Lettre à mon ancêtre...

alcaline

Le temps a passé, l'homme urbain a évolué et a radicalement bouleversé son environnement autrement dit moi,la ville.

       Lettre à celle que j'étais avant.

 Chère ancienne moi il est temps de tout te dire.  J'ai changé, j'ai beaucoup changé... .

 Je suis devenue immense. J'ai pris de l'ampleur . Ils m'ont fait m'étendre sur les terres et vers le ciel. Je suis faite d'étages. Une thématique pour chacun. Ils m'ont voulu simple. Ils m'ont dessiné ouverte mais protectrice. Ils ont voulu de moi que je me déverrouille que je m'affranchisse des règles d'un monde dont ils ne voulaient plus. Partout où ils se trouvent je laisse passer la lumière sur eux. Les murs n'existent plus où si peu, mes espaces sont maintenant  limités par des cascades d'eau et de verdure  parce qu' ils m'ont marié à la nature; nous sommes désormais unies, elle m'encadre, participe à ma structure: Je suis devenue organique.

 Ils m'ont rêvé élégante,  lumineuse; je suis immaculée et brillante. Tout, chez moi, est pur, harmonieux.

 on apprend aux enfants à respecter ce que je suis. Pour les en remercier je leur offre de nouvelles façons de voir le monde, je stimule les imaginaires avec mes espaces ouverts sur tous les horizons. 

Je suis celle dans laquelle on aime se promener, celle où se déplacer devient un voyage. on a crée pour moi des transports silencieux, rapides qui me traversent sans me heurter. 

 on dit de moi que je suis devenue le symbole d'une nouvelle humanité, un endroit où mes jardins sont soignés par tous. Une maison géante où l'on trouve sa place, et où l'on redécouvre celle des autres. 

Chez moi on peut trouver ce dont on a  besoin, ils ont éliminés le superficiel, l'inutile, ils ont détruit tout ce qui pouvait être source de clivage entre eux . Je suis une unité. Une entité gigantesque qui permet d'être soi. Ils m'ont offert le moyen de tous les faire se sentir unis malgré leurs différences.

La vie en moi bouge sans arrêt, on tourbillonne, on rit mais on prend le temps de rêver aussi. Je me sens responsable de chaque individu qui entre chez moi, j'y veille , je fais en sorte de m'intégrer à lui sans même qu'il s'en aperçoive.  

Le monde entier est en moi, là à l'intérieur et  il n'y plus de place pour la haine  visqueuse et nauséabonde qui a finit par  dévorer  l'ancien. 

Désormais tous communiquent mieux , ils ont développé un système prodigieux qui traverse toute ma structure; chaque vitre peut devenir, tour à tour,  ordinateur, écran de cinéma, décor... J'offre à chacun de mes habitants les mêmes possibilités, les mêmes facilités. 

Ils sont moins pressés qu'avant, ils prennent le temps de prendre en considération ce qui les entoure ; circuler en moi, trouver ce que l’on cherche ou même chercher ce que l'on aimerait bien trouver sont choses plus aisées. Je suis simple, mes accès sont ouverts à tous, chez moi la phrase : "être en situation d'handicap" ne veut plus vraiment rien dire. 

Ils ont jeté leurs montres et leurs horloges, le temps n'a plus la même valeur chez moi. Chaque être respire au rythme qui lui convient. Je vois évoluer en moi des êtres ouverts, libres. Mes parois laissent passer les brises fraîches et légères et les gouttes de pluie sur les arbres et les plantes et sur les enfants le visage offert au ciel. Je suis devenue une bulle féconde qui préserve sans enfermer. 

Je suis leur nouvelle image du vrai progrès humain: intelligente, sage, belle et fluide. Ils disent de moi qu'il est difficile de repenser à ce que j'étais avant, ils préfèrent dire qu'ils ne se souviennent plus de toi. 


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