Après ton cœur, je veux prendre tes mains...

Il y a un garçon assis dans l'herbe, juste sous le ciel...

Adossé contre le mur, tu regardes la fumée. Tu la repousse sans vraiment vouloir qu'elle s'en aille.

Une fumée étrange, absurde, qu'il ne faut pas garder. De la poussière qu'il faut oublier, laisser s'envoler loin du toujours de l'éternité.

Il ne fait pas froid dehors. C'est tiède, sans bruits. La balançoire ne bouge pas. Les branches des arbres sont raides, comme ton dos… Tu es fatigué.

Tu as souvent tout porté seul, trop souvent.

Parfois c'est lourd, trop lourd.

Les larmes, les regrets, les questions, les désespoirs, les gens… Tous ces cons. Ces cons beaucoup trop cons.

Et la musique... Elle était tout le temps là.

Aujourd'hui elle fatigue un peu elle aussi, mais t'inquiètes pas, juste un peu.

Comme un somnifère qui a sommeil...

Il faut seulement qu'elle se repose pas longtemps. Ne t'en fais pas, je te dis qu'elle reviendra. Tu le sais toi aussi, elle te l'a promis.

Et moi aussi, maintenant je serais tout le temps là...

Une voiture passe, tu ne baisses pas les yeux. Non, tu les gardes bien hauts. Leur bleu est éclatant... mais le noir de la nuit pas autant.

Tu attends d'être deux à nouveau.

Moi aussi j'attends... je t'attends. Après ton cœur, je veux prendre tes mains. Tout contre toi, les serrer contre moi.

Ce soir il est tard et tu souris. Tu as compris que tu as deux vies. Elles s'étaient déjà croisées, mais là ça y est elles sont unies.

Elles vont vivre ces vies, parce qu'elles en ont envie.

Tu jettes ta cigarette. Tu l'écrases bien fort sur ta douleur, ce soir elle a quitté ton cœur.

   Cécile.