Arbitraire

Jean Marc Kerviche

Retrait de trois points sur le permis

Vendredi soir 11 Mars, 18h, la pluie tombe à verse, le ciel est sombre, personne dans les rues. La circulation est quasiment inexistante. La Place des Fêtes est déserte. J'arrête ma voiture devant le Monoprix et ma femme descend pour aller quérir deux ou trois victuailles.

            Elle en a pour 5 minutes tout au plus, car il n'y a personne aux caisses. Je reste au volant et j'attends.

            A peine est-elle entrée, qu'une voiture flambant neuve et rutilante d'une couleur inhabituelle s'arrête à ma hauteur. Elle me klaxonne.

            Je me tourne vers elle. Deux personnes à l'avant m'adressent une invective que je n'entends pas. Je m'étonne, et pour les comprendre, j'ouvre ma porte coulissante, sors de mon siège et constate que c'est une voiture de police, berline nouveau modèle, genre S.U.V.

            Je m'approche d'eux sous la pluie battante et leur demande ce qu'ils ont à me dire.

            Ils me signalent que je suis dans un couloir de bus et que je gêne la circulation.

            Je leur dis que je suis au volant et que si je gêne, pas de problème, je partirais immédiatement.

            Seulement dans le même temps, je remarque que derrière eux commence à se former un encombrement de quatre ou cinq voitures. Oui le feu vient de passer au vert. Je leur signale justement, je devrais dire aimablement, qu'eux obstruent la rue et bloquent la circulation.

            Je me rassois et, comme il me l'a été stipulé, m'en vais aussitôt, pour faire le tour de la place, une fois ou peut-être deux, ce sera selon, pour récupérer mon épouse au prochain passage devant Monoprix.

            Un seul tour aura suffi. Je la récupère et l'histoire se termine.

            Mais il y a une suite :

            Six jours après, le 17 Mars, je reçois un avis de contravention, pour arrêt dangereux de véhicule. Montant de l'amende : 135 euros et un retrait de trois points du permis de conduire.

            … puis une autre suite, quelques jours après…

            En pleine journée, je sors de Monoprix. Je suis à pied et tombe sur un véhicule de police stationné exactement à l'endroit précis où je me trouvais ce fameux Vendredi soir.

            Le chauffeur n'est pas au volant… il est parti chercher des sandwichs et des boissons pour lui et son collègue.

            Je me manifeste pour faire remarquer que j'étais à la même place quelques jours auparavant, et que ça m'a coûté 135 euros et trois points sur le permis, à une différence près : J'étais au volant, prêt à démarrer dans l'éventualité où un bus surviendrait, ce qui n'a pas été le cas, et que je sache, acheter des sandwichs n'est pas une activité de service d'ordre et n'entre pas dans l'exercice de leur fonction. Et lui me répond qu'il existe des caméras et que j'ai probablement été filmé.

            Et non ! Les policiers qui m'ont verbalisé étaient physiquement présents. Ils ont probablement été vexés qu'un individu lambda ait pu leur faire remarquer que c'était eux et non lui qui gênait la circulation en s'arrêtant au beau milieu de la rue, empêchant tout trafic.

            Moralité. On ne discute pas avec les flics. Quoi qu'on fasse ou qu'on entreprenne, ils ont toujours raison.

            On appelle ça l'arbitraire !

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