Adieu
Sylvia Anderson
-Tu n'aurais pas dût venir.
Ma présence n'était pas la bienvenue, mais alors pourquoi ce rendez-vous ? C'était à ne plus rien comprendre mais je supposais que ce ne fut que provocation de sa part. James a toujours était ainsi un brin désinvolte, un brin provocateur.
-J'avais envie de te revoir une dernière fois lui dis-je en le regardant droit dans les yeux.
Quand ma phrase s'évanouit dans le silence de cette nuit glaciale, un soupçon de mélancolie sembla transpercer le regard habituellement froid de James.
Nous étions là, presque comme deux inconnus ne sachant que dire. Il m'avait appelé deux jours auparavant me disant qu'il quitterait la ville pour toujours et que si je voulais le revoir il serait dans le parc près de la mairie.
Ce fut moi qui rompit le silence la première.
-Je ne comprend pas ton départ précipité.
-Rien ne me retient ici.
Un pincement au cœur me fit grimacer mais j'espérais que la pénombre dissimule l ' expression de mon visage. Il ne fallait surtout pas qu'il me voit ainsi.
-Et bien bonne chance à toi alors. Lui dis -je d'une voix que je voulais la plus inexpressive possible.
-C'est tous ce que tu as à me dire ? Belle preuve de ton amour pour moi, me lança-t-il de son sarcasme habituel.
-Amour ! Tu te fous de moi ? Que sais-tu de l'amour ? Tu décides de partir sans raison, sans explication. Mais tu t'attendais à quoi ? Pars ! Vas t'en ! Fuis ! Et ne reviens surtout pas, parce que je ne serais pas là pour t'attendre James. Je suis épuisée de tes non- dits, de tes changements d'humeurs incessants. Alors casse-toi, je ne te retiens pas ! Vas-y fous le camp !
-Hé bien qu'il en soit ainsi. Adieu Lucie.
Notre conversation c'était arrêté là. James s'en alla donc comme je l'avait imaginé ; sans embrassades, sans baisers passionnés et encore moins promesse de retour. D'où j'étais je fixais sa silhouette qui disparaissait de plus en plus, espérant sans doute qu'il se retourne mais ce ne fut évidemment pas le cas.
Les larmes que je retenais tant bien que mal ne débordèrent pas de mes yeux mais bien de mon coeur lasse d'un amour destructeur. Aimer c'est bien trop difficile. Voilà la pensée qui m'animais à cet instant.