Apocalyptique love
[Nero] Black Word
Une des pires idées de ce monde dévasté, s'arrêter en étant poursuivi par la mort. C'est pourtant ce qu'il fit en se retournant.
Il s'arrêta en pleine course et se retourna face à ses assaillants affamés de chair et de mort, son groupe de survivant s'arrêta peu après. Certains pleuraient de peur, d'autres le traitèrent de fou inconscient, les derniers sortirent leurs armes près à vendre chèrement leurs peaux. Plus les chasseurs s'approchaient, plus le groupe reculait.
Lui resta-la, les poings serrés, le cœur s'affolant et le regard fixe. L'armée des morts s'approchait encore, prêt à le dévorer vivant, lui, l'avait vu avant cette course folle. Au fond de lui il savait que ce qu'il faisait était du suicide pure et simple, c'était comme se tenir nu à bras ouverts devant la grande faucheuse, les yeux plongés dans les siens, en attendant de sentir sa lame froide et impitoyable tranché son corps et sa vie.
La moitié de son groupe l'avait déjà abandonné à sa folie, courant à en perdre haleine pour ne pas subir le même sort que lui. Les autres pleuraient, l'interrogeaient, l'engueulaient, le suppliaient de ne pas rester, les fusils pointés sur la vague damnée. Lui, qui était resté impassible dans sa folie était apprécier et utile dans le groupe.
Il y avait pensé bien malgré lui depuis longtemps, se rappelant que ces morts fous n'avaient pas perdus leurs capacités à réfléchir, il y avait repensé et avait fini par s'en convaincre à moitié pendant qu'il courait. Il serrait les dents, se disant qu'il était belle et bien fou de mettre sa vie en péril pour quelque chose qui avait peu de chance d'être fondé, mais il l'avait vue avant cette prise en chasse, il savait qu'elle était là.
En la voyant ses souvenirs firent leurs travail, lui rappelant cette belle époque. Se rappelant de sa bouche et de son corps, de son amour et du bonheur qu'ils connurent ensemble. En l'observant il se rappela, son attitude était la même malgré son état d'aujourd'hui.
Il ne pouvait pas s'expliqué pourquoi ou comment mais, bravant son instinct de survie tenace, il décida de prendre le risque. Se disant que dans ce monde ou la mort est roi, ou rester en vie quelques semaines tenait du miracle, et ou le désespoir pouvait vite mener au suicide, autant mourir pour une raison qui tenaient à cœur.
Elle était là, en tête de course. Elle courait comme si son bonheur en dépendait. La peau sale, les vêtements déchirés, le regard brûlant, le sourire d'une bête, elle ne le quittait pas des yeux, comme les autres.
Se retenant de prendre ses jambes à son cou, ce qui aurait été sensé de faire, ordonnant à tout son corps de resté calme, il l'attendait. Mordant sa lèvre, contenant ses intestins, retenant ses larmes, maîtrisant ses tremblements. Le temps que les morts-vivants mirent à venir jusqu'à lui dura, à ces yeux, une insupportable éternité.
Un cri de furie résonna dans le calme du néant.
La troupe de mort s'était arrêtée à quelques mètres, les survivants qui avaient eu la folie de rester retenaient leur souffle. Tout se figea comme si une photo venait d'être prise et que le flash avait paralysé l'instant. Tout le monde attendait le dénouement.
Elle avança seule jusqu'à lui d'un pas calme et mesurer. La flamme de ses yeux, son sourire, avait disparu. Elle se retrouva face à lui.
Leurs regards se plongèrent mutuellement l'un dans l'autre. Il eut l'impression stupide que rien n'avait changée, qu'elle était toujours là avec lui, qu'ils ne s'étaient jamais quittés. Mais il savait que cette pensée était stupide, il ne pouvait pas le nier. Il était conscient de sa peau sale et blessé, de ses griffes qui perçaient la chair, de son regard d'animal affamé, de sa bouche dégoulinante de sang à l'odeur infecte de la mort. Elle rapprocha son visage du sien.
Leurs visages semblaient sur le point de se toucher, de loin ils donnaient l'impression de s'embrasser. Elle sortit sa langue, lui ouvrit la bouche, mais toujours sans le moindre contact.
Son cœur anxieux et paniqué le fit trembler jusqu'à son souffle qui s'échappa par sa bouche grande ouverte, elle le sentit et retira sa langue. Elle le regarda avec tout l'amour qu'elle lui avait donné autre fois et qu'elle pouvait encore lui témoigné, elle lui parla d'une voix incroyablement calme :
« Je me souviens, mon amour, mon frère, je me souviens putain. Merde tu me manque. J'ai envie que tu me baises comme avant, j'ai envie que tu me baises jusqu'à l'os. Préviens-moi quand tu voudras qu'on se retrouve enfin. »
Les lèvres se touchant presque, ils partagèrent leurs airs dans un baiser imaginaire. Elle fit demi-tour brusquement et s'éloigna. Lui resta immobile.
Les larmes aux yeux, le corps tremblant, les poings serrés, le teint sirupeux, le souffle haletant, l'esprit embrouillé. Il finit par faire l'effort de se retourner sans regarder derrière lui. La horde de mort repartie, comme si la faim leurs étaient soudainement passé. Les survivants s'acculèrent autour de lui, cherchant une trace d'infection, demandant des explications.
Il n'avait aucune raison à donner, il ne pouvait pas faire comprendre aux autres ce qui était arrivé, ni leur dire pourquoi.
Elle l'attendait, simplement. Au prix de sa vie il la retrouverait, s'il abandonnait son esprit à la démence. Mais rien ne pourrait être comme avant.
Il marcha avec les survivants, se murant dans le silence, se posant une pluie de question. Que faire et pour quelle raison.
Ils rentrèrent dans leur sanctuaire de fortune, les autres furent surpris de voir que ceux qui étaient restés étaient encore en vie. Ils parlèrent de ce qui était arrivé, de lui ce tenant seul face à elle au mépris du danger. Ils cherchèrent la moindre trace d'infection, prêt à le tuer si la dégénérescence ce manifestait. Le questionnaient avec acharnement sur ses raisons, sur ce qu'il avait apprit. L'engueulaient pour son inconscience en ajoutant qu'il les mettait tous en danger, qu'ils n'hésiteraient pas à le tuer si le pire arriverait.
Le soir vint et apporta le calme dans le groupe. Après un petit dîner ils se couchèrent. Lui, ne trouvant pas le sommeil, montait la garde avec deux autres hommes. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce moment, à elle, à la mort qui était venus l'embrassé, à son amour qu'il aurait pu retrouver.
Toujours dans le silence, il observa les alentours. Ce disant que quelque part elle était là, elle l'attendait.