Aly.²

Aly.

J'me sentais déjà pas à ma place, rajoutez à ça un sentiment d'incompréhension, j'avais juste l'impression d'être foutrement mal barrée pour cette vie là. J'dépassais pas les sept ans, que déjà j'en avais ma claque de tout ça. Entre temps y'a eu mon petit frère qu'est né, Dorian, le 12 mai 2002, bien sur que j'étais contente d'avoir un petit frère, mais d'un côté c'était m'mettre un peu plus dans l'oublie, bien que j'ai toujours plus ou moins préféré être seule, déjà là je m'isolais beaucoup. L'une des seules personnes avec qui je me sentais bien, c'était ma tante, Nadine, la sœur à mon père, j'serai incapable encore à l'heure d'aujourd'hui d'vous dire c'qu'elle représente pour moi, tellement qu'elle est importante, y'a pas de mots, y'en a pas. Mais elle m'comprennait, elle, j'parlais pas spécialement, parce que les confidences c'était pas vraiment truc, puis si j'disais vraiment c'que je ressentais, mes parents m'aurait sûrement jamais pris au sérieux, tout ça, alors j'ai rien dit, mais rien que dans ses yeux, j'savais qu'elle comprennait. On dit souvent que les personnes les mieux placées pour comprendre votre douleur, sont celles qui ont vécu le pire, c'était tout à fait le cas de Nadine. Elle avait des cicatrices pleins les bras, qu'elle à toujours en plus de celles qui ne se voient pas, j'comprennais pas encore c'qu'elles venaient foutre ici, j'demandais parfois c'que c'était sans trop insister, c'était pas d'mon âge, et sûrement que ça l'est pas aussi aujourd'hui. J'ai compris que bien plus tard, quand moi aussi, j'en ai eu des vilaines cicatrices. Tout ça pour dire qu'avec Nadine, j'me sentais bien, j'aimais bien la voir et même que parfois j'allais en vacances chez elle, quelques jours, et puis chez mes grands-parents paternels aussi, leurs maisons sont juste l'une en face de l'autre dans une petite campagne tranquille et franchement agréable. D'ailleurs, à une certaine période, y'avait des maisons en construction dans c'patlain, et y'avait une air de jeu à cinq minutes de leurs maison, alors avec mon frère et ma sœur, on disait qu'on y allait, et on y allait vraiment sauf qu'on se barrait au bout de dix minutes et qu'on allait jouer dans les maisons en construction, on s'inventait des vies de soldat, on courrait partout parce qu'il y avait une bombe dans la maison et qu'il fallait qu'on s'tire avant d'éclater en mille morceaux d'chaires. Après on rentrait chez les grands-parents, on finissait de manger, parce que toujours quand on y va, Mamie elle achète pleins de gâteaux et elle fait des chocolats chauds, puis même qu'elle nous achetait des livres de coloriages pour pas qu'on s'ennuie et tout.

Bref.

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