A$AP Rocky – AT.LONG.LAST.A$AP

Alice Grenon

Chronique de l'album d'A$AP Rocky "AT.LONG.LAST.A$AP" parue sur le site www.downthewall.com

Difficile de savoir quelle oreille jeter sur ce nouvel album d'A$AP Rocky. Déjà très attendu, ce long format s'est endeuillé en cours d'élaboration, avec la disparition d'A$AP Yams. Cofondateur en 2006 d'A$AP MOB – que Rocky avait rejoint en 2008 -, il était l'homme de l'ombre, la tête pensante du collectif, et surtout, dans ce cas précis, la moitié production de la machine A$AP Rocky.

Impossible de savoir où Yams a laissé l'album, et où Danger Mouse l'a repris. Mais à l'écoute, son absence se fait clairement sentir. Au vu des premiers extraits – Lord Pretty Flacko Joyde 2 et M'$ – aux accents garage très bruts de décoffrage, on attendait un CD décomplexé et sans chichis, quelque chose qui frappait fort et dans le mille.

Or, on est contredits dès la première piste, Holy Ghost (Feat. Joe Fox), aux guitares stridentes sur lesquelles Rocky appose un phrasé flegmatique et précis, entrecoupé par un refrain chanté. Et les suivantes continuent dans ce sens : productions minimalistes, mélancoliques, presque noires… On s'étonne que Fine Wine, en collaboration avec M.I.A. et Future, ne soit pas plus pêchue : le Pretty Mother Fucker gère la première partie avec une voix filtrée et lente sur un beat épique, et laisse le soin à ses deux collaborateurs de rythmer le tout.
D'un point de vue global, sur cet album, Rocky semble étrangement effacé. Son flow est linéaire, presque monotone, comme une poésie que l'on réciterait à contrecœur. Même Electric Body, malgré la présence de Schoolboy Qa priori maitre en matière debouncing, n'arrive pas tout à fait à satisfaire.

Bien qu'étonnant, l'album est loin d'être catastrophique et nous réserve quelques surprises, notamment la très psyché L$D au refrain catchy, sur laquelle Lord Pretty Flacko s'essaye au chant. Excuse Me quant à elle, nous donne l'occasion de retrouver pour un temps le flow hargneux de Rocky. Aussi, Jukebox Joints, avec son instru épique, est calibrée pour Kanye West, qui pose dessus avec panache. Et la stridente, rapide et précise Back Home clôt l'album sur une bonne note.

Pourtant, c'est bien tristement qu'on conclura cet article en constatant que les meilleures pistes restent les extraits que l'on connaissait déjà, intégralement produits par Yams. Reste à savoir si c'est l'album ou Rocky lui-même, qui a trop souffert de son absence. RIP.

Signaler ce texte