la vue d'un tissu à la dérive, c'était certainement un signe. Elle retira ses souliers, se dépêtra de sa robe et de ses jupons, quand un des matelots finit par demander :

-Princesse ? Qu'est-ce que vous faites ?

Elle lui sourit :

-Pas d'inquiétude, je me fais une petite baignade et je reviens.

Elle sauta par-dessus bord en entendant son petit frère lancer :

-Moi aussi veut.

Puis l'eau glacée la submergea. Elle tenta d'ouvrir les yeux, des fois qu'une sirène passe dans le coin, mais dût se résoudre à les refermer à cause de la brûlure du sel. Elle revint à la surface et nagea en direction du tissu. En s'approchant, elle vit qu'il s'agissait en fait d'une chemise étrange, comme faite avec des plantes. Elle s'en saisit et se dirigea vers le corbeau qui semblait s'être calmé. Essoufflée, elle s'accrocha au bois pour se reposer un instant. Le corbeau vint lui piquer l'oreille et elle sourit :

-Bonjour à toi aussi.

Tranquillement, elle bâtit des pieds pour revenir au bateau où les marins se préparer déjà à aller la chercher. Ils envoyèrent une échelle, alors que le corbeau grimpait sur l'épaule de la jeune fille.

Une fois de retour à bord, on apporta une couverture à la princesse, alors qu'elle posait volatile et chemise, au sol. L'animal semblait avoir du mal à tenir debout, en fait, elle remarqua que ses yeux semblaient se fermer tout seul et nota la présence d'une tache blanche en forme de 10 sur les plumes noires. Il tenta néanmoins de se glisser dans la chemise avec l'aide de la jeune fille. En voyant le jeune garçon apparaître, le capitaine déclara :

-Je vais informer vos parents.

La princesse hocha la tête alors que son petit frère approchait du pas maladroit des petits enfants. Lorsqu'il fit mine de se pencher sur le garçon, sa sœur l'avertit :

-Fais doucement, il est très fatigué.

Le bambin se pencha pour une caresse malhabile dans les fins cheveux blancs. Le garçon ouvrit vaguement les yeux :

-Vous êtes une princesse ? La fille d'un héros ?

Elle confirma :

-Je suis Flammon, fille de celle qui fut autrefois nommé Cendrillon.

Le soulagement se lut sur le visage du garçon, qui s'endormit aussitôt profondément. Flammon se releva pour ordonner aux matelots :

-Allez le mettre dans ma cabine.

Ils obéirent et elle les suivit, prenant son frère dans ses bras :

-Si ça, ça ne sent pas l'aventure petit frère…

Elle lui sourit et il lui rendit son sourire.

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