Au bout de mon chemin

Victor Lucbernet

Texte personnel écrit durant un stage qui fut un tournant dans ma vie. Il est aussi le texte qui m'a fait comprendre que finalement, l'écriture n'était plus un passe-temps mais un refuge.

Au bout de mon chemin

 

Ce soir dehors je suis seul, mode avion, loin des alarmes,

Joint au bout des lèvres, yeux aux bords des larmes.

La lune est pleine ce soir,

Toutes les lumières éteintes, plongé dans le noir.

Est ce que j'aurai encore la force de t'attendre,

Là où seule la solitude saura m'atteindre.

Ce n'est pas cette flamme à ma bouche qui pourra m'éteindre,

Sur moi est-ce que je devrais m'y méprendre.

Ces derniers baisers avant de sortir de l'appartement que j'aurais du prendre,

Et c'est en pensant à ces souvenirs qu'arrivent des idées de me pendre.

Chaque nuage de fumée qui s'évacue de ma bouche change de direction,

Chaque pensée que j'ai de toi devrais-je dire non.

Je ne sais plus,

C'est quand je voyais le monde en noir que ta brillance m'a plu.

Échanger ma tristesse contre tes bras,

Exprimer ma colère contre mes draps.

Pourquoi tout ce brouillard,

Pourquoi tu partais sans même avoir pu le voir.

Mon sourire cache une immensité de désespoir,

Mon soupire montre une absence de reste d'espoir.

L'oublie est une chose qu'on oublie d'oublier,

Doubler d'effort pour retourner le sablier à nouveau,

Et avec toi recommencer.

Le sable tourbillonne, duper nos démons,

dissiper nos cendres dans l'eau.

 

 

 

Si je reviens est-ce que tu m'aimeras encore,

À m'imaginer menteur ou mentor,

À m'imaginer ton coeur contre son corps.

Si tu reviens est-ce que j'accepterai de nier ma tristesse,

De prendre le risque de reprendre une gifle contre tes caresses,

De découvrir le monde, du monde, ou le vrai sens des promesses.

Je voulais aller au bout de moi-même,

Mais je suis allé au bout de ma peine.

De toutes les filles c'est toi qui m'as fait le plus mal,

Alors sur toi j'écrirais jusqu'à ce que ma plume fane.

L'homme que je suis paraît triste et veule,

L'ombre de la jalousie apparaît quand tu vois que je veux faire cavalier seul.

Je vais à la station de mes vices pour faire le plein de malheur,

Plein de bonheur tu me couvrais, il suffisait juste de ton odeur.

Danse avec moi,

prends ma main,

prends ma vie,

Je t'en pris,

monte dans le dernier train,

de ton coeur laisse moi en être le roi.

Mon ennemi est mon esprit,

Mon amie n'est plus ton ombre qui me sourit.

Le coeur reste mais le cerveau a compris.

 

 

 

Tu dis que tu m'aime je te dis que tu mens,

Je ne t'ai pas rejoint ce jour où tu dansais lentement,

Je ne t'ai pas rejoint ce soir où régnait le confinement,

Pourquoi j'ai poussé l'imbécile en moi dans ses retranchements.

J'ai raté tellement de moment avec toi, mais tellement,

Au point de les compter un par un et voir disparaître le temps.

Pourquoi je dis toujours après autant de mois passés « pourquoi »,

Voilà que j'essaye d'aller de l'avant et ces fumées me rappellent toi,

Je t'ai dit que j'avais plus de questions sur nous, pourquoi j'ai dit ça,

Je continue d'écrire,

Manger la douleur comme si elle devenait un plat.

Je récoltais tes rires de mes sourires, Manier la douceur sur ton corps de mes doigts.

Je n'ai pas su faire tenir la flamme qui régnait dans notre couple morose,

Il a suffi qu'il y ai de l'eau dans le gaz pour que tout explose.

 

 

 

Entre nous j'ai toujours détesté les disputes,

Des paroles blessantes laissant l'amour se dissiper sans but.

Tu aimes mes belles phrases mais me prends pas pour un visionnaire,

Tu trouveras tous mes mots dans un dictionnaire.

J'ai perdu mon coeur, j'ai retrouvé ma soeur,

Par peur, ma joie enlève le haut parleur,

Au cas où j'entendrai que l'ont aurait pu être ensemble à chaque heure.

J'ai adopté la mélancolie comme un enfant perdu, sans parents,

Qui se sent transparent de ce monde, immonde et menaçant.

Remémore-toi nos esprits s'enlaçant dans le vent,

Nos bras se balançant comme si nous étions maître du temps.

T'en rappelle tu, tant de moments mélangeant rire et sentiments.

Je devine que ce soir est triste quand même le ciel verse ses larmes,

L'averse tombe de mes yeux, feu et poudre régnaient au fond de notre âme.

Cessons de déparler, cessons de penser à ce qui existe plus loin que notre lit,

Ne dit plus un mot, ton regard en a déjà trop dit.

 

 

Tes bras qui me déconnectent de la réalité par surprise,

Tu arrives derrière moi, tu mets ta main sur mon épaule,

Si j'avais su que ça allait être la même qui débranchera la prise,

Plongé dans un tunnel sombre, je n'entends plus que ce chat qui miaule.

Elles ont brûlé la fleur bleue qui poussait sur mon coeur,

Dois-je devenir une mauvaise graine quand la rage m'effleure,

Dois-je cultiver cette image avec l'eau qui coule de mes yeux.

Mon futur sans toi me fait parfois peur,

J'attends que le fruit de mes nuits blanches voit le ciel bleu,

Le fruit de ma réflexion, malgré mon parasol qui camoufle un pleur.

 

 

À la télévision je vois des forêts qui pleurent,

Dans la réalité je vois tes yeux qui brûlent,

Hier tu me disais que tu m'aimeras,

Demain on dira seulement qu'on s'aimait,

La larme défile le long du cône, endiablé,

Ira éteindre au bout de sa feuille la flamme qui le consume.

Ce soir ce ne sont pas des rimes mais de la prose,

Sur le lit des caresses fanent tous mes espoirs sous forme de roses.

J'ai cherché le moindre indice à ta recherche, éperdument,

Mais je n'ai rencontré que des questions, puis je me suis perdu.

Le paysage s'enflamme, la toile des souvenirs,

Brodée de nos moments, nos paroles et non rires.

Je regarde autour et je tourne autour de moi-même,

La lune apparaît à mes yeux après un tour, je vois la vie en blême.

De l'amour je pensais qu'on en était l'emblème.

Je vois tes yeux qui brûlent, tes cheveux faire de la lumière,

Et moi je reste sans voix, je ne sais que me taire.

Les rimes reviennent alors pourquoi mes mots ne sont pas venus, eux,

Le jour où j'aurais dû cracher du feu sur nos dires douloureux.

Je ne voulais pas prendre trop de place dans ta vie,

Au point que même mes majuscules dans mes phrases ne faisaient pas de bruit.

Tu es si loin et pourtant je sens encore en moi notre âme bouillante,

Tu me manques, rappelle-moi tes sourires enflammés qui me hantes.

 

J'espère à chaque fois que ce texte sera le dernier,

Celui qui marquera mon arrivée.

De toi, de cet endroit, de mes cauchemars,

Mes larmes forment des marres.

J'ai craché mes peines sur un fond blanc,

J'inspire une fumée pâle, j'oublie tous les éléments manquants.

Persuadé qu'on aurait pu réussir,

Sans avoir eu besoin de se le dire.

Je savais le premier jour qu'une rupture serait dure,

Mais pas qu'elle me laissera au pied du mur.

La guérison n'est pas encore mûre,

La trahison ne fait plus de moi un corps pur.

La tristesse escalade et la haine l'assure,

Je pense que ton erreur m'a battu dans l'arène à l'usure.

Je t'écris des poèmes que je censure,

Pourquoi je ne te vois plus dans le trou de ma serrure.

Je voulais me voir au pluriel,

Effleurer le bonheur dans tes bras jusqu'à ce que la mort m'appelle.

Tes lèvres comme réveil le matin, comme somnifère le soir,

Reviens, rires cachés par nos mains, rire jusqu'à ce qu'il soit tard.

L'impression d'avoir été le seul blessé par ce combat,

Immersion dans les abysses, journée porte ouverte d'un coeur qui bat.

J'ai conscience que ce n'est pas en criant dans mes notes que tu vas m'entendre,

Perdre connaissance des heures pensant réduire ton image en cendre.

Amour dans un scaphandre, tout ce chemin ensemble,

J'essaye de me connaître sans apprendre, écrire les mains qui tremblent.

J'essaye de me rassurer en me disant que je saurais trouver le bout du chemin,

Mais la route est longue, faire parfois demi-tour quand mon esprit rencontre le tiens.

Les aiguilles de ta personne ont laissé un tatouage permanent sur ma peau,

Les horloges qui s'arrêtent quand nos rancœurs dépassent nos mots.

Je te saurais toujours en moi-même à l'autre bout du monde,

Mes peurs et mes suspicions continueront leur ronde.

Je combats ton manque et ta présence m'affronte,

Le compas en sens anti horaire dessine notre temps passé digne d'un conte.

Ma soeur m'appelle, mes démons m'appellent, entre paix et peur,

Tes oreilles ont laissé mes appels à l'aide sur répondeur.

Devenir quelqu'un que j'espère cette fois connaître, chérie,

Se reconstruire sans toi ne m'attire pas sans t'avoir dans ma vie devenue ternie.

Tu as laissé s'échapper un vent de l'est glacer mon âme dans le désert,

Regarder s'émécher le temps qui nous accroche, l'amour qui se desserre.

Le sablier est la clé, j'attends toquer à ma porte notre seconde chance,

Voir tes mots toucher mes tympans à m'en faire oublier mes cinq sens.

Les feux restent au vert quand mes yeux passent au rouge,

Rester dans mon lit en espérant que quelque chose bouge.

J'ai vite compris que tu ne seras plus toujours là pour moi,

Voilà quatre mois que mon SOS raisonne comme un feu sans bois.

 

 

FIN.

 

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