Anatidaephobie

Caïn Bates

      Je me réveille en sursaut, mon duvet trempé par la sueur. Il est deux heures du matin et un froid de canard règne dehors, me rappelant que la nuit est encore longue et que ce que je venais de vivre n'était que le vilain petit canard de celle-ci.

     Il était là et me fixait. Percé à jour, je me grattais encore frénétiquement le cou tant ce cauchemar m'avait effrayé, lointain souvenir de mon pull à col vert roulé qui m'a irrité lors de notre première rencontre. La bête s'approchait de plus en plus au fil des mauvais rêves, et dans celui-ci elle était sur moi, dans mon lit. J'ai presque cru ne jamais me réveiller, il était temps.

     Décidé à sortir de mon nid pour aller prendre une gorgée d'eau, j'attrape ma canne pour éviter de marcher comme un canard boiteux tout en me dirigeant vers ma salle de bain. Arrivé sur place, je commence à remplir un verre avant de jeter un regard dans le miroir. Je le vois, il est là, derrière moi, dans un coin de la pièce. Je reste crispé pendant de longues secondes qui me paraissent des années tandis que ses yeux me fixent. Son bec commence à s'ouvrir lentement. De peur, je laisse tomber ma canne, mais dans un moment de lucidité je décide de m'élancer sur la première arme à ma portée : le balai-brosse Canard à quelques centimètres de moi. Je me rue au sol pour l'attraper et me retourne en le pointant en direction du coin.

     Rien. Le monstre avait disparu alors que je m'apprêtais à lui voler dans les plumes. N'étant pas une oie blanche, je savais néanmoins l'avoir vu. Rien que la peur qui s'installait en moi à ce constat me donnait des nausées, me faisant presque régurgiter le magret de la veille.

    J'ai attrapé ma canne et me suis relevé sans trop de soucis, déterminé à me recoucher pour faire cesser ces hallucinations, sûrement causées par la fatigue. Néanmoins, arrivé de nouveau dans ma chambre, je le vis une fois de plus. Il était là, enveloppé dans ma couverture, ses pieds palmés se dessinant sous elle, plongeant de nouveau son regard dans le mien. Je me suis de nouveau figé alors qu'il ouvrait une nouvelle fois son bec, laissant échapper le bruit le plus terrifiant que je puisse jamais entendre, un «COIN» d'une violence inouïe qui fît presque exploser mes tympans et trembler les murs de mon nid d'amour...

    Je me réveille en sursaut, mon duvet trempé par la sueur. Il est deux heures du matin et un froid de canard règne dehors, me rappelant que la nuit est encore longue et que ce que je venais de vivre n'était que le vilain petit canard de celle-ci. Et alors que je suis décidé à sortir de mon nid pour aller prendre une gorgée d'eau, je tente d'attraper ma canne et me rend compte que mes membres sont semblables à ceux de la bête. Pris de panique, je hurle de toutes mes forces:

                     « COIN ! » 

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