À une passante

Océane Viala

19h45.
Boucicaut. Ligne 14. Gare de Lyon. Quai bondé. Zuco supprimé. Costards, blondes en tailleurs, sans abris bourrés, délinquants camouflés, écouteurs vissés aux oreilles. Ma Petite Entreprise. Attendre, attendre, attendre. Éviter les regards. Marcher au bout du quai, faire des allers retours. Lire trois pages des Désorientés : impossible de me concentrer. Stressé. Envie de rentrer, tout de suite. Train à l'approche, bousculades, ventre qui gargouille. Une place libre ? Inespéré. Ça pue. Pue quoi ? Le chaud, les gens. Une proximité imposée, désagréable, prolongée... Et puis un jour, croiser un regard. Son regard. L'Inconnue. Ne jamais l'oublier. Rentrer. Et recommencer.

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