A ma maitresse de l'école de la roquette d'Arles.

moboci

souvenirs d'encre, de poésie dans une école primaire

C'était une belle femme blonde, gauloise, héritière des belles valeurs de la France, que certains, aujourd'hui, ont oublié... Elle nous apprenait la tolérance, elle nous racontait l'histoire de France et des peuples, elle donnait des noms aux nobles et héroïques ancêtres barbares de mes parents, on avait une culture, une histoire plus ancienne que celle de l'Europe, et en rentrant à la maison, les coffres au trésor que nous avons découvert dans les livres, on les offrait à nos parents émerveillés et humbles, beaucoup étaient illettrés mais ils avaient l'intelligence et la culture du cœur. Je dois vous dire que ma maitresse rétablissait la vraie histoire en honorant les vaincus, pas celle écrite par les vainqueurs et les idolâtres de Charles Martel. Dans son école qui brandissait l'étendard de la liberté, ma maitresse m'a donné, la seule nourriture qui vous apaise l'âme... Les mots et la poésie. J'ai une pensée pour Madame, ma maitresse, qui quelques fois, nous disait que si on ne travaillait pas, on finirait comme... Je n'ose pas le dire...Elle nous grondait, elle nous aimait. Elle écrivait sur le tableau noir nos futures années sombres de fils et de filles d'immigrés pour mieux nous préparer à nos combats à venir. Elle savait les tempêtes et nos naufrages qui arrivaient. Dans les tourmentes, il ne faudra pas pleurer en regardant nos frères se noyer. Il faudra continuer à escalader les montagnes et tracer le chemin pour les prochaines générations de fils et filles de la main-d'œuvre immigrée. Elle préservait tout de même, notre innocence en danger, enfermée dans la prison de l'histoire. Ma classe d'école était espagnole, gitane, occitane, très peu française, j'en ai appris des chansons, des rires, je savais même parler gitan, moi, le seul bougnoule, c'est ainsi que l'on me nommait en dehors de ma classe. Ma classe, mon refuge contre les agressions de dehors. Ma classe d'école arlésienne, a enfantée dans la douleur et dans les difficultés, des médecins prêts à te soigner sans demander si tu peux payer, des avocats pour défendre les opprimés, des maçons comme mon père qui aiment les belles pierres et qui ont construit ta maison qui protègent ta famille, des gens biens aux métiers manuels séculaires et nobles, des instituteurs, des profs. des artistes et un chanteur mondialement connu, il se reconnaîtra. Grâce à elle, je suis artiste un peu en galère quelques fois, je filme, j'écris, je témoigne que ma maitresse s'appelle l'humanité

Merci Madame

P.S. : Le Vagabond des étoiles de Jack London : "l'éducation est la seule différence qui existe entre l'homme d'aujourd'hui et celui d'il y a dix mille ans. Sous le faible vernis de moralité dont il a enduit sa peau, il est resté le même sauvage qu'il était il y a cent siècles. La moralité est une création sociale, qui s'est agglomérée au cours des âges. Mais le nourrisson deviendra un sauvage si on ne l'éduque, si on ne lui donne un certain vernis de cette moralité abstraite qui s'est accumulée le long des siècles.Tu ne tueras point, quelle blague ! 

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