Analyse politique personnelle

Dominique Capo

mon regard sur la politique

Je mentirais si je disais qu'hier soir j'ai suivi le débat des « Primaires  de la Droite » en vue des prochaines élections présidentielles. Néanmoins, comme je suis régulièrement l'actualité – y compris dans ce domaine -, et comme les mois à venir vont être riches d'événements liés à la fin du quinquennat de François Hollande, ainsi que l'élection de son successeur, je me suis progressivement forgé ma propre opinion sur ce thème. Par ailleurs, pour tout un tas de raisons, personnelles, ou plus générale, je ne peux – je ne dois – pas demeurer indifférent aux soubresauts qu'elle dévoile.


C'est une amie qui m'a posé un certain nombre de questions sur ce sujet il y a deux ou trois jours, qui m'a donnée l'idée de cet article. Je lui ai aussitôt expliqué mon opinion en quelques phrases. Mais, avec cet article, je vais tenter de détailler au mieux le fond de ma pensée. Je ne crois pas qu'il me sera possible d'aborder l'ensemble des facettes qu'elle contient. Je vais simplement essayer de décrire les principales. Pardonnez-moi donc si j'omets certains aspects. Il faut bien avouer que, si je devais, aussi, m'atteler à de telles explications dans leur totalité, ce n'est pas quelques pages qu'il me faudrait. Mais un livre complet. Or, je rédige actuellement mon ouvrage sur les « Origines idéologiques et ésotériques du Nazisme » qui me prennent beaucoup de temps, d'énergie, de concentration, de recherches, etc. Et si je devais développer aussi profondément que faisable chaque thème que j'aborde dans des textes comme celui-ci, ce sont des montagnes de livres qu'il me faudrait écrire. Je dois donc effectuer des choix. D'autant que d'aucuns considèrent que mon volume de publications – que ce soit ici ou ailleurs – est déjà énorme.


Ceci étant dit, il y a une première chose sur laquelle j'aimerai revenir. Selon moi – mais là encore, et comme tout ce que je vais rédiger dans cet article, il s'agit de mon avis et de mon analyse personnelles -, le quinquennat de François Hollande a été le pire, depuis que la Cinquième République a été instaurée par le Général de Gaulle en 1958. Celui de Nicolas Sarkozy a été effrayant, parce que sa politique a creusé les écarts qui existaient alors entre la « France d'en haut » et la « France d'en bas ». Il s'est targué de redonner à la France son éclat d'antan, son influence économique et géo-stratégique de jadis. Malheureusement, ce ne sont pas ainsi que les faits se sont déroulés. Il a davantage « tapé » sur l'immigration et la délinquance, amplifié la méfiance et la peur envers les « étrangers » vivant sur notre sol. Il a martelé sans cesse le slogan « travailler plus pour gagner plus ». Il a occupé en permanence la scène médiatique en faisant des effets d'annonce vite oubliés parce que les suivants étaient déjà sur le point d'être déclarés. Il a mené sa guerre en Libye, a contribué à détrôner son dirigeant, après avoir accueilli Khadafi comme un prince sur notre territoire. Les premières années de son mandat – jusqu'à ce que la crise financière et bancaire de 2008 ne se dévoile, ont été des « années bling bling » où il a privilégié les réductions d'impôts pour les plus fortunés, tout en insistant sur la nécessité de restrictions budgétaires drastiques au sein de la plupart des administrations dépendant de l'État. Même les plus essentiels d'entre eux, comme la police – alors qu'il fustigeait le fait que la délinquance augmentait – notamment dans les quartiers les plus défavorisés de nos grandes cités -, comme les hôpitaux – alors que le manque de médecins est criant -, comme la justice – en fermant des tribunaux alors que ceux-ci sont engorgés, la tendance était à la baisse des dotations de l'État. Et il a mis en œuvre une doctrine qui, si elle existait déjà plus ou moins, n'avait pas véritablement été révélée au grand jour : la nécessité que les services administratifs utiles aux usagers soient rentables.


On en vu le résultat : non seulement, la rentabilité attendue n'était pas au rendez-vous. Les personnels ont été pressurés à tel point que des vagues de suicides et de burn-out se sont affichées épisodiquement à la une de nos journaux. Mais les dépenses liées à la gestion de notre pays n'ont fait qu'augmenter. Je rappellerais, pour ceux et celles qui ne s'en souviennent pas, que l'une des premières décisions de Nicolas Sarkozy en tant que Président de la République a été de s'augmenter son salaire, d'acheter un nouveau jet plus moderne pour ses déplacements en tant que dirigeant de la cinquième puissance mondiale. Le soir de son élection, il s'est arrêté au Fouquet's, l'un des restaurants les plus chers de la capitale ; avant de rejoindre ses partisans place de la République. Ou que les premières vacances qu'il s'est octroyé quelques semaines plus tard, étaient sur le yacht d'un ami milliardaire. Celles-ci étaient payées par ce dernier. Mais tout de même, alors qu'il y avait des millions de français qui n'avaient pas les moyens de se payer des congés, cela a fait du plus mauvais effet ; il faut en convenir. De la même manière que les quelques exemples que j'ai cité.


Ah, j'oubliais, il y aussi eu l'Affaire Bygmalion et les comptes de campagnes de l'année 2007 truqués dont il « n'aurait eu aucune connaissance ». C'est Jean-François Coppé qui lui a servi de « fusible » afin qu'il ne soit pas éclaboussé. Aujourd'hui encore, Nicolas Sarkozy est d'ailleurs la cible d'enquêtes judiciaires concernant cette période ; puisque l'ensemble de leurs tenants et de leurs aboutissants demeurent dans l'ombre. L'origine des fonds rattachés aux dépassements de budget de sa campagne n'ont pas fini de faire parler d'elles. Entre les octrois de Khadafi – éliminé opportunément lors de la guerre en Libye de 2011 -, les dons « volontaires » de Madame Bétancourt, et les manipulations financières liées à l'UMP, il reste beaucoup de choses à mettre au jour.


Pour en revenir à François Hollande, les effets de son mandat sont différents. Dès le départ, celui-ci a été émaillé « d'affaires » retentissantes. Les péripéties du ministre de l'Économie Cahuzac, qui a caché des fonds en Suisse et dans divers paradis fiscaux. L'affaire Trierweiler et les révélations de son livre, les évacuations de « Roms » qui ont défrayé la chronique, les tensions avec les ministres écologistes de son gouvernement, qui ont entraîné la démission de la plus emblématique d'entre eux, Cécile Duflot. Ses recadrages auprès d'Arnaud Montebourg, le « trublion », et de ses critiques de la politique menée par son président. Les violentes dérives de casseurs en marge des manifestations contre le « mariage pour tous ». Et son impossibilité à soumettre certains maires hostiles à la nouvelle loi, dans le but de la faire appliquer. La courbe du chômage qui n'a cessé de grimper durant tout le quinquennat, et des mesures pour le freiner s'avérant inefficaces, voire contre-productives. Plus récemment, la publication au sein d'un ouvrage de deux journalistes ne cessant de faire polémique, et heurtant les plus hautes instances de la magistrature française ; entre autres.


Il est également que nombre de décisions politiques ont été abandonnées parce qu'elles courrouçaient un certain nombre de corporations. Les impôts n'ont cessé d'augmenter dans tous les secteurs d'activités. La crise agricole que traverse notre pays est de plus en plus dramatique. La réduction du nombre de régions a été un fiasco monumental. A l'origine entreprise pour faire des économies, que ce soit en personnel, en infrastructures, en frais de gestion, elles n'ont fait que pousser les départements et les régions à ponctionner davantage leurs habitants. Puisque l'État se désengage de plus en plus auprès de ceux-ci afin de faire des économies. Ses dotations se réduisent chaque année un peu plus comme peau de chagrin. Et les seuls vers lesquels peuvent se tourner les département et les régions pour récupérer l'argent qui leur manque, ce sont ceux et celles qui vivent sur leurs sols. Car, il faut tout de même continuer à faire fonctionner les services publics qui dépendent d'eux. Même si eux aussi diminuent drastiquement, au grand dam de tout un chacun.


Mais là où le constat d'échec est le plus flagrant, est lié aux multiples attentats djihadistes qui ont eu lieu au cours des deux dernières années. Jusqu'alors, bien que les français soient conscient que le danger représenté par Daesh et l'État Islamique était important, les conséquences sur le territoire national n'était que minime. Vigipirate, en vigueur depuis longtemps, semblait assurer la protection de tous. Or, depuis deux ans, sur ce point précis, les choses n'ont fait qu'empirer. Il y a eu les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher. Il y a eu les attentats du 13 Novembre, ceux du 14 Juillet dernier, l'assassinat du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray. Il y a eu les attaques en Belgique, et liés aux réseaux de fondamentalistes islamistes ayant participé à celles du 13 Novembre chez nous. Soudain, les français ont été confrontés aux pires horreurs imaginables. A des morts et des violences qui, jusqu'à présent, n'avaient lieu qu'en Syrie ou en Irak. Ils se sont rendu compte que la guerre qu'ils supposaient lointaine, virtuelle, était à même d'ébranler les fondations de notre mode de vie. Ils ont vu nombre de leurs enfants adhérer à cette idéologie monstrueuse dont Daesh est le symbole. Ils les ont vu se faire laver le cerveau par l'intermédiaire d'Internet ou des Réseaux Sociaux, sans qu'ils ne s'en aperçoivent ; et pire, sans qu'ils ne puissent rien faire pour l'empêcher. Démunis, impuissants, ils ont vu ceux-ci rejoindre les zones de conflit en se soumettant à un idéal aberrant et totalitaire. Puis, éventuellement, parfois, revenir afin de commettre des meurtres de masse en France.


Les tensions entre communautés ont explosé, Daesh jetant de l'huile sur le feu à chaque fois qu'un attentat était commis en son nom. L'émigration de centaines de milliers de Syriens et d'Irakiens afin de sauver leur vie, et frappant désespérément aux portes de l'Europe pour demander asile, les ont encore plus exacerbées. La méfiance et le ressentiment se sont développé. Et nos politiques, de Droite comme de Gauche, ont soufflé sur les braises de cette hystérie collective à des fins uniquement électoralistes.


Autant à Droite qu'à Gauche, le durcissement de la politique migratoire est devenu un enjeu de premier plan. L'Islam est devenue une cible de choix pour ceux et celles qui ont avantage à confondre Islam et Islamisme. Robert Mesnard en est la parfaite incarnation. Et l'Extrème-Droite attend en embuscade pour propager ses idées délétères, autarciques, et conservatrices vis-à-vis de l'Europe, de l'étranger, ou du non-chrétien.


Le pire, c'est que ceux et celles qui prônent cette orientation politique sont conscient qu'à court et moyen terme, elle ne va faire qu'affaiblir la France dans tous les domaines. Dans un monde mondialisé qu'on ne peut modifier, tellement son empreinte est puissante sur notre mode d'existence, cette orientation politique conduira notre pays droit dans le mur. Et notre modèle social si spécifique avec. Notre économie, notre influence dans le monde aussi.


Les difficultés que rencontrent la France depuis près d'une quarantaine d'années maintenant ne viennent pas de l'extérieur. Ni l'Islam, ni l'étranger, ne sont les causes de celles-ci. Si nos politiques s'appuient sur de tels thèmes jusqu'à plus soif, c'est pour détourner les populations des véritables causes de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Il faut déjà se souvenir que nous avons tous une part de sang « venu d'ailleurs » en nous. Un français « pure souche » n'existe pas, n'en déplaise à Monsieur Nicolas Sarkozy qui, depuis quelques mois, se fait le chantre de l'identité nationale. Lui-même devrait le savoir, puisque sa famille est originaire de Hongrie. « La spécificité européenne », s'écrie-t-il alors, « et ses origines chrétiennes ». Nicolas Sarkozy est un excellent tribun, il faut bien lui reconnaître cela. Parmi nos hommes et femmes politiques, il est certainement l'un des meilleurs. Toutefois, ce qu'il oublie, c'est qu'il n'y a pas si longtemps que cela, avant guerre, les étranger qui venaient voler le travail des « bons » français étaient polonais, italiens, espagnols. Après la guerre, lors de la reconstruction de notre pays, ce sont ces mêmes français qui sont allé chercher des travailleurs supplémentaires au cœur de nos anciennes colonies, pour contribuer à remettre notre pays debout. Comme ils y travaillaient – souvent des emplois pénibles et moins bien rémunérés que ceux des « bons » français -, ils s'y sont installé. Ils y ont fondé des familles, y ont eu des enfants. On les a parqué dans des cités-dortoirs qui sont devenues les « banlieues chaudes » d'aujourd'hui. On les y a progressivement abandonné, laissant la place au dealers et autres. Parce que l'État – et son autorité – les avait délaissé. Parce que les infrastructures nécessaires à qu'ils aient accès à des emplois, à leur intégration au sein de la communauté nationale, s'étaient dissipées. Et nos politiques de s'étonner que ces « cités » flambent, qu'elles soient le repaire de gens qui se replient sur leurs communautés, sur leur religion ; quitte, pour quelques-uns, à tomber dans l'extrémisme.


La politique menée par nos gouvernants au cours des dernières décennies est la seule responsable de cette situation. Pire encore, 99 % des habitants de ces quartiers n'ont aucun lien avec les délinquants et les dealers qui y font régner leur loi. Au point que, même la police, les pompiers, les médecins, n'osent plus y pénétrer, de crainte d'y être caillassés. Ces voyous, qui montent à Paris en marge de manifestations à peu près pacifiques, ne sont qu'une minorité. Généralement, la police sait qui ils sont. Mais ils n'ont ni les effectifs, ni le matériel, ni l'appui de leurs supérieurs, pour y être efficaces. De peur que l'ensemble des banlieues chaudes de nos grandes villes s'embrasent comme en 2005.


Alors, on colmate comme on peut. On se félicite dès qu'un réseau est neutralisé, et que ses membres sont mis derrière les verrous. Tout en sachant pertinemment que, dès le lendemain, d'autres trafiquants auront pris leur place. Que les effectifs sont insuffisants pour se heurter aux véritables diffuseurs de drogue, de haine, d'intégrisme, de violence. Et, aussi, que dès le lendemain, ou dès le jour même parfois, ceux qui ont été interpellés, sont remis dehors. Parce que la justice, elle aussi, n'a pas les moyens pour traiter leurs dossiers rapidement. Parce que les prisons sont surpeuplées. Parce la priorité des autorités est de « montrer » à grand coup de publicité, qu'elles sont à l'œuvre. Alors qu'en fait, elles savent que tout cela n'est que de la poudre aux yeux. Un minuscule sparadrap sur une jambe de bois.


Je pourrais disserter encore longtemps sur tous ces points qui sont à souligner. Je pense que ce n'est pas la peine. Chacun et chacune est conscient de l'ampleur de la tâche à accomplir pour redresser la France. Les faits parlent d'eux-mêmes. L'actualité que nous lisons dans les journaux, que nous écoutons à la radio, que nous voyons à la télévision, nous le rappelle constamment. Jusqu'à l'overdose parfois. Ce qui nous est le plus souvent offert, à nous quidams qui n'avons pas – ou que peu - accès aux instances qui nous gouvernent, est destiné à détourner notre attention. Il est vrai qu'il est plus important de parler des JO de Rio, de l'Euro 2016, que d'évoquer les véritables problèmes auxquels nous sommes confrontés. Il est vrai qu'il est plus aisé de désigner les étrangers comme coupables de nos maux, plutôt que de s'interroger sur les raisons qui font qu'ils fuient leurs pays.


Dois-je rappeler que la Guerre d'Irak a été déclenchée par les États-Unis afin, en partie du moins, de mettre les réserves de pétrole gigantesques que recèlent les sous-sols de ce territoire ? Dois-je rappeler que si la guerre civile en Syrie dure, c'est que son dirigeant est protégée par la Russie de Vladimir Poutine ; parce que ce pays a une valeur géo-stratégique énorme à ses yeux ? Dois-je rappeler que Daesh est une émanation d'Al-Qaïda ; organisation alors financée à la fois par l'Arabie Saoudite et l'Occident durant les ultimes années de la Guerre Froide dans le but d'affaiblir en Afghanistan l'Union Soviétique ? Et qu'aujourd'hui, que ce soit Al-Qaïda ou ses successeurs, ceux-ci se sont retourné contre leurs anciens « maîtres ». Parce que leurs membres n'ont pas oublié qu'il n'y a pas si longtemps, leurs pays ont été des colonies occidentale. Parce que la Religion est le seul refuge que ces extrémistes peuvent mettre en avant afin de se sentir fier de la civilisation dont ils sont issus.


Ce que nous subissons, nous, occidentaux, aujourd'hui, de la part de Daesh est consort, n'est que le retour de bâton inévitable de nos outrances à l'encontre de populations que nous avons exploité hier, et que nous continuons d'exploiter aujourd'hui. Doit-on approuver cette situation pour autant ? Non, bien-sûr que non. Ces barbares doivent être défaits, éliminés, supprimés. Car l'Islam dont ils se servent comme étendard est à mille lieux de la haine et de la violence qu'ils emploient. Il s'agit juste d'une explication – brève, car il faudrait entrer dans des détails qui, si intéressants, si fascinants soient-ils, ne sont pas le sujet principal de ce texte. Là-aussi, j'aurai besoin de davantage que quelques pages pour décrire ses tenants et les aboutissants. Toutefois, la genèse de ce que nous vivons s'y trouve. Et nos politiques, de Droite comme de Gauche, se contentent juste de suivre un modèle de civilisation qui a changé depuis longtemps.


Car, pour en revenir à l'essentiel, ceux et celles qui nous gouvernent – à Droite comme à Gauche, alternativement – aussi diplômés et issus des plus hautes écoles de la République soient-ils, se contentent de gérer au mieux. Ils n'ont aucune vue à long terme des attentes et des besoins des français. Ils n'ont aucune référence concernant l'évolution de notre monde actuel.


Les modèles sur lesquels ils fondent leur pensée politique a trente, quarante, ou cinquante ans de retard. Ils en sont encore à s'appuyer sur les automobiles à moteur à combustion – nécessitant de l'essence -, alors que l'avenir est à la voiture électrique, qui se conduit et se gare seule. Ils parlent emplois dans l'industrie, alors que l'économie verte ou numérique est celle de demain.


Lorsqu'on les entend, à Droite, ils mettent l'entreprise au centre de leur idéologie, sans penser que c'est l'homme qui lui permet de fonctionner. Ils voient les entreprises comme des entités vivantes, dont le but est la rentabilité et la satisfaction des actionnaires. Ils voient leurs employés comme des outils jetables et remplaçables à l'envi lorsque l'un d'eux est trop vieux – à partir de cinquante ans – ou défectueux. Ils considèrent que les jeunes n'ont pas assez d'expérience, malgré tous leurs diplômes, sans leur donner l'opportunité, justement, d'en acquérir. L'homme est, à leurs yeux, un consommateur qui n'a pour fonction que de consommer. Il n'est qu'un rouage au service de l'économie planétaire.


A Gauche, c'est différent. Nos dirigeants en sont encore à la lutte des classes. Au prolétariat triomphant qui doit mettre à genoux les « patrons ». Ils pensent que l'industrie, et le monde ouvrier qui lui est rattaché, a toujours de l'avenir. Ils considèrent que la Gauche de Jaurès ou des Congés Payés est encore d'actualité. Que la classe laborieuse et prolétarienne est empreinte d'idéologie où le bien commun, où la fraternité, est une valeur essentielle. Alors que celle-ci ne cesse d'agoniser à grands coups de plans sociaux et de délocalisation dans des pays à faible coût. Alors que l'individualisme, et le matérialisme sont devenus des objectifs communs dans nos sociétés occidentales.


Et ce sont ces politiques, qui ne sont que rarement et péniblement en phase avec la civilisation néo-capitaliste, ainsi que les immenses défis qui se posent à elle, qui souhaitent nous gouverner. Ce sont eux, qui n'ont pas été capables, depuis quarante, avec les idées obsolètes pour réformer la France qu'ils proposent, qui se présentent à nous pour nous dire : « Je suis le plus à même de faire ce qu'il faut pour redresser notre pays. ». Ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande, n'ont l'imagination nécessaire pour cela. Leurs façons d'envisager des solutions « concrètes » - ce qu'attendent nos concitoyens, finalement – sont à mille lieues de la réalité. Issus de leurs cercles, de leurs hautes écoles, ils sont passé de théories périmées aux plus hautes instances administratives ou gouvernementales.


Il suffit de les entendre discourir pour se rendre compte qu'ils ne vivent pas dans le même monde que le commun des mortels. Ils se déplacent en jets, en taxis, descendent dans des suites aux sommes faramineuses, dont le plus souvent ils ne payent même pas la note. Ils mangent quotidiennement dans des trois étoiles, s'habillent chez les plus grands couturiers, ont des salaires de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Alors que l'immense majorité des français prennent journellement le métro, connaissent des fins de mois où leur compte en banque est dans le rouge. Ils voyagent en train, ou en voiture, à leurs frais. Ils ne vont au restaurant qu'exceptionnellement. Ils ont des emplois au SMIC, quand ce n'est pas moins. Ils 'habillent dans de grandes enseignes, vont au supermarché pour faire leurs courses.


Ce n'est pas parce qu'on serre des mains lorsque les échéances électorales approchent, ou qu'on se fait ovationner au cours de meetings, que l'on est informé du quotidien des français. Ce n'est pas parce qu'on débat, qu'on participe à des conférences, qu'on discute deux minutes devant les caméras avec l'un d'eux parce qu'il fera « bien » à l'image, qu'on sait ce qu'on espère de notre futur chef de l'État.


Tous ces candidats s'estiment légitimes. D'un versant à l'autre de l'échiquier politique, extrême-droite, et extrême-gauche compris dans une certaine mesure, pensent incarner la France et ses habitants. Encore hier soir, ils nous l'ont prouvé lors du débat pour les Primaire de la Droite et du Centre. Leurs échanges, lissés, leurs propositions, se ressemblant toutes à peu de choses près, ne convainquent que leurs partisans les plus fidèles. Ceux qui agitent leurs drapeaux et qui crient leurs noms comme des « groupies » au cours de leurs meetings. Quelques dizaines, quelques centaines de milliers de sympathisants répartis dans toute la France. A Droite comme à Gauche.


L'immense majorité des français, elle, ne croit plus à ce qu'ils proposent. Si les français votent à Droite, c'est parce que la Gauche au pouvoir les a déçu. S'ils votent à Gauche, c'est parce que la Droite au pouvoir les à déçu. Alternativement, à chaque échéance, ce processus se renouvelle. Les français, en leur for intérieur, n'a plus confiance en eux. Mais ils continuent, parce que la place de Président de la République est confortable, qu'elle octroie des avantages non négligeables. Tandis que les français, eux, désespérés, se réfugient dans les bras de l'Extrème-Droite, dont les thèmes récurrents divisent et attisent les haines, les violences, les déchirements. Et dont les solutions, si un jour elles sont mises en application, mèneront à une catastrophe plus grande encore.


C'est ce que nous a démontré le débat d'hier soir. C'est ce que nous démontrerons les prochains, s'ils sont diffusés à la télévision sur une chaîne ayant une forte audience, et à une heure de grande écoute. C'est ce que nous démontrerons les débats des candidats de Gauche à la Présidentielle aussi.


Alors, quelles sont les solutions, dans ce cas, me direz-vous ? Elles existent, c'est certain. Il y en a énormément, puisque tout est à réinventer. Plusieurs options me viennent immédiatement à l'esprit, tandis que j'écris cette conclusion : l'économie verte, les services à la personne, les technologies de demain sont des secteurs vecteurs d'emplois. Les circuits courts dans le domaine de l'alimentation, les énergies renouvelables, en sont d'autres. On ne peut faire l'impasse sur eux si on désire participer à la marche du monde de demain. Le seul hic, c'est que tout ceci nécessite énormément d'investissements, à courts, à moyens, et à long terme. Pour cela, il faut dépasser les visions à brèves échéance qui s'en tiennent aux prochaines élections. Or, il semble que nos politiques soient incapables de se remettre en question sur leur manière d'imaginer le monde de demain, ou la responsabilité qui est la leur dans cet échec. Et, au vu de ce que je visionne quotidiennement aux informations télévisées, il apparaît que ce ne soit pas près de changer.


C'est donc ailleurs qu'auprès de nos politiques que les choses sont susceptibles d'évoluer. Néanmoins, je ne suis pas devin. Et au regard de ce que j'en discerne pour le moment, je ne sais pas d'où ce sursaut – vital, nécessaire, utile – viendra...

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