Analyse personnelle de l'improvisation

iamlarsen

Analyse personnelle (à portée universelle) de l’improvisation.

L’improvisation, qu’elle soit en musique, dans la médecine (lorsque l’on pense à certains docteurs ayant dû improviser une méthode chirurgicale dans un milieu totalement étranger à celui qu’ils connaissent habituellement) ou tout simplement au théâtre, comme il en sera question dans cette dissertation, nécessite avant tout une technique et une maîtrise irréprochable. L’improvisation a de plus que le jeu « répété » et donc « interprété » qu’elle exige une connaissance stricte de chacun de nos mouvements. C’est le corps qui s’exprime. Mon expérience personnelle ne me permet pas de m’étendre sur l’ensemble des détails techniques exigés par l’improvisation mais je tenterais néanmoins de retranscrire au mieux toutes les sensations ressenties et exigées par mon corps lors des improvisations que nous avons été amenés à réaliser.

Commençons par le commencement, toute improvisation quelle qu’elle soit nécessite un espace nécessaire à l’épanouissement du corps dans sa recherche technique et artistique, pour le Théâtre nous parlerons de « Plateau ». Le plateau est un espace clos, au sens où tous nos mouvements ont une portée limitée, il s’agit d’organisation d’espace. L’acteur, lorsqu’il est sur le plateau a à organiser son jeu selon cet espace qu’il occupe, pour que ses mots (s’il en emploie, car les mots ne sont pas toujours nécessaire dans l’improvisation) et ses actions gagnent un maximum d’amplitude, l’aidant à toucher au mieux le spectateur. En effet, lors d’une improvisation, aucun calcul n’est exercé et l’impact de nos actions scéniques n’en est que plus grand. Chacun de nos gestes est déterminant et exige une rigueur des plus soignée.

Alors de cette rigueur doit ressortir une capacité à trancher dans ses actions. J’entends par le mot « trancher » un impact net et incisif de l’action. Les gestes doivent être clairs pour être immédiatement perçus par le spectateur. Les émotions retranscrites dans l’improvisation ont cette capacité universelle d’être saisissable au premier instant où on les découvre. Le geste créée détermine presque instantanément l’émotion ressentie par le spectateur, d’où la nécessité de cette capacité à trancher dans l’action que j’évoquais un peu plus haut. Par expérience je suis appelé ici à évoquer le mime, car l’un de nos premiers exercices consistait à mimer une émotion. N’ayant encore jamais travaillé sur cette thématique du mime nous étions dans la pure improvisation, mais l’exercice n’était pas un hasard. Le mime intègre en son essence même cette idée d’impact direct. Si l’on vous propose d’imiter une personne triste, votre réaction immédiate sera de vous frotter les yeux pour créer l’impression chez le spectateur que des larmes coulent de votre visage. L’émotion est alors instantanément saisie par le spectateur, de par cette capacité à rompre avec l’inutile.

Et comme nous ne sommes pas toujours seuls sur un plateau et que cette rigueur est exigée par toutes les conditions, par la simple cohérence scénique, l’improvisation doit parfois devenir le jeu du tire à la corde. Sauf que, sur scène aucun gagnant n’est exigé mais simplement un parfait équilibre des forces. Improviser ce n’est pas crier plus fort que votre partenaire de jeu car lui, représente l’hystérie et vous la colère, mais plutôt jouer juste. J’entends par jouer juste le fait de ne pas dépasser l’essence de l’émotion elle-même mais au contraire de s’incliner dans son ombre et dans faire ressortir les plus vifs attraits. On ne dépasse pas l’émotion on la retranscrit de la plus belle des façons possibles, souvent la plus simple. L’expérience d’improvisation est donc extrêmement délicate car au-delà de l’entente intérieure (j’entends avec soi-même), doit ressortir une entente générale des acteurs en action. Cela nécessite une synchronisation des plus naturelles, une envie de jouer avec l’autre comme s’il déterminait lui-même nos actions futures.

Le terme d’improvisation possède donc une connotation plus large que celle qu’on lui donne très couramment, il comprend autant l’individu concerné que les conditions qui l’entourent. Son caractère spécifique se cache en ceci ; elle n’est efficace que si l’on conditionne au possible toutes les alternatives qui nous sont offertes, sans jamais oublier que nous n’avons droit qu’à un seul essai dans l’acte d’improviser, elle tire de ce fait toute sa technicité.

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