Apocalypse Manifesto

Eclat De Nuire

Ce pourrait être n’importe quand, à n’importe quel endroit.
Il suffit juste qu’existe le plancher vernis de l’illusion.

OSKAR :
Ce n’est pas le soir d’un coma espéré, au jour d’un éthylique espoir immaculé que j’apparais dans ce théâtre.

INES :
C’est un soir comme les autres. N’est-ce pas le cas, Oskar ?
Qu’est-ce qui le distingue des autres, au fond ?

OSKAR :
Ce n’est pas un caprice, ni une manière de plus pour frapper sur la joie de vivre.

INES :
Votre présence, me direz-vous. Votre présence au milieu de ces corps sans vie.

OSKAR :
Jusqu’ici, une seule image m’a mené

Une scène.
Une scène crevée par de longs couteaux aux traits rudes et cassés.
Une brume poussiéreuse rampant dans la salle

OSKAR :
Une brume d’automne. Et des rideaux rouges agités comme un jour de grand vent.

Du plastique. Que du vent.

INES :
Votre présence. A priori l’une des choses les plus banales de l’existence, n’est-ce pas ?

Non

INES :
Ce soir. Ce soir comme les autres. Vous êtes le seul à être là.

D’habitude, il n’y a personne.

OSKAR :
Ne vous demandez pas ce qui justifie cette inhabituelle présence.

Elle se contente de l’observer.

INES :
Ce soir, j’interprète la mort pour mieux plaire.

Elle pastiche.

INES :
Je pastiche ces vies assises là devant moi. Je conte ces vies, ce bruit et cette fureur qui ne signifient rien.

Comme tous les soirs.

INES :
Mon illusion est malade.

OSKAR :
Déshabillée, mais jamais saisie.

INES :
Un soir comme les autres.

OSKAR :
Comme tous ceux où aucun mot ne perce la régularité de ce quotidien figé qui suinte des corps enfoncé dans les fauteuils.

INES :
Odeur douceâtre de cadavres qui n’ont pas su vivre.

Comme tous les soirs.

INES :
J’arrive trop tard sur les planches de mon artifice.

OSKAR :
Les corps installés autour de moi ne remplissent plus rien.

Comme tous les soirs, une foule de mauvais pantins, simples et inutiles ; des dépouilles grouillantes de vilaine mécanique…
De la rouille. De l’habitude et de la rouille, de l’automatique cliquetant de précision, lustré par le temps huileux de l’ordinaire ; seulement, comme tous les soirs : du plastique et du vent.

INES :
Et dehors, Oskar ?

Dehors ?

OSKAR :
Le ciel n’est pas bleu, il n’est pas immense, il n’est pas infini, il est tout de plâtre, tout de clous et de boulons, fixe, imperturbable, muet comme du bois mort. Dehors il y a d’autres murs, pas de pierres, pas de briques, de grandes murailles de principes, infranchissables, inatteignables, des montagnes de mensonges, et qui ne sont même pas des mots.

Dehors…

OSKAR :
Le sol n’est pas de velours et de parquet, chaotique, coléreux et tremblant ; il est de terre, souvent de marbre, toujours de tombes et de silence pour ceux qui tombent bas. Dehors

Et à l’intérieur, Inès ? Qu’est-ce que tu vois à l’intérieur ?

INES :
à l’intérieur…
Peut-être qu’à l’intérieur, cela ressemble au dehors. Mais en plus exigu.

OSKAR :
Non.
Dedans ne connaît pas de frontières. Regarde tes rideaux ; ils sont comme autant d’océans rouges.
Il suffit de les agiter. Briser l’immobilité du silence. Ne pas les laisser pourrir en illusions chétives. Les soulever pour aller voir plus loin. Ailleurs, pour trouver du nouveau.
 Le moment où tout bascule alors qu’on lève le voile.

INES :
J’ai envie de crier.

OSKAR ET INES :
Réponse à dangereuse époque :
Manifesto.

Ça ne peut pas se passer comme ça

INES :
Je voudrais crier mon RIRE.
Un magnifique rire MONSTRUEUX et DISCORDANT.

Ça ne peut pas se passer comme ça.

OSKAR :
CACOPHONIQUE. Un ECLAT DE NUIRE que nous répandrons sur les âmes qui ont brisé
 l’ ESPOIR.

Arrêtez.

INES :
Arrêter par nos maux votre si belle harmonie qui ne laisse même plus sa place au SILENCE.

Arrêtez !

OSKAR :
Je voudrais que ma SUBVERSION vienne réchauffer vos êtres. Vous réchauffer jusqu’à ce que vos cœurs se flétrissent sous ma MALICE.

Ça ne peut pas se passer comme ça !

INES :
Je voudrais que les notes de vos vies désertent la partition, charmées par ma TRANSGRESSION.

OSKAR :
Je voudrais VIOLER les lois que  vous faites semblant de comprendre.

INES :
TOURNER la page.

OSKAR :
DERANGER par la violence de nos mots l’inertie de vos discours.

Taisez-vous. Ceci n’est pas votre rôle. Vous n’êtes personne pour brandir ces mots à la face des gens. Vous n’êtes que des illusions, aussitôt oubliées lorsque cette page sera tournée. Vous n’êtes rien, vous n’existez pas, vous ne changerez rien. Vous ne vendez qu’un rêve dangereux, que d’éphémères idées.
Ça ne peut pas se passer comme ça.
Vous n’êtes que des mots, vous ne détruirez rien.

INES :
Ceci est une REPONSE.

OSKAR :
TRANSGRESSION.

INES :
Un ULTIMATUM. Epitaphe incandescente de la part de ceux qui ne veulent pas de vos vies.

OSKAR :
SUBVERSION.

INES :
Un message de la part de ceux qui récoltent des parcelles de cet espoir brisé par les gros sabots de vos HABITUDES.

OSKAR :
ABSURDONS.

INES ET OSKAR :
REPONSE A DANGEREUSE EPOQUE ;

ART : TERRORISME

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