Apathique.

assilem

"Qui c'est cette fille?" Encore et toujours la même question. Elle est discrète, insignifiante, d'une banalité sans nom. Personne. Elle n'est personne.

Premier; incipit.


Les yeux baissés sur mon livre, je marche. J'ai le goûts du risque, et du ridicule, sans doute; car je lis en marchant. Mes pieds avancent, se lèvent, retombent au sol; je connais le chemin, je n'ai pas besoin de regarder devant moi. J'avance et accuse les regards importuns des autres; planquée derrière mon bouquin.

Je n'aime pas le monde, je n'ai jamais aimer ça. Je suis une isolée, évadée du monde; une fugitive. Je fuis les autres, la foule, les gens, les Hommes, les sentiments, les maux. Pourquoi s'offrir aux autres? Je n'y vois aucun intérêt. La solitude me comble ainsi de joie, elle me plait et me rend libre. Aucun attachement ne compromet mes réflexions, aucune entrave aux décisions. Je les observes, je les étudies et les admires, ces innommés. Ils m'intriguent. Je ne les comprends pas, cependant. 

Réfugiée d'entre les pages, j'avance encore. Huit heure cinquante-neuf; je suis en retard. Un fatras d'improbabilités quotidiennes ne me laisse pas la chance d'être scrupuleuse à la ponctualité; pour mon plus grand désarroi. 

La porte s'ouvre à neuf heure et quart. Je m'excuse, m'avance à ma table, le livre contre le coeur.

-"Vous êtes?" me lance le vieux bonhomme, planté devant ma table et ainsi semblable à une pique de glace. Il attends ma réponse; tapotant du pied, croisant ses mains, me disséquant des yeux.

-"Mélissa Lone, marmonais-je.

-Mélissa? Sans doute. Vous êtes en retard."

Silence, je ne réplique pas. C'est une évidence: je suis effectivement en retard. Mon professeur semble perspicace. Mon prénom ne lui dis rien, tant mieux. Je demeure inconnue, et n'attire pas les regards. Les autres semble pris d'une torpeur générale. Parfait. Je m'enfonce sur ma chaise, les yeux baissés sur une table vacillante, tandis que la perspicacité s'éloigne. Mes yeux, sans un réel accord de ma part, devinent les écrits  absconces étalés sur ma table; "Harnold aime Juliette", passionant. Mon bouquin me manque. 


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