A moi les petites Françaises
Boris Miramont
Here we are, c'est le grand départ ! Ce citoyen d'outre-Manche file à l'anglaise. Après plusieurs tentatives habillées de moqueries, il met la voile…en rose. Le vent l'emportera. 37 ans maintenant que de sa fenêtre à guillotine, il assiste entre chats et chiens, au triste spectacle : l'horizon tire un trait sur le pays des Saint-Jacques gratinées Tipiac. Pour lui, c'est décidé. « Assez de ce manège de bacon, eggs and sausage ». [Il naviguera en père peinard sur la grand-mare, loin de ce temps de canard]. Sur son fish and ship, il glisse en rature à la Ellen MacArthur. Pour rien au monde, il ne raterait l'embouchure.
A quai, la police des frontières observe l'échappée du rouquin qui prend l'air. Plus rien ne peut guère le freiner, excepté peut-être ses oreilles décollées. L'eau est gelée à la menthe mais le palpitant bat la chamade. Ni lui, ni sa toile ne se dégonflent. En équilibre sur ses gambettes, il prend la poudre d'escampette. Ce micmac de milkmen disparaît de sa vie dans le sillage derrière lui. Les mains fermement accrochées à la barre, le nez tenant le cap, il rêve : « A moi les petites françaises ! »