Addiction

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exercices à partir de titres

 L’épopée du buveur d’eau

« Alors voilà, je m’appelle Hortense et je suis une buveuse d’eau depuis 15 ans » dit Hortense.

« Bonjour Hortense » répondent les autres.

Et Hortense raconte. Elle raconte comment elle a tout arrêté la glace, les gâteaux, les bonbons, l’alcool, la viande, le gras et surtout le soda. Celui qui est sucré et pétillant qui chatouille la gorge et nettoie les pièces de monnaie. Hortense est une femme bien. Elle ne fume pas, ne conduit pas, trie ses poubelles mange cinq fruits et légumes par jour, fait du sport et ne boit plus que de l’eau. Hortense est parfaite. Mais voilà Hortense s’ennuie. Ou plutôt elle s’emmerde. Hortense a décidé alors de créer un groupe des buveurs d’eau anonymes pour mettre un terme à la spirale infernale de la perfection parfaitement ennuyeuse.

Commandement numéro un : On arrête d’abuser de l’eau. Il y a d’autres liquides dans la vie.

Numéro 2 : On abuse des graisses une fois par semaine.

Numéro 3 : Les légumes ne sont pas nos ennemis mais les gâteaux non plus

Numéro 4 : Des fois tu peux regarder un dvd avec Jane Fonda sans t’agiter dans tous les sens

Dans la fureur glaciale

« Vas y franchement, si tu marches comme ça, tu tomberas » explique Patrick qui la guidait vers la rédemption verte.

« Bin voyons » maugréa Hortense.

Elle s’avançait sur la chaussée verglacée avec moultes précautions. Le froid lui faisait mal aux joues. Ses yeux coulaient et elle était sure qu’une stalactite pendait de son nez.

Engoncée dans son manteau Hortense marchait comme les manchots du zoo.

Mais elle ne pensait qu’à une chose qu’au but final de la simili expédition à destination du magasin d’état vert. Ses doigts tremblaient peut être de froid. Mais ça n’était pas sur. Elle avait mal partout. Mais ça n’était pas seulement du à la morsure du froid. C’était des douleurs d’envie, de besoin. C’était le manque, le manque d’eau. C’était insupportable.

Patrick se retourna. Il vit Hortense sur les genoux, le visage dans la neige, l’arrière train en l’air, et les mains sur le sol. Il lui dit, moqueur « Hortense, t’es pas du bon côté si tu veux prier. Là c’est l’ouest ». Honteuse Hortense se relève et le regarde. Son visage rougit de froid et peut être aussi de honte.

Le vin de Bohême

Hortense a réussi. Guidée par Patrick, elle est arrivée au magasin vert, la caverne d’Ali Baba où l’alcool est roi. Pour l’occasion Hortense a cassé sa tirelire. La culpabilité la ronge à chaque étiquette, chaque bouchon, chaque bouteille. Hortense sue, s’agite. Elle n’en peut plus. « Vite, vite sortons, sortons acheter de l’eau minérale, non non de l’eau de source ! Mon dieu de l’alcool, mais c’est le diable en bouteille ! ». Hortense bouscule tout le monde sur son passage, sort de System Bolaget en trombe. Poussée par le manque elle surfe sur la glace et se retrouve devant le rayon d’eau de l’épicerie d’à côté. Elle en prend une bouteille d’un litre. Avant même de passer en caisse, Hortense la boit ; d’un trait. Elle se retrouve une bouteille vide à la main, le regard perdu. C’est un échec.

On ne peut plus dormir tranquille une fois qu’on a ouvert les yeux.

De retour chez elle Hortense découragée se remet son vieux dvd préféré de gym avec Jane et retombe dans ses vieilles habitudes de perfection parfaitement ennuyeuse.

Elle se déhanche 30 mn, s’étire, se douche, ouvre une barquette weight watchers et un litre de sainte Cécile. Ensuite Hortense s’endort l’humeur sombre.

-Ma vieille c’était la Bérézina ce matin, entend-elle susurré à son oreille.

-Pffffffff laisse moi tranquille je dors

- Bin voyons et moi je fais un tarot avec Super Tramp

- Alors tant mieux pour toi et bonne chance

-Hortense c quoi ce bazar : tu vois où tu en es ? Tu n’es même plus capable d’acheter une bouteille de vin.

-C’est ta faute aussi tu me culpabilises

-Ha non n’inverse pas les rôles toi tu culpabilises. Moi je suis le ça, l’inconscient et je ne culpabilise jamais.

Moi du vin j’en veux. Des frites j’en redemande, du soda j’en rêve. Alors demain tu bouges tes jolies fesses musclées et sans peau d’orange, et tu m’achètes une bonne bouteille. Et laisse tomber le vin de Bohême je préfère celui de Bordeaux.

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