Ataraxie

Il a fallu que les âges se fassent
Et que chacun remontent la surface
Des paysages lointain
Des paysages miens
S'envolent comme une danse
Quand j'y pense
A toutes ces couleurs
Des plus sombres à ces fleurs
En pétales sur mon visage
Qui s'échouent sur le sol - mon avantage !
D'avoir tout pris, sans refuser
N'importe quel coût - mon êtreté

Il a fallu bien des rivages
Des soleils, des vies et de naufrages
De tempêtes, d'étoiles et puis de temps
Pour que mes yeux rient même face
Fasse que le ciel, mon tendre ennemi
Me trouve comme lui, saisi
Me trouve une grâce
Remarque mon audace
De le mettre au défi, et puis
Stupéfait de ma folie, applaudit
D'éclairs que voilà, horizon déjà là

Et tout ce qu'il a fallu,
Des cordes les plus solides aux plus ténues
Des voiles nouvelles à celles perdues
Et tout ce qui s'est vécu
Se rassemble, se condense, frissonne
Fusionne
Dans un grondement terrible, s'échappe infini
Sans plus un bruit
Devenu avec lui
Je regarde tranquille, sur les eaux
Des marins, des milliers, sur leurs bateaux
Mettent le cap sur la vie
Et moi tout cela me suffit
Maintenant que tout est dit
Jusqu'à même l'envie

Et tout ce qu'il a fallu
Pour que le silence venu
Apaise ma nuque tendue
Vers le ciel, à l'affût
Ô le prix
De l'ataraxie
Son secret,
L'horizon comme fin
Et jamais
L'horizon sans demain
Ô le prix
De toute une vie