A tous mes morts,

A tous mes morts,

À toutes mes morts,

À ceux qui creusent ma tombe,

Me noient sous les bombes,

À leurs rejets, à leur silence,

À leur colère, à leur absence,

À ce frère que je remplace,

Sans qui je n'ai pas trouvé ma place,

À ceux qui donnent puis reprennent,

Brisent mon cœur, causent la peine,

Au vide qui grandit à chaque départ,

M'affame, me laisse à part,

A tous mes morts,

À toutes mes morts,

A ces mains qui ont sali mon corps enfant,

Qui ne s'effacent pas avec le temps,

Au doute, à l'incertitude,

À la maladie qui m'apprit la solitude,

Trop jeune, trop fort,

A l'éther qui suspendait mon sort,

Aux mille morceaux éparses,

A ceux qui ont abandonné la place,

Aux chers disparus qui me laissent sans fil,

Rendent malgré eux la vie inutile.