A propos du sommeil (ébauche)
Nicolas Miot
J'ai l'esprit embrumé, une fois de plus… une de ces soirées ou tu rentres chez toi après avoir pris le temps de voir quelques amis. D'ailleurs… je ne saurais même pas dire s'ils sont mes amis. Tout ce que je sais, c'est qu'ils m'aident à passer le temps, à ne pas réfléchir, à ne pas être seul et à exister en dehors de mon boulot, de mon chez moi.
Ce soir au bar, il y avait Ludo, fils d'Yvonne. Ils bossent tous les deux chez Tikoplum. Ludo, c'est le quadra à peine grisonnant qui n'a jamais voulu s'engager. Il nous parle régulièrement de ses aventures sans entrer dans les détails. Accroc à Tinder qui rentre bredouille après chaque weekend. Sa mère vient le voir régulièrement à la maintenance. Elle est secrétaire de direction et a toujours une petite attention pour nous autres. Un gars sympa Ludo, mais je ne doute pas que chaque soir, quand il rentre chez Yvonne, son assiette l'attend accompagné d'un pack qui lui permettra de s'endormir sans mauvaise pensée.
A côté de lui, Raoul, le mentor de la bande. Il faisait partie du quatuor de têtes qui a créé Tikoplum. Au boulot, c'est costard bien repassé, moustache « au poil de cul », comme on dit, et jolies phrases pour tout le monde. Il avait des parts dans la boutique au lancement. Mais le projet d'entreprise de quelques amis à bien évolué et Raoul s'est vu relégué au rang de responsable RH. Faute de capitaux dans sa trésorerie pour soutenir ses parts dans l'entrée en bourse de Tikoplum. Ses acolytes du début sont tous parti, aux Etats-unis, au Japon et en Islande, lui est resté, par choix. Il est père, trois fois, et fait bon ménage avec Ingrid, rencontrée au Lycée. Même si il lâche de temps en temps les noms des quelques infidélités qu'il fait à sa dulcinée. Par moment, on se demande s'il n'a pas le portefeuille bien plus remplit qu'il veut nous le faire croire. Il charie d'ailleurs souvent Ludo à propos de l'argent et des femmes. Ces deux-là, je les connais par un tour de passe passe, on s'entend vraiment bien, sans savoir pourquoi… tous dans la même galère, à des rôles différents.
Quatrième mousquetaire à notre table, Malik, une vingtaine d'année, intérimaire qui a eu la malchance de faire la fermeture ce soir. C'est Ludo qui lui a proposé de venir avec nous « Au Lion D'Or », le seul bistrot pas trop loin du boulot. Et surtout en face du Parking de la boite pour que chacun puisse rentrer en temps et en heure sans avoir à payer sa contribution à l'entretien des parkings publics. On a pris l'habitude avec L & R de s'y retrouver 2 à 3 fois par semaine, histoire de se parler des conneries du boulot, de prendre le temps de décompresser, de se voir autrement que dans nos uniformes. C'est presque devenu une rengaine, un processus professionnel. En sortant du boulot, on regarde qui traine dans le troquet, et si l'un ou l'autre y est, c'est qu'il faut y aller.
Ces petits codes aident à surmonter tout et n'importe quoi. Après 10 ans passés à aider la société à mieux rêver ou s'endormir, j'ai pu voir l'efficacité de la chose au moment de la mort de ma mère. Laura, une femme bien sous tous rapports, espagnole et fière de l'être, 5 enfants, mes frères et sœurs, plus de padre en la casa. J'avais reçu ce jour-là un appel pendant mon service et écouté le message à la pause clope de 10h30.
« M. Baudert, navré d'être porteur d'une nouvelle aussi funeste, vos proches n'arrivant pas à vous joindre, je suis au regret de vous annoncer que Mme Laura Baudert est décédée dans la nuit d'hier. Nous vous contacterons prochainement quant à la marche à suivre pour les jours à venir. Merci à vous, P. Cair, Cabinet Cair & Seff ».
Je savais ma mère malade, je suis même aller la voir quand c'était possible. Pour échanger quelques mots, partager une brioche, prendre des nouvelles de la famille. Mais jamais elle ne m'avait dit que son état était critique, ni que chaque visite aurait pu être la dernière.
Bombe atomique… Pour nous cinq, mes trois frères, ma sœur et moi, la Dolce Mama avait toujours été le lien fondamental.
Elle avait beau monter sur ses grands chevaux pour nous forcer, en lieu et date de la mort de notre père Jacques, à nous rejoindre le temps d'un repas qui durait jusqu'au lendemain, elle était toujours là, toujours. Peu importe l'heure, le lieu, les griefs des uns, les rancœurs des autres. Laura vivait pour ses enfants et savait trouver les mots justes pour les réconforter, les rassembler dans la demeure familiale érigée par mon père.
Luxueuse s'il en est, mais pas trop chère. Bâtit de toute pièce à la sueur d'une famille entière. Je me souviens encore des étés entiers passés entre révisions et travaux. Nous étions ensemble, nous étions bien. Jacques avait lutté pour acquérir ce terrain au fin fond de la Bourgogne. Rien de transcendant mais de l'espace pour une vie, pour un lieu où nous savions que nous pourrions nous retrouver.
Je n'ai jamais su grand-chose de la vie de mon père, moi le petit dernier. Mais ce que j'ai vu à cette époque valait tellement… De la force, une volonté à toute épreuve pour enfin construire quelque chose de pérenne pour nous. Ces images restent en moi comme les fondements bruts de ce que je voudrais pour mes enfants. Même si je m'en suis éloigné par la force des choses.
La Mama n'était plus là, et je me retrouvais dans le seul lieu proche ou il était possible d'avoir rapidement un bourbon. J'ai toujours aimé le bourbon, c'est fort et docile à la fois… ça me fait toujours pensé aux chevaux, ces forces tranquilles qui ont tant œuvré pour l'homme. Cinq ans que je travaillais chez Tikoplum, et jamais une personne avec qui échanger sincèrement sur les cassures de la vie, avec qui avoir une réelle discussion dans un moment éprouvant comme celui-ci.
J'étais là, avec pour seul interlocuteur le vieux Oggy, barman afro-américain au sens strict du terme, arrivé là par hasard, le type dont personne n'a jamais su le nom véritable et pour qui le plus important était d'avoir le temps de jouer contre lui-même aux échecs.
Sans prévenir L & R sont arrivés et avant même que je ne puisse me retourner au son du grelot de la porte, ils m'interpellaient dans un éclair de voix à la fois amusant et déroutant. « Bha alors l'emplumeur, y'a du se passer quelque chose de grave pour que tu trinques avant même 18h ! ».
Il n'aura pas fallu une heure pour que ces deux hommes acquièrent une importance capitale dans ma vie, de l'écoute, de la rigolade et des histoires. C'est au final eux qui m'ont accompagné dans le deuil sans même que je m'en rende compte.
A nous quatre, ce soir d'été, nous étions là, débattant de tout et de rien, observant les déconvenues politiques, partageant les résultats du rugby, et énumérant les mouvements de salariats. La transition amenait toujours plus de jolies jeunes filles et d'intellos à lunettes dans nos rangs. On se rendait bien compte que les temps changeaient, que nos rôles dans la boutique se complexifiaient, il était souvent question de formations, de transitions vers plus d'automatismes. D'actualisation de la société et de l'entreprise.
« L'emplumeur » c'était souvent mon surnom chez Tikoplum. La raison était simple, mon rôle : assurer le suivi et les process de mise en conformité des oreillers, produit principal de Tikoplum. Le reste du nom de l'entreprise venant d' Andrew Tikolar, premier investisseur de notre manufacture. Malik, qui était ouvrier dans mon service, me disais régulièrement que nous étions « des producteurs de rêves ». J'aimais cette idée innocente.
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En y regardant de plus près, aucun de nous n'avait un boulot difficile, des horaires de bureau, pas mal de temps assis, quelques primes au bon vouloir des patrons… La belle vie dans le monde des prolos.
D'ailleurs, on envisageait même de s'acheter un petit appartement avec Marie, histoire de laisser quelque chose à notre progéniture. Mais ça, c'était avant que j'apprenne que « la vie pour elle, c'était pas ça » et qu'elle décide de partir, seule, pour voir si le grand jeu de la vie en valait la chandelle.
On ne s'ennuyait pas. Enfin, il me semble. Au quotidien on avait les mêmes gouts et quand on arrivait à avoir une petite semaine de congés ensemble, on partait découvrir l'une des destinations touristiques proposées par les agences low-cost. C'était bien de s'évader, de voir d'autres choses et aussi de rentrer d'ailleurs.
Je me souviens de vacances en Bretagne, rien d'original d'une certaine manière, mais pourtant on était bien… On avait laissé nos mobiles à l'hôtel et chaque journée n'était rythmée que par le hasard et nos envies. La plage, les vagues, les moments conviviaux avec les gens du coin… on avait même croisé le chemin d'un Yann Tiersen tout en solitude, seul avec son piano au bord de la mer, un instant de mélancolie simple ou seule la force de la nature semblait avoir d'importance. Pourquoi ne nous en préoccupions nous pas plus ?
Ce genre de moment avait pour moi une valeur inestimable, parce qu'il n'y avait que nous qui faisions ça, qu'a nous que ça importait, que ça appartenait. Des petits moments d'histoire à conserver précieusement dans les tiroirs de nos mémoires.
Nous avions même pris un chien, Bertrand, bouldogue français de son état. Blanc aux yeux bruns avec de légères variations de roux sur l'arrière train. En le voyant grandir, j'eu des doutes quant à sa capacité d'adaptation. Pauvre bête rabougri au regard hagard. Marie me disait toujours « C'est la race des rois ». Elle lui parlait avec plus de sincérité et de joie qu'elle ne me parlait. Je pense que mon travail ne lui convenait pas, tout comme le siens. Pas assez de projets, pas assez de perspectives.
Je l'aime bien cet animal, malgré son faciès, qui, peu importe les circonstances, me fait penser aux diverses interprétations du bossu de Notre-Dame. Je me souviens toujours du même moment. Bertrand, 18 mois, qui s'élance à la poursuite d'un Berger Allemand dans un parc et le rattrape. Ça lui a valu deux jours de sur ventilation, mais pour ça, j'admire cet animal qui a su se surpasser pour réussir quelque chose.
Marie m'en a voulu, mais j'ai laissé Bertrand réaliser son exploit. Il est d'ailleurs toujours là, chaque soir quand je rentre, me regardant interrogateur. J'ai toujours du mal à trouver l'intelligence dans ce regard. Mais il est là, et j'en suis content. Ludo me demande régulièrement de lui « prêter » Bertrand pour quelques-uns de ses rencards.
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J'ai mis du temps à comprendre que même sans Marie, ces moments restent les miens, que de bons souvenirs, de jolis moments passés avec quelqu'un, ça doit surtout avoir une valeur pour sois. J'ai mis du temps à m'en remettre de toute manière…
Depuis, la vie à pris un tournent déroutant pour moi. Je regarde le temps passer. Certains diraient : Metro, boulot, dodo, c'est ça la vie mon gars. Ceux-ci n'auraient pas tort, si l'on n'y prête pas attention, la vie file droit devant nous, et elle ne nous attend pas pour continuer !
Aujourd'hui, Marie a deux enfants, elle vit à la campagne, dans une de ces maisons nouvelles construite pour attirer les jeunes familles dans les zones rurales. Elle semble heureuse, en tout cas c'est ce que ses publications sur Facebook et ses photos quotidiennes sur Instagram laissent percevoir. Elle a des amis, un homme présent, concret, il n'aide pas tout le monde a rêver. Il exploite son terrain et sait monter un meuble.
Par moment, elle m'écrit un message, me laisse un mot. Nous sommes restés en bon termes, tout simplement parce que je ne voulais pas trop m'éloigner d'elle, après tout… nous avons été heureux ensembles. L & R m'en parlent souvent, « Elle était mignonne, cultivée, tu as eu de la chance de l'avoir… » Ils ne m'aident pas beaucoup sur ce sujet. Mais c'est comme ça, après tout, peut-on en demander plus aux relations de travail avec qui on partage des choses ?
Depuis Marie, notre rupture, les enfants que nous n'aurons pas, le dépôt de rêves sur oreillers devient de plus en plus difficile. J'aime mon travail pour la part d'innocence qu'il permet a tout un chacun de garder. Je dis souvent à mon équipe que nous sommes les garants du sommeil d'une partie de la population.
C'est fort d'avoir se rôle, de contribuer au bien-être du plus grand nombre. Pour autant, l'envie n'y est plus. Je regarde les jours et les stocks d'édredon défiler. Je compte, je vérifie, j'assure les arrières d'une entreprise dans laquelle j'ai investie beaucoup d'énergie et de cœur. Par moment, j'ai l'impression d'y avoir laissé une partie de moi. Raoul me dis régulièrement que je ne devrais pas prendre autant les choses à cœur. Que mon rôle s'est de garantir la qualité du produit, pas le sommeil ni les rêves des clients. Pourtant je ne peux m'empêcher de penser que mon équipe est ce qui se rapproche le plus d'un marchand de sable.
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Fin de soirée, beaucoup de mots, beaucoup de verres. Comme d'accoutumé, chacun reprend sa bagnole pour rentrer du Lion d'Or. Question d'habitude et d'une certaine manière, de virilité. Je me rends vite compte au démarrage de ma C4 que le retour ne va pas être facile. On calme les yeux, on pause la tête, c'est parti. De toute façon personne ne m'attend à la maison à part Bertrand et son insatiable envie d'évacuer.
Me voici sur les routes, tonnerres roulant s'il en est, avec un minimum de précautions pour ne pas abimer un potentiel passant. Je me rends compte au fil des trajets que je n'en ai plus rien à fouttre. S'il devait m'arriver quelque chose, ça serait de bonne guerre, et après tout, je ne manquerais pas à grand monde.
Sachant cela, je m'emballe sur les routes, « I Feel Fine » à plein régime. Les Beatles m'ont toujours fait sourire dans leur musique. Ça fait du bien, pas besoin d'aller plus loin. Deux boulevards passés sans encombre et un rond-point pris de travers et me voici chez moi. Limitations du risque, je suis à 5 minutes du travail. Je me demande toujours comment font L & R pour rentrer de nos petites soirées, et surtout pour les expliquer à leurs proches. De mon côté, aucun problème. Je peux me garer ou je veux, je peux ramper jusqu'à chez moi, à part Bertrand, aucun jugement à l'horizon.
D'ailleurs, l'animal m'attend, sortie du soir, bol de croquette, caresse rassurante. Dans mon petit chez moi, rien n'est laissé au hasard, les encas à droite, le petit dej' à gauche. La douche est accessible dès l'entrée, la chambre aussi. Rien de bien attrayant mais une fonctionnalité à toute épreuve. Le lieu parfait pour un étudiant.
L'économie et les grands projets d'investissement de la ville ont mené les ouvriers à se rassembler dans de petits immeubles sur trois ou quatre étages composés de manière uniforme pour rentabiliser l'espace. Quatre appartements par étages, deux vues opposées, un petit balcon pour chacun.
Je ne suis pas fumeur, du coup l'espace extérieur me sert à faire pousser toute sorte de plante. J'aime les plantes, nous en avions peu avec Marie. Elle avait tendance à les tuer malgré elle. Laura avait coutume de dire qu'une personne qui ne sait faire pousser quelque chose est une mauvaise personne dans son âme. Je pense simplement que la main verte n'est pas donnée à tout le monde.
Tout va bien dans mon petit chez moi, le chien, les plantes, il ne me reste qu'à manger un bout, frigo ouvert, j'embrasse Marie qui a toujours l'air aussi souriante, me sert un panaché de mâche, jambon cru et mozzarella. Un bon repas, une cure de sommeil, pour la suite, nous verrons demain…
En Orient, on a coutume de dire « Qui veille la nuit, se réjouit au matin ». Amusant proverbe puisque chaque nuit depuis le départ de Marie me rappelle à quel point le réveil est difficile lorsque l'on dort peu. Pourtant, j'y entrevois une petite dose d'espoir et comprend l'idée. Je dois être le pire des marchandes de sable, moi qui évite de dormir, qui ne laisse pas de place aux rêves de peur qu'ils m'abiment.
Du coup, ça me laisse le temps de repenser à mon rôle d'emplumeur. D'imaginer légèrement les rôles que peuvent avoir chacun des produits de notre gamme dans la vie des gens. Et si mon ancienne voisine Gislaine, 72 ans, 68'arde émérite, grisonnante, seule avec ses chats pouvait, dans son sommeil, retourner à ses années de liesses populaires. Cette période où elle pouvait démembrer une voiture le matin et s'enivrer jusqu'au bout de la nuit en compagnie de parfaits inconnus le soir. Si la nuit lui permettait de croiser à nouveau André, résistant pendant la Deuxième qui nous avait convaincu avec Marie de signer les papiers pour notre maison. De revivre leurs moments à eux entre danse, évolution d'une société où tout était à construire et enfants, petits-enfants qui découvrait une société évoluant à une rapidité folle.
Les premiers mois de vie dans notre chez nous avait été digne d'un feuilleton de l'été. Acidulées, pleins de rencontres et de temps. Ce temps si précieux qui nous a permis de découvrir notre environnement, les gens qui nous entourent et leurs histoires. Il n'était pas rare qu'à 19h, Gislaine et André passent l'humble haie qui séparait nos logis pour échanger quelques mots autour d'un verre. Des moments très simples ou celui qui avait fait sauter des trains entiers me disait qu'il m'enviait de savoir que j'arrivais à vendre des rêves. Il laissait souvent trainé cette phrase que j'ai noté et garde proche de moi : « T'imagines, si ça se trouve c'est seulement grâce à un mec comme toi que Churchill a sorti son Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur… qui a motivé l'ensemble des british à tenir le choc, juste parce qu'il avait bien dormi et rêvé d'un monde sans l'Infâme. ».
Encore un de ces souvenirs personnels qui construit une histoire et que je me plais à garder. G & A aimaient parler de leur belle époque, de ce qu'il avait pu voir, de la lutte et de la tournure que prenaient les événements, de l'individualisme de plus en plus ancré, de la peur latente qui envahissait notre monde. J'aimais les écouter, percevoir un monde enjoué et une étincelle d'espoir dans leurs yeux. Il n'était pas rare que je prolonge ces moments en accompagnant André au moment de la dernière cigarette. Souvent nous avions bien bu et mon vieil ami rentrait souvent dans des abysses bien plus profonds de son existence. Il parlait de sacrifices, d'engagement, d'amour, de vrai amour. Sa rencontre avec Gislaine était de ses moments hors de toute attente, je le revois encore :
« Tu sais, la vieille mégère toute souriante que tu vois essuyer tes assiettes, elle n'a pas toujours été comme ça… […]