À nu.

Des lignes insurmontables,
des yeux qui se noient d'emprise,
la tête qui ne peut s'empêcher.

Trop grande.
Trop petite.
Trop pâle.
Trop foncée.
Grosse.
Laide.
Dégueulasse.
T'es rien d'autre que ça.

Dans ce monde noir,
nos lèvres se fanent,
et l'eau se fatigue à nous abreuver en vain.

L'amour qui m'est porté est si fragile.
Dans la tête, un souffle peut faire voler en éclats chaque parcelle doucement acquise.

De mes mains frêles,
je te supplie de changer mes yeux,
de changer mes mots,
pour qu'un jour, peut-être, chaque fleur me remplisse de joie,
de beauté invisible.

La perfection tassée, je pourrai les voir.
La charpente à nu, je pourrai tout changer.
Ces images qui ne sont pas miennes,
ces névroses qui nous assiègent dès l'éclosion.

Un monde noir que chacun pourrait repeindre,
si on ouvrait le cœur,
si on laissait nos mains s'apaiser.