Au delà des apparences
6naya6
Synopsis
En 2015, alors que l'ère des médias sociaux bat son plein et que les gens se parlent davantage par messagerie texte que par téléphone, les frontières des relations interpersonnelles sont de moins en moins définies.
C'est que va découvrir Nissa Morgan, une jeune avocate de vingt-deux ans qui se remets difficilement d'une récente rupture. Lorsqu'elle a besoin d'un cavalier pour affronter son ex amant au mariage d'un de ses amis, elle se laisse convaincre par sa sœur de se tourner vers David Green, une connaissance de longue date avec qui elle a une relation qu'on pourrait difficilement qualifiée de cordiale. David est pourtant parfait pour jouer ce rôle : il est charismatique, séduisant et ils ne ressentent rien, l'un pour l'autre! Il n'y aura donc pas de malaise si elle décide de tenter de reconquérir l'homme qui l'a bafouée!
Au fil des événements, Nissa découvre la personne qu'est réellement David et réalise que l'opinion qu'elle avait de lui n'était en fait basée que sur les impressions de la petite fille qu'elle était lorsqu'elle l'a rencontré. L'homme qu'il est devenu la surprend et la trouble d'une façon qu'elle n'aurait pas crue possible. Ce qu'elle prend d'abord pour une simple attirance physique capable de la garder éveillée des nuits entière évolue rapidement sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Bien qu'il semble lui aussi la désirer, il la repousse, prétextant qu'elle est la petite sœur de la femme de son meilleur ami et qu'il préfère qu'ils restent amis.
Se jetant à corps perdu dans son travail, elle tente de se protéger en restant le plus loin possible de David et en gardant son esprit bien occupé mais parfois, la vie décide de nous faire suivre un autre chemin. Elle va réaliser que de se couper du monde n'est pas chose facile, aujourd'hui, avec tous les moyens disponibles pour se garder informé. Dans leur quête de définir leur relation et d'apprivoiser leur désir, ils vont jouer avec le feu, utilisant des médias de communication qui favorisent la non censure de leurs sentiments, attisant ainsi leur désir mutuel et brouillant davantage les cartes. Au fil des situations qui vont inexorablement les pousser dans les bras l'un de l'autre, ils vont devoir redéfinir leur relation et arrêter de fuir pour comprendre les vrais sentiments qui les habitent et s'autoriser à les ressentir.
Nissa, déterminée à le garder dans sa vie va découvrir que la ligne est parfois très mince entre amour et amitié et que l'amitié lui-même, est souvent mal défini. Elle devra alors décider si elle va permettre à ces conventions sociales de diriger sa vie ou si elle va passer outre et se permettre de vivre une histoire qui, elle le sent, sera la plus intense de sa vie avec l'homme qu'elle désire plus que tout.
Description des personnages principaux
Nissa Morgan :
Nissa est une jeune femme ambitieuse et foncièrement indépendante de vingt-deux ans, qui vient de décrocher un poste dans un cabinet d'avocat spécialisé en droit de la famille. Elle est très dévouée à son travail et y passe de longues heures dans l'espoir d'avancer rapidement.
De nature sociale, elle a plusieurs bons amis sur lesquels elle peut compter. Enjouée, elle est très énergique et possède un bon sens de la répartie. Elle est toujours prête à aider les autres et ce, même au détriment de ses propres besoins, ce que lui reproche souvent son unique sœur, Amy, de qui elle est très proche. Gourmande, elle ne peut résister aux sucreries ou aux bons petits plats fait maison.
Elle est déterminée à se battre pour ceux qu'elle aime. Naïve en amour, elle ne peut concevoir qu'on puisse passer d'une personne à une autre si on aime vraiment et se remet difficilement des ruptures.
Sportive de nature, elle a un corps élancé et mesure un mètre soixante-quinze, ce qui la complexe légèrement. Elle a de grands cheveux bruns foncés soyeux, un teint doré et de grands yeux couleur lavande.
David Green :
David est un jeune homme de vingt-cinq ans, accro à l'adrénaline et à l'action. Pour contrôler son besoin, il est entré dans le «Groupe tactique d'intervention » de la ville de Montréal, comme tireur d'élite. Le GTI regroupe des policiers d'élites, formés pour répondre à des besoins particuliers comme les prises d'otages, les perquisitions de drogue, … Pour exercer son métier, il doit se tenir en forme et avoir une hygiène de vie irréprochable et se tenir toujours prêt à intervenir.
Comme l'inaction l'ennuie, il doit toujours être en train de faire quelque chose. C'est pourquoi il se retrouve souvent chez Noah, son meilleur ami, pour l'aider à remonter une vielle moto.
C'est un jeune homme foncièrement bon, avec un grand cœur, caché sous ses allures bravaches. Il est généreux de sa personne et ne peux résister à venir en aide à quelqu'un. Bien que quelque peu maladroit pour exprimer ses sentiments, il est un grand passionné.
Résultat de ses nombreuses heures d'entraînement par semaine, David a un corps ferme et musclé. De grande stature, il fait plus d'un mètre quatre-vingt-dix. Il a un corps souple et agile. Toujours calme et réfléchis, il se démarque par son flegme et son charisme.
Amy Morgan :
Sœur de Nissa, Amy a vingt-sept ans et est institutrice. Elle est mariée avec Noah Letendre depuis deux ans et ils se fréquentent depuis 10 ans.
Amy agit souvent comme conscience de sa jeune sœur. Moins fougueuse que la benjamine, Amy est toute en douceur. Elle tempère généralement les fouges de sa sœur, trop impulsive. Elles sont à l'opposer sur tous les points de vue, tant physiquement que psychologiquement.
Amy est délicate, réservée et s'appuie énormément sur son mari pour avancer dans la vie. Elle essaie de tomber enceinte depuis le début de leur mariage et ses échecs successifs affectent grandement son moral.
Mesurant cent-soixante centimètres, elle a de courts cheveux blonds bouclés, un teint pâle et les yeux bleu lavande.
Début du Roman
Chapitre 1
Nissa regardait avec attention le serveur déposer devant elle un dessert à la noix de coco. Elle résista à la tentation de lui arracher des mains pour en prendre une bouchée, son besoin de sucre se faisait urgent, après la journée qu'elle avait passée au bureau. Les convenances l'en empêchant, elle se força à le remercier poliment et attendit avec fébrilité qu'il ait déposé un café devant son ami et se soit légèrement éloigné avant de prendre une généreuse bouchée du mélange crémeux. Elle ferma les yeux, savourant cette texture crémeuse et ce goût riche, allant même jusqu'à pousser un léger soupir de satisfaction qui fait rire son compagnon, la ramenant du même coup à la réalité du moment.
- Satisfaite? Demanda Vincent, un sourire moqueur aux lèvres.
- Succulent! Je n'ai aucune idée de ce que c'est mais j'adore! S'exclama-t-elle en engouffrant une seconde bouchée, plus généreuse encore que la précédente.
- C'est rafraîchissant de voir une fille manger! S'exclama-t-il. Sophie est perpétuellement au régime, s'exclama-t-il en faisant référence à sa fiancée.
- Oui, répondit-elle la cuillère dans les airs, mais elle, elle se marie dans quelques mois! Je la comprends, elle veut être parfaite, pour son grand jour!
- Je suppose que tu as raison.
- Bien sûr, que j'ai raison. Après le mariage, les choses devraient rentrer dans l'ordre.
- Espérons-le, car elle est impossible, en ce moment!
Nissa prit une nouvelle bouchée pour lui éviter de prononcer des paroles qu'elle pourrait regretter. La fiancée de son amie était impossible, mariage ou pas! Mais, elle le lui avait déjà fait remarquer par le passé et s'en était résulté une dispute alors, elle préférait se taire, cette fois-ci. Il s'en rendrait bien compte par lui-même, un jour ou l'autre!
- Je te remercie d'avoir pris le temps de manger avec moi pour discuter boulot, continua-t-il. Ça m'a un peu éclairé. Je ne sais pas si je vais décider de partir ou rester mais au moins, j'ai tout en main pour prendre une décision éclairée.
- Tu prendras la bonne décision, j'en suis certaine. Laisse-moi savoir si tu auras choisi de changer d'emplois ou non!
- Ne t'en fais pas, tu seras dans les première informée, comme toujours!
Elle lui sourit, heureuse de voir qu'elle occupait toujours une place importante pour son ami. Ils s'étaient connus au secondaire et, malgré qu'ils avaient ensuite suivi un cursus scolaire différent, ils étaient toujours restés en contact et avait une vision très similaire de la vie professionnelle, ce qui leur permettait d'avoir des échanges intéressants, malgré qu'il soit cadre en informatique et elle avocate, ils accordaient la même importance à leur carrière et leur avancement, ne se satisfaisant jamais de ce qu'ils avaient.
- Viens-tu à la fête de François, samedi? Demanda-t-il soudain.
- Je ne sais pas encore si je vais pouvoir me libérer, marmonna-t-elle en regardant le fond de sa coupe, regrattant ne plus avoir de vin.
- Allons, Nissa, tu ne viens plus jamais, il me semble. Ça doit faire au moins six mois que tu n‘es jamais disponible quand il y a un événement d'organisé! Tu nous fuis ou quoi?
Précisément, pensa-t-elle. Et, ça ne faisait pas six mois mais bien neuf. Depuis que Carl et elle avaient commencés à se fréquenter secrètement. Une histoire un peu compliquée puisqu'à ce moment-là, Carl venait tout juste de se séparer de Sylvia, une amie qui faisait partie du même cercle qu'eux. Nissa avait alors préféré ne pas ébruiter son histoire avec Carl, pour ne pas lui faire de peine et cette situation s'était prolongée, mois après mois. À sa connaissance, aucun de leur ami n'était au courant.
En ce moment, ils faisaient une courte pause. Carl avait des problèmes avec son ex conjointe qui réclamait la garde de leur fille de 6 ans. Une enfant adorable à qui Nissa s'était rapidement attachée. Cet attachement l'avait effrayée, ne se sentant pas nécessairement prête à prendre le rôle de belle-mère, à vingt-deux ans à peine. Carl lui-même n'avait que vingt-cinq ans et se trouvait fréquemment dépassé par les événements alors, elle doutait grandement de ses propres capacités à endosser ce rôle. Il s'agissait d'une partie du problème entre eux.
Elle avait l'impression qu'il attendait beaucoup d'elle alors qu'elle, foncièrement indépendante, avait beaucoup de difficulté à supporter qu'on s'attende à ce qu'elle se rende disponibles en tout temps. Elle avait besoin d'air et d'espace, contrairement à Carl et, avec ses soucis récents, il avait besoin de décompresser et partait fréquemment en vrille, ce qui l'avait incitée à prendre une pause.
Ils se parlaient au téléphone fréquemment et s'envoyait des messages textes plusieurs fois par jour mais, depuis une dizaines de jours, ses réponses lui semblaient évasives. Elle n'avait pas eu l'occasion de lui demander s'il comptait se rendre à l'anniversaire de François. Réalisant que son ami attendant une réponse, elle se força à sourire avant de répondre, du ton le plus léger possible :
- Ce n'est pas que je vous évite, simplement que j'ai été très occupée, dernièrement!
- Bon, d'accord. Ça serait bien, que tu viennes!
- Moi aussi, ça me ferait plaisir, je t'assure, ajouta-t-elle en toute sincérité.
- Oh, ça me fait penser, tu ne sais pas ce que François m'a dit?
- À quel sujet?
- Carl fréquenterait quelqu'un!
À ces mots, tout son corps se tendit. Leur histoire s'était-elle ébruitée? Probablement. D'un autre côté, Vincent ne semblait pas contrarié ou surpris qu'elle ne lui en ait pas parlé.
- Ah bon? répondit-elle prudemment. Qu'est-ce qui vous fait croire ça?
- Il était avec lui, le soir où ça aurait commencé. Il sort avec Nancy!
- Nancy? Tu veux dire Nancy Bélanger?
- Exact, elle est amie avec François et elle est sortie avec eux ce soir-là et apparemment qu'ils se fréquentent depuis!
- Ça fait combien de temps? Demanda-t-elle, mortifiée.
- Une quinzaine de jours, je crois. Incroyable non? Le monde est petit, je suis sorti avec sa sœur, il y a six ou sept ans de ça. Je savais que François était resté en contact avec Nancy mais je ne me serais jamais imaginé qu'elle finirait par fréquenter l'un d'entre nous!
- Non, en effet.
- Elle s'est assagit un peu, avec le temps mais elle est toujours aussi originale. C'est vraiment une fille géniale, très extravertie et pleine de vie.
- Contente de l'entendre, murmura-t-elle, le cœur prêt à exploser.
Si elle s'inquiétait de ce qui se passait avec Carl, elle venait d'en découvrir la cause. Elle ne pouvait pas y croire. Comment osait-il? Sans même le lui dire? Il devait bien se douter que ça viendrait à ses oreilles, non? Elle avait simplement hâte de sortir de ce restaurant pour le confronter et avoir les réponses à ses questions.
Vincent se lança sur d'autres sujets de conversation, inconscient de la tourmente dans laquelle elle se trouvait. Quand enfin, vient l'heure de se dire au revoir, elle se précipita chez elle, ressassant sans cesse les mêmes questions, les larmes aux yeux et le cœur en miettes.
Chapitre 2
- Je me sens tellement idiote, murmura-t-elle en reniflant. À l'entendre, j'étais la femme de sa vie! Et le pire, c'est que je l'ai cru et j'ai même envisagé que ce puisse être lui, l'homme de ma vie! Comment j'ai pu me tromper à ce point? Je ne comprends pas!
- Nissa, chérie, s'il y a une chose que tu n'es pas, c'est bien idiote! Tu as peut-être simplement voulu y croire? Lui dit sa sœur en posant une main réconfortante sur son bras.
- Peut-être.
À peine eut-elle prononcé ces paroles que la clé tourna dans la serrure. Noah était de retour. Nissa s'empressa de sécher ses larmes à l'aide d'un mouchoir de papier et de se redresser sur le canapé, préférant cacher au mari de sa sœur qu'elle avait pleuré.
- Salut les filles, lança-t-il en jetant ses clés sur la table d'entrée. Comment ça va?
- Bonjour chéri! Lança sa sœur en s'avançant vers lui pour l'embrasser.
- Bonjour, se contenta-t-elle de lancer, sans même se retourner.
- Carl et Nissa ont rompus, il y a deux jours, mentionna sa sœur, comme pour expliquer son manque de savoir vivre.
- Ah, désolé, Nissa! Je sais que ça va sonner cliché mais, c'est probablement pour le mieux!
- Merci, marmonna-t-elle.
Puis, prise d'une impulsion soudain, elle se retourna vers lui en demandant :
- Noah, est-ce que tu me trouves coincée?
C'est un rire étouffé qui lui répondu, et elle tourna légèrement la tête, pour découvrir David Green, un ami de longue date de Noah, sur le pas de la porte. Elle se sentit rougir comme une gamine de douze ans.
- Mais, qu'est-ce que tu fais ici, toi!? s'exclama-t-elle avec colère.
- Je vois que tu es toujours aussi aimable, répondit-il avec le sourire moqueur qui le caractérisait. Bonjour toi aussi! Désolé pour ta perte, je n'arrive pas à croire qu'un gars ait pu renoncer à avoir un si bel accueil tous les soirs en rentrant du boulot! Ajouta-t-il en souriant toujours.
Elle bondit sur ses pieds et le rejoignit en deux enjambées. Elle dû lever la tête pour arriver à le fixer dans les yeux, malgré son mètre soixante-quinze. Elle avait oublié qu'il était si grand! Il devait bien mesurer une douzaine de centimètre de plus qu'elle, voire plus.
- Ça te fait rire, que je sois malheureuse? Lança-t-elle d'un ton de défi.
Il plongea son regard dans le sien et son intensité la pris de court, tellement qu'elle en oublia, pour quelques instants, de respirer.
- En fait non, absolument pas. Je te préfère de loin quand tu souris! Mais je crois que ça peut te faire du bien, de t'en prendre à quelqu'un.
Se résignant enfin à abandonner sa contemplation du regard brun foncé aux paillettes d'or du jeune homme, elle chercha une réplique à lui retourner mais le fait qu'il ne semblait pas rire d'elle pour une rare fois la laissait sans mot.
Elle finit par marmonner, en se détournant de lui :
- Tu sauras que je sais me montrer très aimable.
- C'est ce que j'ai entendu dire, répondit-il avant d'ajouter, malheureusement, je n'ai jamais eu l'occasion de le constater par moi-même!
C'est avec soulagement qu'elle vit son sourire en coin refaire surface. Elle n'aurait jamais cru que qu'elle dirait ça un jour mais elle le préférait comme ça! Pour une raison qui lui échappait, son intensité de l'instant qui avait précédé lui avait envoyé un signal d'alarme qu'elle n'était pas certaine de bien comprendre. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'un David Green qui ne riait pas d'elle représentait un danger pour sa tranquillité d'esprit!
- Ça se mérite! Répondit-elle avec un grand sourire avant de retourner au salon.
- Bon, bien, nous, on va vous laisser tranquilles et aller travailler sur ma moto! Lança Noah en faisant signe à David de le suivre.
- Amusez-vous bien, lança Amy à son mari avant de rejoindre sa sœur.
Une fois les garçons sortis, elle se tourna vers elle.
- Tu devrais être plus gentille avec David, c'est un bon gars!
- Je connais David depuis quoi dix ans? Il n'a jamais été gentil, comme tu dis! Je l'ai connu quand il avait quinze ans et il était toujours sur mon dos déjà à cette époque, il adorait me tourner en ridicule et il n'a pas changé, même à vingt-cinq ans, il se moque toujours de moi à chaque fois qu'il en a l'occasion!
- Il aime te taquiner, c'est tout! S'il ne t'appréciait pas, il ne le ferait pas, ajouta-t-elle en lui souriant.
- Si tu le dis!
- En fait, je crois bien qu'il n'y a qu'avec toi, qu'il est comme ça. Généralement, il est plutôt du genre beau ténébreux!
- Ah ça, je suis d'accord, il a un côté associable qui se marie bien avec le terme ténébreux! Bon, assez parlé de lui! Je suis suffisamment déprimée comme ça!
- Très bien, je nous sers de la crème glacée et tu me raconteras les détails.
Près d'une heure plus tard, Nissa avait raconté toute l'histoire à sa sœur et elle se sentait déjà un peu moins mal. Elle avait peine à l'admettre mais David avait raison, elle était en colère et ressentait le besoin de s'extérioriser.
- Je me sens trahi, avoua-t-elle à sa sœur. Je veux dire, nous étions amis, avant tout ça, du moins, c'est ce que je pensais. Et pourtant, sans aucune considération, il me traite comme si j'étais une inconnue! Comment il a pu commencer à sortir avec cette fille sans même m'aviser que c'était fini entre nous? Ça ne se fait pas! Surtout qu'il se doutait bien, que j'allais l'apprendre, nous fréquentons le même cercle d'amis!
- Je ne sais pas Nissa, j'avoue que c'est un comportement qui me dépasse. Qu'est-ce qu'il a dit?
- Qu'il avait peur que je sorte de sa vie s'il me le disait, ou quelque chose comme ça. Je me demande s'il ne s'est pas arrangé pour que je l'apprenne, pour éviter d'avoir à me le dire lui-même! Comme ça, c'est moi qui ai eu à faire le travail de rupture!
- Qu'est-ce qui te fais dire ça?
- Il m'a dit qu'il n'était pas fort comme moi… Ce n'est pas parce que je suis forte que je n'ai pas de sentiments, au contraire, murmura-t-elle, sentant les larmes lui monter de nouveau aux yeux.
- S'il est trop idiot pour s'en être rendu compte, alors, il ne te mérite pas. Noah avait raison, c'est surement pour le mieux, ce type est un lâche. Tu ne dois pas pleurer pour un gars comme ça, au contraire, il t'a fait une faveur!
Nissa sursauta et se retourna vers David, qui se tenait derrière le comptoir de la cuisine, un verre d'eau à la main.
- Ça fait longtemps, que tu es là? demanda-t-elle, anxieuse qu'il ait entendue une grande partie de son histoire.
Il se contenta d'hausser les épaules. L'espace d'un instant, elle ne sut comment réagir. Elle était furieuse qu'il ait écouté sournoisement mais, en même temps, les paroles qu'il avait prononcées étaient exactement celles qu'elle avait besoin d'entendre.
- Tu crois vraiment ce que tu as dit, demanda-t-elle finalement, en baissant les yeux.
Il s'avança vers elle et s'accroupi pour se mettre à sa hauteur avant de lui relever doucement le menton pour rencontrer son regard.
- Certainement. Tu es toujours aux petits soins avec tout le monde. C'est rare, de nos jours. Ça démontre une grande sensibilité, d'être capable de s'oublier comme tu le fais. S'il n'a pas su comprendre la personne que tu étais, alors, clairement qu'il ne te méritait pas!
Du bout des doigts de sa main libre, il essuya les larmes qu'elle n'avait pas pu retenir et se releva dans un mouvement souple.
- Merci, David, murmura-t-elle en levant les yeux vers lui.
Il se contenta de lui ébouriffer les cheveux d'un geste affectueux avant de s'éloigner, de la démarche féline qui le caractérisait. Puis, avant de disparaître, il se retourna et demanda :
- Alors c'est vrai, les filles mangent vraiment de la crème glacée, en cas de rupture? Ça ne fait pas un peu cliché?
Elle se contenta de lui lancer un coussin à la tête qu'il esquiva sans effort avant de disparaitre en ricanant.
- Tu vois, murmura Amy, il est gentil!
- C'est un gamin, oui! Une fois n'est pas coutume, s'entêta-t-elle à répondre malgré tout. Il a quand même trop de classe pour frapper quelqu'un qui est déjà au sol, c'est tout!
Elle ne pouvait tout de même pas admettre à sa sœur que ses paroles l'avaient touchées d'autant plus qu'elles venaient de lui. Elle avait toujours cru qu'il avait une basse opinion d'elle et qu'il ne la prenait pas au sérieux et que c'était pour cette raison qu'il s'amusait à ses dépens. En ce moment où sa confiance en elle était mal en point, ces paroles lui avaient fait chaud au cœur. Elle pouvait encore sentir la chaleur de ses doigts sur son visage alors qu'il essuyait ses larmes avec une douceur dont elle l'aurait cru incapable.
- Carl avait raison au moins sur un point, ajouta-t-elle, je suis forte! Et je vais surmonter cette épreuve! La prochaine fois que je vais le voir, il va regretter de m'avoir laissé partir!
Chapitre 3
Surmonter cette épreuve s'avéra plus difficile à faire qu'elle ne l'avait cru. Avoir des amis communs qui lui rapportait les développements de la nouvelle relation de son ex et les photos d'eux sur Facebook n'aidant pas. Six semaines s'étaient écoulées et pourtant, elle se sentait toujours aussi misérable.
Carl lui manquait cruellement. Sa fille lui manquait… À plusieurs reprises, elle s'était retenue de justesse de lui envoyer un message texte simplement pour lui parler de quelque chose qu'elle avait vu, qu'elle avait fait. Simplement pour partager avec lui ces petits moments. Par chance, elle s'était rappelé à temps que cette relation n'était plus.
Le plus difficile, c'était de penser qu'en ce moment même, il était heureux avec sa nouvelle flamme alors qu'elle était toujours aussi malheureuse. N'avait-il donc jamais rien éprouvé pour elle? Son amitié ne lui manquait donc pas? Telles étaient les questions qu'elle se posait, une centaine de fois par jour, en attendant qu'il se décide à l'appeler et lui dise qu'elle lui manquait et qu'il voulait qu'elle fasse partie de sa vie. Mais, à qui voulait-elle mentir! Les hommes ne devaient pas penser ainsi. Et Carl ne devait pas faire exception. Il était passé à autre chose. À une vitesse exceptionnelle, soit! Mais ça ne changeait rien. Peut-être, peut-être seulement, que s'il se retrouvait seul après Nancy, il aurait un élan de remords ou du moins de regrets pour ce qu'ils avaient vécus?
Elle sursauta au son de son cellulaire qui lui signifiait qu'elle avait un message texte. Comme chaque fois qu'elle entendait cette brève sonnerie, son cœur se mit à battre la chamade. Carl? Elle jeta un regard au destinataire et c'est avec déception qu'elle lut le nom de sa sœur.
Elle se ressaisie et accepta plutôt son invitation à l'accompagner faire les boutiques. Elle avait besoin de se changer les idées. Pendant qu'elle se morfondait, ses amis faisaient la fête à un chalet auquel elle avait refusé d'aller, à cause de la présence de Carl et Nancy.
Pendant qu'Amy essayait des robes pour l'anniversaire de mariage de ses beaux parents, Nissa regardait distraitement, se demandant si elle n'aurait pas besoin d'en acheter une, elle aussi, pour le mariage de Vincent.
Sa sœur sortie de la cabine d'essayage, dans une robe noire, classique, qui lui allait comme un gant. Elle regarda Amy avec envie; elles étaient si différentes l'une de l'autre! Alors que sa sœur était petite et menue, elle était plutôt grande avec un corps souple et athlétique. Les cheveux de sa sœur, qu'elle portait courts aux épaules, étaient frisés et blonds comme les blés alors que les siens lui cascadait dans le dos, parfaitement fins et lisses d'un brun presque noir. La seule ressemblance réelle était leurs yeux, d'un bleu lavande saisissant. Son père comparait souvent sa sœur à une fragile poupée de porcelaine alors qu'il se plaisait à dire qu'elle avait le physique d'une joueuse de tennis. Elle avait toujours trouvé ce commentaire singulier, compte tenu qu'elle n'avait jamais tenue une raquette de sa vie!
- Tu es splendide, Amy. Elle est parfaite, si tu veux mon avis.
- Tu as raison, je vais la prendre. En plus, je pourrai la reporter! Ce n'est pas avec mon salaire d'institutrice que je peux me permettre des robes à usage unique! Ajouta-elle en faisant la moue. Ça me fait penser, tu ne dois pas te trouver une robe, toi aussi, pour le mariage de ton ami? C'est au début du mois de septembre, non?
- Oui, le 6 septembre, en fait. Je ne suis pas encore certaine d'y aller, avoua-t-elle. Carl va sans doute y être avec « elle » et je n'ai pas envie de me retrouver seule pour assister au mariage. Surtout que c'est à cinq heures de route d'ici, ils font ça dans sa famille à elle.
- Vas-y accompagnée alors!
- Je veux bien, mais je suis seule. La plupart de mes amis font partis du même cercle alors, je ne peux pas vraiment leur demander de m'accompagner, Carl s'aurait que je les accompagne à cause de Nancy!
- Vas-y avec David! Je suis certaine que si tu lui demandes, il va accepter.
- David? Voyons, quelle idée!
- Non, je te dis, c'est parfait! Ils ne le connaissent pas, il n'aura aucun mal à se faire passer pour ton nouvel amant! Et puis, tant qu'à y aller avec un autre homme, aussi bien que cet homme en impose! David est parfait! Il va rendre les autres femmes folles de jalousie et Carl aussi!
- Pourquoi tu dis ça?
- C'est une évidence, tout simplement. Il est outrageusement sexy!
- Outrageusement sexy? Répéta-t-elle avec un sourire amusé. Rien que ça! Es-tu en train de me dire qu'il t'attire?
- Qu'elle fille normalement constituée ne serait pas attirée par lui? Si je l'avais connu avant Noah… Honnêtement, je ne sais pas ce qui serait arrivé! En fait non, je le sais. Je ne suis pas du tout son genre! dit-elle en tendant la robe pour la payer.
- Et quel est son genre? demanda-t-elle à brûle pour point, curieuse d'entendre la réponse. Probablement le type de femme super sexy aux talons vertigineux et à l'opulente poitrine, avec un gars comme ça! Il m'apparait très coureur de jupon! Ajouta-t-elle en plissant le nez de mépris.
- En fait, pas du tout! Il est seul depuis un moment. Tu décris le garçon qu'il était à 19 ans! Il n'est plus comme ça, aujourd'hui. Et, pour répondre à ta question, je dirais que son genre de fille, tu le personnifies assez précisément!
- Moi? Je n'y crois pas!
- Et pourtant! Il aime les filles sportives, au naturelle, qui n'en font pas trop. Je suis certaine que tu lui plais!
- Qu'est-ce qui te fait croire ça, demanda-t-elle, plus troublée qu'elle ne voulait bien le laisser paraître.
- Il a déjà eu un accrochage avec un autre ami de Noah qui avait fait des commentaires déplacés, à ton endroit.
- Vraiment? demanda-t-elle stupéfaite. Je crois plutôt qu'il se prend pour mon grand frère, précisa-t-elle avec une petite moue agacée. Regarde comment il m'a ébouriffé les cheveux, pour me consoler. Comme si j'étais un petit caniche!
- Ah ah, tu es trop sévère avec lui! C'était un geste d'affection! C'est un homme d'action, un peu froid. Il ne doit pas faire dans les débordements d'affection! C'est pourquoi je le qualifie de ténébreux, il est assez peu démonstratif… C'est déjà bon qu'il t'ait touchée! Bref, on dirait que tu as manqué les cinq dernières années de son évolution
- Enfin bref, tu sais aussi bien que moi que tu ne manqueras pas le mariage d'un de tes meilleurs amis. Ne laisse pas Carl te privé de ce moment! La sermonna-t-elle. Surtout que, si je ne me trompe pas, tu as perdu quelques kilos, ces dernières semaines, je me doute que la perspective de le revoir n'y est pas inconnue.
- Pas du tout, protesta-t-elle faiblement en évitant son regard. Pas question d'avouer à sa sœur qu'elle s'était mis au régime de façon drastique depuis leur rupture, pour être à son avantage s'ils venaient par se croiser par hasard…
- Comme tu voudras… Tu viens souper à la maison? On va se commander des sushis, avec Noah, ça nous ferait plaisir que tu te joignes à nous.
- Je veux, bien, merci! Répondit-elle avec entrain, heureuse de ne pas se retrouver seule pour finir la soirée.
Les deux filles étaient en train d'étudier le menu pour passer la commande quand Nissa releva la tête et demanda à sa sœur :
- Est-ce que tu penses que je devrais changer?
- Changer quoi? Et surtout, pourquoi, cette question?
Nissa haussa les épaules, mal-à-l'aise.
- Nancy est tout le contraire de ce que je suis. Tu crois que je devrais essayer d'être davantage comme elle?
- Absolument pas! S'exclama sa sœur en lâchant le menu. Nissa, tu es super comme tu es! Tu n'as pas besoin de jouer à être quelqu'un d'autre pour te faire apprécier, voyons! Enlève-toi ça de la tête!
- Amy a raison, ça serait étrange, de te voir faire des choses irréfléchis, ce n'est pas ton genre!
- David! S'exclama-t-elle en se retournant, le regard mauvais. Je ne pense pas t'avoir demandé ton opinion.
- En effet, répondit-il en s'appuyant avec nonchalance au comptoir, mais je te le donne quand même.
Elle poussa un soupir d'exaspération avant de demander, avec un sourire forcé :
- Dis-moi, tu n'as pas de maison à toi?
- Si, mais mon appartement est très ennuyeux, comparé à celui-ci, répondit-il avec un sourire étincelant.
Elle se contenta de rouler les yeux au ciel, avant de reporter son attention sur le menu.
- David, tu restes dîner avec nous? On se commande des sushis!
- Avec plaisir!
Il vint s'asseoir à califourchon sur la chaise en face de Nissa et pris le menu que lui tendait Amy. Nissa en profita pour l'observer à son insu. Elle devait admettre qu'il était très bel homme. Sa stature était imposante, son corps était mince et visiblement musclé, bien qu'il le cache la plupart du temps sous des chandails à manches longues, comme ce soir. Comme il portait les manches relevées sur ses avants bras, Nissa pouvait apercevoir les muscles tendus, sous la toison brune. Ses cheveux très foncés retombaient sur ces yeux, alors qu'il avait la tête inclinée vers le menu. Il avait la mâchoire carrée, légèrement ombrée, à cette heure tardive de la journée. Instinctivement, elle eut envie d'en caresser les contours, ce qui la fit rougir. Elle remarqua que ses mains étaient longues et effilées et elle se demanda l'effet qu'elles lui procureraient s'il les promenait sur son corps. Elle reporta prestement son attention sur le menu, saisie d'une bouffée de chaleur qui la prit par surprise. Il fallait qu'elle arrête d'écouter sa sœur, elle était en train de lui laver le cerveau!
Le souper se déroula de façon agréable, les filles se moquant gentiment des garçons qui avaient engouffrés une quantité impressionnante de sushis. Elle prit la dernière gorgée de sa coupe de vin avant de se lever pour faire du café. Elle avait remarqué que David était resté à l'eau et elle se dit qu'en fait, il y avait très longtemps qu'elle ne l'avait vu boire un verre d'alcool.
- Tu veux un café, David? demanda-t-elle alors que sa sœur et Noah se bécotaient.
- Oui, merci. Un coup de main?
- Non, ça va, je te remercie, dit-elle avec un sourire en se dirigeant vers la cuisine.
- David, ça me fait penser, s'exclama soudain sa sœur, tout en préparant la table pour faire des jeux de sociétés. Nissa se cherche un cavalier pour l'accompagner à un mariage, le 6 septembre. Tu pourrais l'accompagner, toi, non?
Le sang de Nissa ne fit qu'un tour. Comment sa sœur avait-elle pu demander à David alors qu'elle avait refusé catégoriquement, quelques heures plus tôt! Elle croisa les doigts, espérant qu'il refuse mais seul le silence lui répondit.
- Euh, possible, il faudrait que je vérifie si je travaille ce weekend-là, répondit-il après un moment d'hésitation.
Elle choisit ce moment pour revenir à la cuisine, le café de David en mains.
- Oh, ne te sens surtout pas obligé de m'accompagner David, dit-elle. Je peux très bien y aller toute seule!
- Un mariage en solo, c'est triste, commenta Noah, malgré le regard noir qu'elle lui jetait. Et puis, tu risques d'y croiser ton Carl et sa nouvelle copine, non?
Il s'agissait d'un complot, elle en était certaine! Et le pauvre David s'était retrouvé au milieu de tout ça.
C'est cet instant que choisi le téléphone de David pour sonner. Il s'excusa et alla prendre la communication un peu plus loin, de façon à ce qu'ils n'entendent pas sa conversation. Nissa ne put s'empêcher de se demander s'il s'agissait de l'appel d'une de ses conquêtes. Probablement, conclu-t-elle. Un samedi soir, quoi d'autre! Étrangement, cette idée lui déplu et c'est un peu plus agressivement qu'elle ne l'aurait voulu qu'elle lança à demie-voix à sa sœur et Noah :
- Arrêter de lui forcer la main! Je n'ai pas envie qu'il m'accompagne par pitié!
Ils n'eurent pas le temps de répondre que David était déjà de retour, l'air grave.
- Désolé, je dois quitter.
- Le travail? demanda Noah.
- Ouais. Ils ont besoin d'une deuxième équipe pour faire une perquisition. La nuit va être longue, ajouta-t-il en grimaçant avant de boire son café d'un trait. Merci pour le café, ajouta-t-il à son encontre, il va m'être encore plus utile que prévu!
- Tu es sur appel? Demanda-t-elle, confuse. Je ne savais pas que vous l'étiez, dans la police.
- Pas vraiment. Mais parfois, il y a des urgences et ils ont besoin de renfort.
- David est dans le GTI, maintenant. C'est un peu différent, précisa Thomas.
- Le GTI?
- Le groupe tactique d'intervention, précisa David.
- C'est comme le S.W.A.T. ! Mais, pour la police de la ville de Montréal ajouta Amy, voyant les questions dans les yeux de sa sœur.
- Oh, je ne savais pas, murmura-t-elle. C'est dangereux!
- Je dirais que c'est en partie pourquoi ces gars-là font ça! s'exclama Noah avec un petit rire condescendant.
- Ne t'en fais pas Nissa, lui dit David en attrapant son casque de moto, je suis un grand garçon maintenant, je fais attention et je ne prends pas de risques inutiles.
- Oui, si tu le dis, répondit-elle avec un sourire crispé.
- Allez, je file. Merci pour le souper, c'était très agréable, dit-il en se penchant pour embrasser Amy sur la joue. Noah, je te paie ça la prochaine fois, ajouta-t-il en lui serrant la main.
- Pas de problème! Bonne chance pour ce soir, j'espère que vous n'y passerez pas la nuit!
- Moi aussi… Bye Nissa, ajouta-t-il en se redressant.
Elle remarqua alors les cernes sous ses yeux, il avait l'air épuisé. Savoir qu'il retournait travailler pour un nombre d'heures indéterminées l'inquiétait.
- Bye David, sois prudent, surtout, ajoute-t-elle en posant la main sur son bras.
Il lui sourit tendrement et se pencha pour déposer un baiser sur le dessus de sa tête, l'enveloppant de l'odeur envoutante de son eau de Cologne.
- Promis! Bonne nuit, murmura-t-il contre son oreille, la faisant frissonner.
Sur ce, il se retourna et quitta l'appartement au pas de course. Elle le regarda par la fenêtre, enfiler son casque et enfourcher sa moto japonaise avant de décoller en trombe. Il passa devant la fenêtre, le vent faisant battre son mince chandail, révélant une chute de reins qui fit monter une vague de désir en elle. Secouant la tête pour se sortir du trouble qui l'avait envahie, elle se tourna vers sa sœur avant de lui demander, d'un ton presque suppliant :
- S'il-te-plaît Amy, ne lui reparle plus du mariage, tu l'as rendu très mal-à-l'aise, et moi aussi.
- Très bien, concéda-t-elle en levant les mains en signe d'abandon. Mais je continue à croire que c'est une bonne idée! Je vais te laisser régler ça à ta façon…
- Merci!
Elle resta encore environs une heure à discuter avec eux puis elle prit congé. Se concentrer sur les conversations lui demandait trop d'efforts, elle ne pouvait cesser de penser à David et de s'inquiéter. En arrivant chez elle, elle se précipita sur le téléviseur et régla la chaîne des nouvelles, pour voir si elle pouvait en apprendre d'avantage sur les événements de la soirée. Malheureusement, elle ne trouva rien qui se rapprochait d'une perquisition.
Après plusieurs minutes à faire les cents pas dans son salon, elle se décida à lui envoyer un message texte. Elle se souvenait d'avoir eu son numéro il y a environ deux ans, pour le mariage de Noah et sa sœur. Comme elle ne l'avait jamais recontacté depuis, elle n'était pas certaine qu'il soit encore bon mais elle était disposée à essayer malgré tout. Après plusieurs minutes à essayer de trouver les bons mots, elle lui envoya finalement un message qu'elle jugea satisfaisant.
« Bonjour David, c'est Nissa. J'espère que ton intervention s'est bien passée ce soir. Je sais que ça peut paraître ridicule mais pourrais-tu juste me laisser savoir quand tu seras rentré sain et sauf? Peu importe l'heure! Merci… »
Sitôt la touche d'envoie pressée, elle regretta. Il allait non seulement la trouver ridicule mais il allait probablement ignorer également sa demande. Mais elle n'y pouvait rien, elle se sentait oppressée à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Et ce sentiment accroissait à chaque heure qui s'écoulait. Elle avait beau s'être mise au lit depuis plus de trois heures, elle n'arrivait toujours pas à dormir, malgré qu'il soit rendu 4h00 du matin. Elle ne pouvait être certaine qu'il ait reçu son message alors, peut-être attendait-elle une réponse en vain mais c'était plus fort qu'elle.
Pour les prochaines heures, toutes les quinze minutes, elle vérifiait son téléphone, craignant d'avoir manqué la sonnerie et d'avoir reçu un message de sa part, mais en vain.
Lorsque finalement, elle entendit la sonnerie caractéristique du message texte entrant, elle saisit son téléphone les mains tremblantes pour découvrir avec soulagement, un message de David. Il était 4h45 :
« Hey Nissa, désolé de t'avoir inquiété ce soir. Je suis bel et bien rentré, sain et sauf! J'espère que tu fais de beaux rêves en ce moment! À très bientôt »
Elle sentit une vague de soulagement l'envahir et ne put résister à l'envie de répondre :
« Merci David! Je suis contente que tu aies écris. Désolée, je suis un peu mère poule… Tu vas bien, tu es certain? »
« Je vais bien, comme promis! Je ne connaissais pas ce côté de toi mais il n'est pas pour me déplaire, ne t'en fais pas. Je t'ai réveillée? »
« Je n'arrivais pas à dormir »
« Ça a quelque chose d'adorable… Dis-moi, c'était sérieux, cette histoire de mariage? »
Elle se redressa dans son lit, ne sachant trop quoi répondre. Elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il lui en reparle, au contraire. Mais en cet instant, si elle avait eu à choisir un cavalier, ça aurait été David ou personne. Elle répondit donc:
« Oui mais c'est à Chicoutimi, ça va prendre tout le weekend. Je ne peux pas vraiment demander ça! »
« Tu survivrais, à un weekend complet en ma compagnie?? »
« Ha ha, très drôle! Je n'aurais pas dit ça il y a quelques semaines mais oui, je crois que ce serait possible! »
« Alors je vais t'accompagner »
« Vraiment? Tu es certain? Ne te sens surtout pas obligé! »
« Vraiment. Je suis certain. Et je le fais parce que j'en ai envie! »
« Merci David! Ça me fait très plaisir! Au dodo maintenant, il est tard. Tu avais l'air fatigué, tout à l'heure »
« Je suis déjà au lit »
« Dors bien, alors »
« Oui, ça devrait être possible, maintenant. Merci Nissa »
« Merci? »
« Oui, merci de t'inquiéter et de m'avoir fait oublier cette soirée! »
« Oh! Tu vois que je peux être aimable! »
« Je n'en ai jamais douté! Fais de beaux rêves »
« Toi aussi… »
Elle attendit quelques instants, le téléphone en main pour voir s'il allait répondre quelque chose à son dernier message texte mais rien ne vint. Elle le déposa sur sa table de chevet et croisa son reflet dans le miroir. Ce qu'elle vit était le reflet d'une jeune femme souriante, aux joues rosies de plaisir. Cet échange de messages avec David avait fait battre son cœur. Oui, sa sœur avait raison, c'était un homme bon et… terriblement attirant! Juste l'idée de passer plusieurs heures seule en sa compagnie la rendait fébrile. Mais allons, qu'allait-elle chercher. Il l'accompagnait seulement par gentillesse, elle devait garder ça en tête, si elle ne voulait pas se ridiculiser ou pire, se faire de fausses idées!
Elle ferma les yeux, un sourire aux lèvres, certaine de dormir paisiblement maintenant qu'elle le savait à la maison. Puis, soudain elle réalisa que pour la première fois depuis des mois, elle n'avait pas espéré qu'il s'agisse d'un message de Carl, quand le message texte s'était manifesté. Faisait-elle enfin des progrès?
Chapitre 4
Quelques jours après l'échange nocturne avec David, Nissa prenait un verre en compagnie de son amie Ève. Celle-ci lui racontait un événement survenu avec une de ses clientes le jour même, à la boutique de cosmétique où elle travaillait tout en gesticulant, fidèle à ses habitudes. Nissa écoutait distraitement son amie, plus fascinée par le nombre impressionnant de bagues et de bracelets que portait celle-ci que par l'histoire elle-même. Après avoir commenté poliment l'anecdote de son amie, elles passèrent commande au serveur.
Nissa enviait un peu son côté non conventionnel et extravertie. Elles étaient si différentes! Et pourtant, elles étaient amie depuis leur plus tendre enfance et, malgré leur différences, se comprenaient aussi bien maintenant que dans leurs jeunes années.
- Bon, assez parlé de ça! S'exclama-Ève en prenant une gorgée de Sangria que le serveur venait de poser devant elles. Le gars là-bas, au bar te jette des coups d'œil furtifs depuis que nous sommes arrivées! Tu devrais lui rendre son sourire ou quelque chose, il a l'air sympa! En plus, si tout se passe bien, il pourrait être un cavalier potentiel pour le mariage de ton ami!
Curieuse, elle se retourna pour apercevoir l'homme dont parlait son amie. Elle devait admettre que c'était plutôt flatteur, il était bel homme…
- Merci mais je ne cherche personne en ce moment.
- Très bien mais je croyais que tu ne souhaitais pas aller seule au mariage, répondit son amie en levant un sourcil parfaitement dessiné.
- En effet mais, j'ai déjà un cavalier.
- Quoi? Tu ne m'avais pas dit ça! Qui est-ce? Je le connais?
- Oui… Il s'agit de David Green.
- L'ami de ta sœur?
Elle se contenta d'acquiescer.
- Wow… Tu n'y vas pas de mains morte!
- Que veux-tu dire?
- Il est canon, ce mec! Tu vas rendre toutes les filles jalouses! Il est tellement mieux que Carl en plus!
- Tu me surprends, je ne pensais vraiment pas qu'il était ton genre!
- Il ne l'est pas, acquiesça-t-elle, mais je ne suis pas aveugle! Et puis, je ferais bien une exception pour lui! Ajouta-t-elle avec un clin d'œil. Pas toi?
Elle rougit malgré elle.
- Ce n'est pas ce que tu crois, nous sommes amis, tout simplement. Il me rend service, point.
- Ah bon? Et tu ne penses pas que passer une fin de semaine, seule avec lui, pour assister à un mariage en plus, pourrait conduire à quelque chose de plus..?
- Non, s'exclama-t-elle, catégorique. C'est à peine si on arrive à se supporter! Je ne sais d'ailleurs pas comment nous allons faire pour ne pas nous entre-tuer!
- Si tu le dis! N'empêche que c'est tout un parti, ajouta Ève, rêveuse. Tu n'aurais pas pu trouver mieux pour te faire remarquer!
- Arrête, tu en parles comme s'il s'agissait d'un accessoire! Pouffa-t-elle.
- Qu'y a-t-il de mal à ça? demanda son amie, avec de grands yeux innocents. J'adore les accessoires!
- Tu es impossible, se contenta-t-elle de répondre, en sortant son téléphone portatif de sa poche.
Elle avait cru le sentir vibrer et elle ne s'était pas trompée. Il s'agissait d'un message texte. De David! Son cœur manqua un battement, elle aurait pu le jurer! Elle se força à rester le plus impassible possible, et ouvrit fébrilement le message :
« Hey Nissa! J'ai cru que tu serais intéressée de savoir que je suis en congé pour les trois prochains jours alors, pas besoin de rester éveillée toutes les nuits à te demander où je suis! »
Il ponctuait son message d'un émoticon de clin d'œil. Elle sourit, malgré elle. Il n'avait pas tort, elle avait un peu plus de mal qu'à l'habitude à trouver le sommeil mais elle se disait qu'il pourrait se sentir étouffé, si elle lui écrivait tous les soirs pour lui demander où il était! Elle s'était donc résolue à ne pas le lui demander et essayait de ne pas penser au danger qu'il courait chaque jour!
« Tu me soulages! Mais, ça ne veut pas dire que tu seras en sécurité pour autant»
« Je te garantis que je vais m'y employer »
« Donc, tu seras sage..? »
« Si ça peut te faire plaisir. Je serai rentré à la maison avant minuit! »
« C'est mieux que rien » Répondit-elle, consciente de flirter ouvertement avec lui.
« Seul! Satisfaite maintenant..? »
Elle se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux, consciente que son amie la scrutait avec intérêt.
- « Oui »
- « Bon… Je ne peux pas croire que je viens de te promettre ça!»
Pour toute réponse, elle lui envoya un émoticon à l'effigie d'une grimace.
« Et toi, où es-tu? Que fais-tu? »
« Je prends un verre avec une amie »
« Ah… Et, tu vas être sage, toi aussi? »
« Je suis toujours sage! »
« Difficile à croire…»
- Hé oh, Nissa, tu m'écoutes? Tu te souviens que nous sommes ensembles? Demanda son amie, visiblement agacée.
- Oui, oui, deux minutes Ève, marmonna-t-elle, incapable de couper court à cette conversation.
« Tu ne me fais pas confiance? »
« Ce n'est pas ça. C'est surtout aux autres, que je ne fais pas confiance! »
« Je promets de faire attention »
« Et de rentrer seule chez toi? »
« Promis! Toi aussi, tu es un peu père poule! Je ne m'en doutais pas »
« Il y a plein de choses que tu ignores à mon sujet »
« Peut-être que j'ai envie de les découvrir… »
« Pour ce soir, contente-toi de rentrer en un seul morceau! »
Il ponctua sa phrase d'un sourire et elle était certaine qu'il devait arborer en cet instant son sourire en coin qui, elle devait l'admettre, le rendait irrésistible.
« D'accord. Bonne soirée! »
« Toi aussi »
- Pardon Ève! C'était très impoli!
- En effet! Tu devras me payer un verre, pour te faire pardonner. Ne me dis pas que tu parlais à ta sœur, je ne te croirais pas!
- Non, murmura-t-elle. Il s'agissait de David…
- Tiens donc! Celui avec qui tu as une relation purement platonique?
- Je crois que je viens de flirter avec lui!
- Tu le crois? À voir tes joues rouges et tes yeux brillants, ça me semble une évidence!
- Il est différent, j'apprends à le connaître et, ce que je découvre me plaît, avoua-t-elle.
- Bon, ça fait du bien de te voir un peu sourire, en tout cas. Depuis l'histoire avec Carl, tu étais tellement déprimée, je commençais à m'inquiéter!
- Pardon Ève, le pire est passé! Pour ce qui est de Carl, je vais profiter du mariage pour essayer d'avoir un peu de temps avec lui, pour qu'on puisse s'expliquer et, peut-être arranger les choses? J'aimerais qu'on puisse redevenir amis.
- Pourquoi? Demanda Ève en plissant le nez. Pour un ami, il ne t'a pas traité avec beaucoup de respect! Tu veux vraiment compter des gens comme lui parmi tes amis?
- Bien, bredouilla Nissa, prise de cours par les propos de son amie, il me manque, nous étions de bons amis, nous avons plein de choses en commun!
- C'est toi qui le sait, répondit Ève dans un haussement d'épaules, avant de faire signe au serveur de s'approcher.
Nissa referma la porte de son appartement avec soulagement et enleva ses chaussures avec un soupir de bien-être. Ses escarpins étaient superbes mais très peu adaptés à la vie citadine. Elle avait définitivement marché quelques coins de rues de trop et avait les orteils en compote.
Elle prit une douche rapide, toujours troublée par les propos de son amie envers son éventuelle relation avec Carl. Ève avait-elle raison? Est-ce qu'elle idéalisait leur relation à tort? Elle s'avait qu'elle avait cette tendance mais elle avait besoin de le revoir, de lui parler. Il lui manquait, ça, c'était bien réel, non?
Elle se mit au lit, soudain très lasse. Elle éteignit les lumières et ferma les yeux, espérant trouver le sommeil rapidement. Après quelques instants, prise d'une impulsion, elle saisit son téléphone et envoya un dernier message à David :
- « Je suis arrivée à la maison, bien au chaud dans mon lit et bel et bien seule! Fais de beaux rêves!»
À cette heure, David dormait certainement mais elle sourit, pensant qu'il verrait son message à son réveil. Elle souriait toujours, quelques minutes plus tard quand elle sombra dans le sommeil.
Chapitre 5
Nissa était en train de terminer de faire ses bagages. David serait chez elle vers 18h00, soit dans moins d'une heure et elle se sentait soudain paniquée. Il ne s'était pas revus depuis la soirée sushis mais avait échangés quelques messages au fil des semaines et s'étaient parlé quelques jours auparavant pour planifier leur séjour. Elle ne savait trop que penser de la relation qu'ils étaient en train de bâtir. Ils semblaient être amis mais parfois, elle avait l'impression de désirer plus. L'idée qu'il passait peut-être ses soirées avec une autre femme lui était insupportable et le risque inhérent à son travail la rendait insomniaque! Pourtant, l'idée de s'engager avec David lui semblait complètement farfelue! D'autant plus qu'elle ignorait sa position sur le sujet…
Elle saisit le téléphone et appela sa sœur. À peine celle-ci eut-elle le temps de répondre que Nissa lui posa la question qui lui brulait les lèvres, sans autre forme de préliminaire :
- Crois-tu que ce soit prudent, d'être seule avec David pendant près de deux jours et deux nuits?
- Bonjour quand même, marmonna sa sœur. J'avoue que je ne suis pas certaine de comprendre le sens de ta question, Nissa, répondit finalement Amy, après quelques minutes d'hésitation. Si tu as peur qu'il se jette sur toi, rassure-toi, il s'agit d'un homme bien, il n'essaiera pas de profiter de la situation!
- Je ne suis pas inquiète pour ça, au contraire. Je lui fais parfaitement confiance. Seulement… et si moi, j'essayais de profiter de la situation? Demanda-t-elle, anxieuse.
- Toi? s'exclama sa sœur en riant. Est-ce que ça veut dire que finalement, tu ne serais pas aussi insensible à son charme que tu le prétendais?
- Peut-être moins que je ne le pensais, en effet. Je ne sais pas, il est différent.
- Je te l'avais dit, répondit Amy avec son ton de grande sœur qui a toujours raison.
- Tu m'agaces, se contenta de répliquer Nissa. Il sera ici dans moins d'une heure et je suis complètement paniquée!
- Chérie, tu t'en fais trop avec tout, comme d'habitude! Vas à ce mariage, fais ce que tu as à faire avec Carl et amuse-toi, tout simplement! David est de très bonne compagnie, vous allez passer un bon moment!
Carl?? Ah oui, c'est vrai, elle l'avait complètement oublié, celui-là…
- Et puis, ça serait si horrible qu'il se passe quelque chose en David et toi? Je veux dire, tu pourrais trouver pire que lui!
- Là n'est pas la question, tu le sais. On va être appelés à se voir fréquemment, lui et moi. Je n'ai pas envie de me retrouver dans la même situation qu'avec Carl où j'ai dû renoncer à certains de mes amis… Je veux dire, c'est le meilleur ami de Noah, après tout! Et puis, il va probablement être le parrain de votre enfant!
- Enfant qui n'a toujours pas été conçu, précisa sa sœur avec un fond de tristesse, alors, ça ne devrait pas te préoccuper pour l'instant.
- Ça n'a pas fonctionné? Demanda sa sœur à contre cœur, faisant référence à la tentative de fécondation in-vitro qu'ils avaient fait quelques semaines auparavant.
- Non, malheureusement. Nous allons réessayer prochainement.
- Je suis désolée Amy…
- Merci… Maintenant, arrête de te poser des questions Nissa et profite de la vie, un peu! Nous n'en avons qu'une, à ce qui parait!
- Je sais, soupira Nissa, tu as encore raison. David est moi, nous sommes simplement amis. Il n'y a aucune raison pour que je m'en fasse à ce sujet.
- Et puis, si ça arrive, ça arrive!
- Quoi! Mais, ne m'encourage pas! Lança-t-elle à sa sœur en riant.
- Ce n'est pas moi qui pourrais te blâmer, ajouta sa sœur en joignant son rire au sien.
- Si ça arrive, je te donnerai des détails, la taquina-t-elle.
- De grâce non! Je tiens à mon mariage, moi!
- Merci Amy, tu es super! Je t'adore!
- Moi aussi, je t'adore, petite sœur! Aller maintenant, dépêche-toi, David n'est pas reconnu pour sa patience, ne le fais pas attendre.
- D'accord j'y vais. Mais, Amy… Pour le bébé, ne t'en fais pas, ça va venir. Ce sera ton tour bientôt, j'en suis certaine! C'est simplement un peu plus compliqué pour toi mais ça va finir par arriver!
- Merci Nissa, j'espère que tu as raison. Bon weekend! Tu viendras me raconter ça, à ton retour!
- Promis, bye Amy!
Elle raccrocha, pensant que ses problèmes étaient bien minces, face aux problèmes de conception de sa sœur. Il y avait déjà deux ans que Noah et elle essayaient d'avoir un enfant et ce, sans succès. Le moral d'Amy commençait à décliner dangereusement, depuis quelques semaines. Nissa se promit de passer plus de temps avec sa sœur, à son retour. Puis, chassant ses sombres pensées, elle se remit à faire ses bagages, quelques peu rassérénée.
- Ça va Nissa? demanda David, en se tournant vers elle, les sourcils froncés.
Elle sursauta et se tourna vers lui, réalisant qu'il y avait près d'une heure qu'elle n'avait pas dit mot. Il avait insisté pour conduire tout le long du trajet et elle fut soudain prise de remords d'être de si mauvaise compagnie. Il conduisait depuis près de trois heures et la nuit était tombée à présent, ça devait être ennuyeux pour lui.
- Pardon David! Je n'avais pas réalisé! J'étais perdue dans mes pensées, je crois. Mais, ça va, ne t'en fais pas!
- Tu pensais à quoi?
- À ma sœur, avoua-t-elle. Elle m'a appris tout à l'heure que le traitement n'avait pas fonctionné, je l'ai sentie très vulnérable, au téléphone. Ça m'inquiète.
- Oui, Noah m'en a parlé. Lui aussi, il est inquiet. Il hésite à réessayer, de peur qu'Amy ne soit pas assez forte en ce moment pour supporter une nouvelle déception.
- Il a raison. Je ne sais pas si elle le pourrait. Tu les as vu tout-à-l ‘heure? Demanda-t-elle.
- Oui, ce sont eux qui vont garder mon chien, ce week-end.
- Oh, c'est quelle race? Demanda-t-elle, ravie de changer de sujet.
- Un vieux Berger Allemand, un retraité de la brigade canine, précisa-t-il en souriant. Je l'ai recueilli l'année dernière. C'est un bon chien.
- Amy adore les chiens, ça va lui faire du bien!
- C'est ce que Noah a pensé également!
- Il s'appelle comment?
- Buck. Tu aimes les chiens, toi aussi?
- J'adore! Je ne peux pas en avoir un, où je suis mais quand je serai propriétaire, je vais en avoir un, c'est certain!
- C'est une bonne idée, ce n'est pas toujours sécuritaire de vivre seule.
- Oui monsieur le policier, je sais. Je fais très attention de ne pas ouvrir la porte aux étrangers! Ajouta-t-elle en coulant un regard vers lui, juste à temps pour le voir lever les yeux au ciel.
- Idiote, marmonna-t-il avec un demi-sourire.
Elle, elle rit franchement, réalisant qu'elle se sentait nettement mieux que quelques heures auparavant.
- Qu'est-ce que tu as à sourire comme ça? demanda-t-il après de longues minutes de silence en lui jetant un bref coup d'œil.
- La nuit est superbe, la musique est bonne et je suis heureuse d'être ici avec toi, en ce moment! Répondit-elle spontanément. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais, ta compagnie m'est très agréable! Tu me donnes l'impression que je n'ai pas besoin de m'inquiéter, que tout va bien aller!
Elle lui jeta un regard du coin de l'œil, pour voir qu'il avait un sourire circonspect aux lèvres.
- J'avoue que personne avant toi ne m'a dit quelque chose comme ça!
- Quoi, que ta compagnie était agréable? demanda-t-elle d'un ton innocent.
Il secoua la tête, faussement exaspéré avant de retirer sa casquette et de la lui lancer. Elle l'esquiva en riant, avant de la prendre et de la placer sur sa tête. Un peu trop grande pour elle, elle lui retomba sur les yeux.
- Confisquée! Précisa-t-elle
- Tu es très mignonne, comme ça, ironisa-t-il en se passant la main dans les cheveux, tentant vraisemblablement d'y remettre de l'ordre.
- Je te retourne le compliment!
- Je ne suis pas certain qu'on arrive à se rendre au mariage, finalement… marmonna-t-il. Il est possible que je t'aie étranglé avant cela!
- Attention, monsieur l'agent, ce sont des menaces très sérieuses, que vous proférez là, lui dit-elle d'un ton réprobateur.
- Seigneur! Soupira-t-il, secrètement amusé.
Finalement, comme prévu ils arrivèrent à l'hôtel un peu avant 23h00. Malgré ses protestations, il avait insisté pour transporter ses bagages jusqu'à la chambre et il laissa tomber sa valise sur l'un des deux grands lits de la pièce.
- C'est bon pour toi ici ou tu préfères celui-ci? Demanda-t-il en se dirigeant vers le lit le plus près de la porte avec son propre sac.
- C'est parfait, merci! Ouf, j'ai mal partout, je ne sais pas comment tu as fait pour conduire tout ce temps!
- On s'est arrêté une fois ou deux, ce n'est pas si mal, répliqua-t-il en haussant les épaules.
En quelques minutes à peine, ses bagages étaient défaits et il rôdait dans la chambre.
- Ça te dérange si je vais courir un peu pendant que tu défais tes bagages et prends ta douche?
- Non, pas du tout, répondit-elle un peu surprise. Tu n'es pas trop fatigué?
- Non, au contraire, après toute cette route, j'ai besoin de bouger, précisa-t-il en refermant la porte de la salle de bain pour se changer.
Il en ressorti en short et chandail long, ses espadrilles à la main.
- J'en ai pour un peu plus d'une heure, alors, ne t'en fais pas si tu ne me vois pas revenir avant de te mettre au lit, je ne t'en tiendrai pas rigueur, précisa-t-il. Je vais essayer de ne pas te réveiller, si tu es couchée.
- C'est bon, j'ai de petites choses à préparer pour demain, je ne pense pas être couchée. Sois prudent, tu ne connais pas le coin, ici.
- Ne t'en fais pas! À plus tard!
Elle le regarda sortir, admirant ses jambes minces et musclées. Oui, à l'évidence, il devait courir fréquemment. Elle le soupçonnait également de faire beaucoup de vélo, vu les cuisses qu'il avait!
À peine la porte se fut-elle refermée sur lui qu'elle sentit ses angoisses vis-à-vis de la journée de demain revenir la hantée. Avec un soupir résigné, elle entreprit de repasser sa robe, pour gagner du temps pour le lendemain.
Elle était sortie de la douche depuis quelques minutes à peine lorsque son compagnon revint à la chambre, à peine essoufflé.
- Salut, lança-t-il.
- Salut! Ça s'est bien passé?
- Super, température idéale pour courir! As-tu fini avec la salle de bain? Demanda-t-il en enlevant ses espadrilles.
- Oui, tu peux y aller, j'ai fini!
- Génial!
Sur ce, il enleva son chandail et le jeta sur son sac de sport, laissé à côté de son lit. Malgré elle, elle leva les yeux vers lui et resta bouche-bée.
- Tu ne peux pas être sérieux, là! S'exclama-t-elle, les yeux grands ouverts.
- Quoi? demanda-t-il en regardant autour de lui à la recherche de ce qui pouvait susciter ce commentaire.
- Tu ne peux pas réellement avoir l'air de ça! s'exclama-t-elle avec un mouvement vague vers son ami, vêtu uniquement d'un short taille basse sur ce qui semblait être un cuissard de course. Je veux dire, on dirait une photo retouchée!
Elle se doutait qu'il était athlétique mais tout de même pas à ce point! Tout chez lui était musclé et découpé, on aurait dit qu'il était taillé dans de la pierre. Son corps basané, hérité d'une grand-mère d'origine Espagnole, luisait de sueur. Elle laissa glisser son regard sur ses épaules larges et musclées, ses bras découpés, ses abdominaux sayants, son ventre ferme et musclé, tout chez lui appelait à la caresse. C'en était trop! Il était trop parfait!
Il la regardait avec un regard amusé, tandis qu'elle le détaillait avec une grande attention.
- C'est bon, tu as fini de me zyeuter? Demanda-t-il d'un ton narquois, en plaçant ses mains sur ses hanches, faisant saillir encore plus ses pectoraux, recouverts d'un duvet foncé qui courrait sur son ventre en ligne mince, disparaissant sous le tissu du short.
- C'est vraiment vrai, tout ça, demanda-t-elle, suspicieuse, en faisant un pas vers lui.
- Qu'est-ce que tu crois!
- Je peux toucher?
Il éclata de rire et secoua la tête, découragé, avant de répondre :
- Si ça peut te faire plaisir.
Elle s'approcha un peu plus et, timidement, elle effleura ses abdominaux noueux du bout des doigts, inconsciente des frissons délicieux qu'elle lui procurait.
- Incroyable! Je ne m'en serais jamais douté! Pourquoi tu te caches sous des vêtements amples?
- Ce n'est pas tellement mon genre, de pavaner, répondit-il dans un haussement d'épaule, en faisant un pas vers l'arrière pour mettre un peu de distance entre eux.
- Je te l'accorde, acquiesça-t-elle, encore plus admirative.
- Je ne le fais pas pour l'apparence mais par nécessité. C'est mon outil de travail, être en excellente forme physique pourrait me sauver la vie!
- En effet, je comprends ton point de vu. Mais, wow… C'est vraiment très dérangeant!
Elle brûlait d'envie de laisser courir ses mains d'avantage sur ce corps viril mais, malgré le désir puissant qu'elle ressentait pour lui en cet instant, elle réprima son envie.
- Tu veux que je me rhabille? Demanda-t-il, le regard brillant.
- Je n'arrive pas à me décider! Lança-t-elle après quelques instants de silence! Une chose est certaine, je vais aller me cacher sous un gros chandail de laine!
- Qu'est-ce que tu racontes! Tu es magnifique, lui assura-t-il en coulant vers elle un regard qui fit monter une onde de chaleur en elle.
Elle eut un rire de malaise, avant de répondre :
- Je suis loin de ressembler à ça!
- Je l'espère bien, répondit-il d'une voix basse. Aller, je vais prendre ma douche, lança-t-il en s'éloignant vers la salle de bain, lui donnant une superbe vu sur son dos, tout aussi ciselé que le reste de son corps.
L'espace d'un instant, elle se prit à imaginer à quoi pourraient ressembler ses fesses, sans doute aussi musclées que le reste de son corps. Cette seule pensée lui fit monter le rouge aux joues.
Lorsqu'il revint, elle s'était emmitouflée sous les couvertures de son lit. Un coup d'œil en sa direction lui appris qu'il était vêtu d'un boxer et t-shirt ajusté. Elle n'arrivait pas à déterminer si elle était déçue ou bien soulagée.
- Ça t'évitera de choisir, lui lança-t-il avec un clin d'œil.
- C'est aussi bien, marmonna-t-elle de sous les couvertures. Par contre, demain, tu pourrais peut-être envisager d'aller au mariage torse nu! Ajouta-t-elle alors qu'il fermait la lumière.
- Dors, plutôt que de dire des sottises, il est tard. La journée va être longue, demain!
- Oui, chef! Lança-t-elle en souriant dans le noir.
Comme si elle allait pouvoir dormir avec cet adonis à quelques mètres seulement d'elle!
Chapitre 6
Le lendemain, Nissa était particulièrement nerveuse. David la traîna néanmoins de force au buffet, l'obligeant presque à manger. Pour une fois, elle s'exécuta sans protester.
- Qu'est-ce qui te stresse autant? Demanda-t-il donnant une petite tape sur sa main pour qu'elle cesse de se mordiller l'ongle.
- Tout, j'imagine! C'est la première fois que je vais revoir Carl depuis des mois. En fait, on s'est plus ou moins laissés par messagerie texte, avoua-t-elle, les yeux baissés.
- Tu es sérieuse?
- Malheureusement. On s'est parlé cinq minutes à la fin, mais le plus gros avait été écris.
- Il est encore plus lâche que je ne le pensais! S'exclama-t-il le regard mauvais.
- J'ai ma part de responsabilité. Quand je l'ai su, je lui ai envoyé un message texte, plutôt que de l'appeler. Je ne voulais pas qu'il me réponde alors qu'il était avec elle. Enfin bref, il est trop tard pour regretter! J'anticipe seulement, ça va faire bizarre de le revoir!
- Hey, dit-il en lui relevant le menton pour la regarder dans les yeux. Ça va aller! Je ne te laisserai seule une minute, ajouta-t-il en lui faisant un clin d'œil.
- Merci David! Je me sens tellement mieux juste de penser que tu vas être à mes côtés!
Il se contenta de presser sa main dans la sienne avant de demander :
- Nous sommes supposés être quoi, l'un pour l'autre? Des amis? Des amants?
- Bonne question, bredouilla-t-elle, les joues en feu. Nous sommes en couple. Nous avons seulement à nous en tenir à une version le plus proche possible de la vérité. On se connaît depuis dix ans et, il y a quelques mois, nous nous sommes rapprochés!
- Ça me va! Dis-moi, ce type, s'il voulait que vous vous remettiez ensemble, tu serais intéressée?
Sa question la prit au dépourvu et elle resta silencieuse, quelques instants avant de demander :
- Pourquoi tu me demandes ça?
- Comme ça, dit-il avec un haussement d'épaules nonchalant, évitant son regard.
- Non. Je n'ai pas beaucoup de respect pour la façon qu'il s'est simplement arrangé pour que je l'apprenne, plutôt que de me le dire directement. Si je n'arrive pas à le respecter, comment bâtir une relation?
Il acquiesça lentement avant de vider son café.
- Aller ma belle, on va devoir y aller si tu veux avoir le temps de te préparer!
Enfin, elle se sentait prête à affronter ce mariage! Son maquillage était léger et discret, ses cheveux, bouclés au fer plat et relevés en chignon lousse d'où s'échappaient quelques mèches rebelles. Sa robe vaporeuse, cintrée à la taille avantageait sa silhouette et tombait en vague souple légèrement au-dessous. La coupe et la couleur bleu turquoise de cette robe l'avantageait sans conteste.
Forte de cette idée, elle prit une profonde inspiration et sorti de la salle de bain pour rejoindre David. Elle n'eut pas à le chercher longtemps puisqu'elle se heurta à lui en tournant le coin. Solide comme le rock, il ne broncha pas alors qu'elle se vit contrainte de reculer de quelques pas, en titubant, suite au choc. Il se retourna vers elle et passa son bras autour de sa taille pour l'aider à se stabiliser, l'amenant un peu plus près de lui, par le fait même. Elle fut enveloppée par l'odeur musquée de son eau de Cologne qui lui tourna la tête.
- David, balbutia-t-elle, tu m'as surprise! Je ne m'attendais pas à te trouver ici.
- Je faisais mon nœud de cravate, précisa-t-il en désignant le miroir du couloir.
Il fit un pas en arrière, pour mieux la regarder. Le sourire qu'elle vit se dessiner sur son visage confirma qu'elle était prête à affronter cette journée.
- Tu es magnifique, dit-il d'une voix rauque en relâchant sa taille pour s'éloigner encore davantage d'elle.
- Merci, murmura-t-elle, troublée par l'intensité de son regard. Toi-même, tu portes l'habit comme un gant, avoua-t-elle, la gorge soudain sèche.
En effet, la veste épousait à merveille ses larges épaules et la coupe classique de l'habit mettait en valeur son corps mince. Il avait choisi un ensemble gris anthracite avec une chemise gris perle qui faisait ressortir les paillettes d'or de ses yeux.
- Viens, murmura-t-elle pour se sortir de son trouble. Laisse-moi t'aider avec ton nœud de cravate.
Il la regarda faire docilement.
- Incroyable, marmonna-t-elle en finalisant le nœud, je dois presque me mettre sur la pointe des pieds, malgré que je porte des souliers à talons hauts! C'est une première. D'habitude, je ne peux même pas en porter, tellement ça me donne l'air d'être horriblement grande!
- Qu'est-ce que tu racontes!
- Non, c'est vrai, avec des souliers à talons, je suis plus grande que plusieurs de mes compagnons ou du moins, j'arrive à leur taille!
- Tu es minuscule!
- Laisse-moi rire! Amy est minuscule, moi, je suis trop grande! Précisa-t-elle en ajustant sa cravate pour qu'elle soit droite. Voilà, ajouta-t-elle en boutonnant le dernier bouton de sa veste, tu es parfait, comme ça!
- Merci, marmonna-t-il avant de la prendre par la taille pour l'attirer contre lui, devant le miroir. Regarde, lança-t-il en désignant le miroir du menton. Non seulement tu n'as pas l'air trop grande, mais tu es parfaite pour moi!
Elle devait admettre qu'il avait raison. À ses côtés, comme ça, elle avait presque l'air minuscule… L'imposante stature de son ami lui conférait un air presque fragile, qui la faisait paraître particulièrement féminine. Elle croisa le regard de David dans le miroir et lui fit un sourire reconnaissant avant de s'appuyer contre lui, quelque secondes, en signe de remerciement.
- Allons-y, lança-t-il, brisant l'ambiance du moment. Nous devons être à l'église bientôt!
Elle se contenta d'hocher la tête et de le suivre, le cœur léger.
La cérémonie avait été très réussie. Son ami resplendissait de bonheur au bras de la femme qu'il aimait. Elle espérait avoir la chance de vivre un tel bonheur à son tour, un jour. Le couple de mariés avaient demandé à ce que chaque couples présents passent devant les photographes, afin d'avoir un souvenir de cette journée et David et Nissa s'étaient prêtés au jeu et revenaient, en plaisantant à voix basse sur une invitée qu'ils venaient de croiser et qui avait l'air de porter de la barbe à papa d'avantage qu'une robe lorsque Nissa s'arrêta brusquement.
- Qu'y-a-t-il? demanda David en se tournant vers elle.
- Je viens d'apercevoir Carl, avec sa copine.
Elle crut apercevoir la mâchoire de David se contracter mais, lorsqu'il se tourna vers elle, il semblait impassible.
- C'est lequel?
- Le blond avec la chemise bleu, précisa-t-elle en pointant un groupe du menton. La fille en orange, c'est Nancy, précisa-t-elle alors que celle-ci éclata d'un rire sonore.
- Tu veux toujours lui parler?
- Tu sais quoi? Non! Je n'ai pas envie de gâcher cette belle journée, s'exclama-t-elle, à sa propre surprise. Allons plutôt féliciter les mariés, les voilà justement!
- Tu es certaine? Demanda-t-il en fronçant les sourcils. Je croyais que c'était en partie pour lui parler que tu souhaitais venir à ce mariage.
- Je sais, répondit-elle. Mais étrangement, ça me semble beaucoup moins important maintenant!
- C'est toi le chef! Lança-t-il en lui prenant la main pour se diriger vers le couple de mariés.
- Oui, murmura-t-elle, serrant sa main avec reconnaissance, allons-y. Je voudrais te présenter Vincent, c'est un bon ami à moi!
Un peu plus tard dans la soirée, David se pencha vers elle et lui demanda :
- Je vais me chercher un verre, tu veux quelque chose?
- Oui, je veux bien. Tu prends quoi, toi?
- Un verre de vin rouge.
- C'est rare que je te voie boire de l'alcool, commenta-t-elle. Ce sera un verre de rosé pour moi.
- C'est rare que je suis absolument certain de ne pas recevoir d'appel pour le travail, répondit-il en haussant les épaules.
- Alors ce soir, grâce à moi, tu es certain d'être en sécurité. J'aime beaucoup cette idée…
- En sécurité? Tout est relatif, marmonna-t-il Je reviens! Ajouta-t-il en s'éloignant vers le bar.
Elle le regarda s'éloigner, regrettant déjà qu'il ne soit plus à ses côtés.
- Alors Nissa, tu t'amuses? Demanda Vincent qui venait de la rejoindre.
- Oui, beaucoup! C'est une si belle nuit, vous avez bien fait de choisir de faire la réception à l'extérieur, c'est magnifique, ajouta-t-elle en jetant un regard circulaire, s'arrêtant sur le ciel étoilé.
- Oui, c'était une idée de Sophie. Nous avons été chanceux, la température est clémente! Alors comme ça, tu sors avec quelqu'un, je l'ignorais! Ajouta-t-il
- C'est ressent, précisa-t-elle. Je n'avais pas eu l'occasion de t'en parler, nous nous sommes à peine vu, ces dernières semaines!
- Oui, tu as raison, j'ai été bien occupé avec les préparatifs de dernières minutes! Je l'aime bien! Il m'a l'air d'être un bon gars!
- Oui, il l'est, répondit-elle, en le couvant du regard, au loin.
- En tout cas, ça se voit qu'il est fou de toi! Ne le laisse pas partir, celui-là! Ça pourrait bien être le bon!
- Ah ah, toi, tu fais dans le sentimentaliste? Ça parait que tu viens tout juste de te marier! Lui lança-t-elle avec un grand sourire.
- Oui, d'ailleurs, je vois Sophie qui me cherche, ça va être l'heure de la première danse bientôt… Souhaite-moi bonne chance!
- Bonne chance mon grand! Répondit-elle docilement en lui tapotant le bras.
Elle le regarda s'éloigner, et elle était si prise dans ses réflexions qu'elle ne remarqua pas Carl qui venait de se glisser derrière elle.
- Bonsoir Nissa, glissa-t-il, la faisant sursauter. Tu es magnifique ce soir!
- Carl, bonsoir, répondit-elle, soudain nerveuse.
- Comment vas-tu?
- À merveille, et toi?
- Ça peut aller…
- Et comment va Marianne?
- Ça va, je crois!
- Bien!
Un silence s'installa entre eux. Tous ces mois à ressasser tout ce qu'elle lui dirait lorsqu'ils se reverraient et elle se retrouvait sans mot. Ces paroles qu'elles avaient minutieusement préparées lui semblaient dérisoires, à présent. Elle le détailla du regard et le trouva bien fade, comparé à son compagnon du moment. Ève avait raison. Avaient-ils vraiment été de si bons amis, par le passé? Pas vraiment. Alors, pourquoi voudrait-elle le garder dans sa vie? Elle n'en voyait désormais plus la raison.
Elle regarda autour d'elle, se demandant où était passé David lorsqu'elle l'aperçut. Il était un peu à l'écart, visiblement indécis à savoir s'il devait approcher ou lui donner de l'espace. Elle résolu le dilemme pour lui en lui souriant avec chaleur, ce qui le décida à venir les rejoindre. Il lui tendit son verre qu'elle accepta avec empressement avant de se tourner vers Carl pour faire les présentations.
- Carl, je te présente David Green, David, Carl Beaulieu.
- Enchanté, répondit David en lui tendant la main pour la serrer.
- Pareillement, répondit Carl après un bref moment d'hésitation, en prenant sa main.
David plaça ensuite sa main dans le creux ses reins, la faisant frissonner. Son geste avait quelque chose de possessif et si elle en en doutait, voir les deux hommes se jauger du regard suffit à disperser ses doutes.
- J'espère que vous passez une belle soirée, Nancy et toi, ajouta-t-elle pour prendre congé.
- Nissa attends, l'arrêta Carl, visiblement mal-à-l'aise face à David. Crois-tu que nous pourrions parler, un peu plus tard? Ou demain, peut-être? Tout le monde se retrouve chez les parents de Sophie, pour le brunch. Il me semble que nous aurions des choses à nous dire, précisa-t-il.
Elle prit quelques instants pour réfléchir puis répondit, avec un calme qu'elle ne se serait jamais cru capable d'éprouver :
- Ce ne sera pas possible, en fin de semaine. Qui plus est, personnellement, il n'y a rien dont j'aimerais discuter. Mais si tu y tiens, tu pourras toujours me contacter à Montréal et on verra à trouver un moment plus approprié pour le faire. Maintenant, je dois y aller, je voudrais voir la fin de la première danse des mariés.
Sur ce, elle se retourna et partis, la tête haute, laissant le pauvre Carl bouche-bée. David, toujours à ses côtés, prit sa main tremblante dans la sienne et la pressa en signe de réconfort.
- Très impressionnant, mademoiselle Morgan, lui murmura-t-il à l'oreille en l'entraînant vers la piste de danse où les mariés étaient maintenant rejoints par les invités, laissant leurs verres sur une table vide au passage.
Il l'enlaça tendrement, alors qu'elle glissait ses mains autour de son cou.
- Tu aurais pu lui parler, si tu le souhaitais, ajouta-t-il après quelques instants d'un silence confortable. J'espère que tu ne t'en ai pas empêchée pour moi, ajouta-t-il en cherchant son regard.
- Non, murmura-t-elle sans lever les yeux, préférant de loin se blottir contre son ami. J'étais sérieuse. Je me suis rendue compte que je n'avais plus rien à lui dire et que, finalement, je ne désirais pas vraiment le garder dans ma vie. Nous allons sans doute nous expliquer, mais je n'avais pas envie de le faire en fin de semaine.
- Pourquoi pas, ça aurait été fait!
- J'ai toute la vie pour régler mes comptes avec lui mais une seule fin de semaine avec toi, murmura-t-elle. Je n'avais pas envie d'en perdre une minute.
Elle le sentit resserrer son étreinte et poser son menton sur sa tête. Oui, elle devait l'avouer, se trouver dans ses bras était fantastique. Mieux qu'elle ne l'ait imaginé. Il se dégagea doucement de son étreinte, arrêtant de danser dans le mouvement. Elle releva les yeux vers lui, surprise.
- On nous regarde, murmura-t-il.
- Quoi? Qui nous….
Elle n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase que sa bouche capturait la sienne dans un baiser d'une tendresse qui la bouleversa. Instinctivement, elle entrouvrit les lèvres, l'encourageant à l'approfondir d'avantage. Lorsque sa langue glissa contre la sienne, elle dû retenir un soupir de volupté, les flemmes du désir s'allumant en elle à une vitesse vertigineuse. Elle se rapprocha inconsciemment en resserrant l'étreinte de ses bras sur sa nuque, ce qu'il prit comme une invite à la serrer davantage contre lui, pressant son corps contre le sien. Il mit fin au baiser aussi tendrement qu'il l'avait initié, sans toutefois la laisser s'éloigner. Ils avaient tous deux le souffle court et elle pouvait sentir son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle reprenait lentement conscience d'où elle se trouvait. La chanson était terminée à présent et un rythme endiablé avait remplacé la balade. David, pour sa part, gardait le regard fixé sur elle, l'air absent. Ses yeux étincelaient de mille feux dans la nuit, impénétrables.
- Désolé, murmura-t-il finalement, après quelques instants de silence, en relâchant son étreinte. J'ai jugé que ça ajouterait de la crédibilité à notre histoire, ajouta-t-il.
Elle le regarda avec insistance, son corps se languissant cruellement de la chaleur du sien. Elle chercha un signe de trouble qui lui permettrait de croire qu'il avait ressenti la même chose qu'elle mais, fidèle à lui-même, il était impassible.
- Eh bien, marmonna-t-elle, tu es un excellent acteur! Viens, j'ai besoin d'un verre, ajouta-elle en se dirigeant vers la table où les attendaient leurs verres et quelques amis à elle.
Le reste de la soirée passa à une vitesse incroyable. David s'entendait visiblement bien avec ses amis et il discutait avec eux, alors qu'elle dansait avec ses amies. De temps en temps, elle lui jetait des regards, se demandant si le moment magique qu'elle avait vécu avait réellement eut lieux. Elle ne pouvait pas croire qu'il était capable de l'embrasser comme il l'avait fait sans avoir ressenti la moindre pointe de désir. Juste d'y penser, elle sentait une douce chaleur l'envahir.
Oui, elle devait l'admettre, elle était en train de tomber amoureuse. Elle aurait dû se fier à son instinct, et rester loin de lui! Mais, faire marche arrière à présent était impensable. Au moins, s'ils pouvaient être de bons amis, elle n'aurait pas tout perdu.
- David, je tombe de fatigue, lui avoua-t-elle en arrivant à sa hauteur.
- Ok, donne-moi cinq minutes et je te ramène à la chambre, François est en train de me parler du jeu sur lequel il travaille en ce moment, c'est fascinant! Ajouta-t-il en lui prenant la main pour l'attirer sur ces genoux avec un naturel déconcertant.
Elle s'exécuta, docilement, et vint se blottir contre lui, heureuse de retrouver sa chaleur.
Connaissant déjà le projet personnel sur lequel travaillait son ami, elle se contenta d'écouter distraitement, simplement heureuse d'être avec eux en ce moment.
Comme promis, dès que la conversation fut terminée, il s'excusa auprès de ceux avec qui il avait passé la soirée et, après avoir dit au revoir à la plupart des personnes encore présentes, ils se dirigèrent vers la sortie.
- J'ai trop mal aux pieds, gémit-elle.
- Je veux bien te croire, à danser comme ça toute la soirée! Répondit-il avec un sourire en coin.
- Ça en valait la peine, j'ai passé une très belle soirée, répondit-elle.
- Je suis content de te l'entendre dire! Moi aussi, j'ai passé une belle soirée à mon grand étonnement. Tes amis sont sympathiques!
- Tant mieux, ça me fait plaisir! J'avais tellement peur que tu t'ennuies! Où avons-nous laissé la voiture, déjà?
- Par-là, tu vois? répondit-il en pointant un point sombre qu'elle n'arrivait pas à distinguer.
- Je ne suis pas certaine de pouvoir me rendre! Soupira-t-elle en lui passant courageusement devant lui.
- Très bien, marmonna-t-il avant de la soulever dans ses bras, comme si elle était un simple fétu de paille.
- David, s'exclama-t-elle, surprise. Que fais-tu! Repose-moi par terre!
- Pas question! Lança-t-il en riant! Ça va aller plus vite comme ça! Et puis, de quoi te plains-tu, tu peux reposer tes pauvres pieds douloureux!
- Là n'est pas la question, lança-t-elle en gigotant pour se libérer, de quoi on a l'air!
- Je m'en fiche éperdument! Lança-t-il avec son sourire irrésistible. Maintenant, arrête de gigoter ou je te jette sur mon épaule, lança-t-il.
- Tu es un vrai homme des cavernes, l'accusa-t-elle un grand sourire aux lèvres. Très bien, je me rends… ajouta-t-elle en passant les bras autours de son cou.
- Tu n'es pas de taille, de toute façon, ajouta-t-il.
- Pardon? Je suis probablement plus forte que toi, lança-t-elle, parfaitement consciente de l'absurdité de sa remarque, avant d'éclater de rire.
- Mais oui, ma belle, mais oui.
- Ok, peut-être pas plus. Disons autant!
Elle eut à peine conscience de passer à côté de deux couples qui les regardait mais elle s'en fichait. Du coin de l'œil, elle vit une robe orangée et se dit que, à tout le moins, elle avait plus de plaisir qu'eux en ce moment!
Elle sorti de la salle de bain après une longue douche bienfaitrice en poussant un soupir de contentement.
- Satisfaite de ta journée? Lui demanda David qui était allongé sur son lit en train de lire, les cheveux encore humides de la douche qu'il avait prise à leur retour.
- Vraiment! Cette journée était parfaite, ajouta-t-elle. Grâce à toi! Merci de m'avoir accompagnée!
- Je suis content d'être venu, répondit-il. Et content que tu aies voulu venir avec moi, ajouta-t-il en posant son livre sur la table de chevet. Courage, il ne reste plus que le déjeuner chez les parents de Sophie et on retourne en ville, lui dit-il en s'étirant avant de s'adosser de nouveau aux oreillers. C'est à une quinzaine de minutes de l'hôtel. Nous pourrons y aller et repasser chercher nos choses avant de rendre les clés de la chambre. Ça te convient?
- C'est parfait. Tu ne vas pas courir? Demanda-t-elle après un instant de silence.
- Ça peut attendre à demain. J'irai avec Buck après l'avoir récupéré. J'ai envie de rester avec toi, ce soir. Tu viens me rejoindre? Demanda-t-il en tapotant l'espace libre à côté de lui sur le lit.
Elle se retourna vers lui, les yeux ouverts de surprises, ce qui le fit éclater de rire.
- Ne me regarde pas comme ça, se défendit-il!
- Comme quoi?
- Comme si j'étais un prédateur sexuel! Je ne vais pas te sauter dessus! Après-tout, si j'avais voulu te séduire, en me basant sur ton émoi d'hier, je n'aurais pas revêtu de chandail, répondit-il d'un ton moqueur.
- Tu marques un point, répondit-elle en croisant les bras sur sa poitrine avant de s'approcher du lit avec méfiance. Mais tu ressembles à un prédateur, ajouta-t-elle.
- Moi?
- Tout-à-fait. Tu me fais penser à une panthère, avec ta démarche féline!
- N'importe quoi, répondit-il en secouant la tête, sidéré. Viens-ici, lança-t-il d'un ton excédé en lui prenant la main pour l'attirer à lui.
Incapable de résister, elle se laissa faire. Sitôt fut-elle assise sur le lit qu'il s'éloigna d'elle et jura, toujours moqueur, la main en l'air :
- Je te promets que je ne vais pas tenter de profiter de la situation.
- Idiot, répliqua-t-elle en lui lançant un coussin par la tête.
Il l'esquiva en riant avant de se laisser retomber sur les coussins, avec nonchalance. Elle l'imita, avec beaucoup moins de naturel, droite comme un « i ».
- Bien, tu sembles à ton aise! Ça me rassure!
- Laisse-moi tranquille, marmonna-t-elle entre ses dents. Bon, j'y suis, que me veux-tu?
- J'avais simplement envie de discuter, répondit-il, plus sérieusement, cette fois-ci. Nous n'en avons pas souvent l'occasion.
- En effet, murmura-t-elle. Que veux-tu savoir?
Il haussa les épaules avant de répondre, d'un ton léger :
- Tout!
- Très bien, il va falloir que tu te montres un peu plus précis, lui dit-elle avec un sourire, commençant à se détendre, peu à peu.
Ils discutèrent à bâtons rompus pendant près de deux heures, découvrant avec plaisir qu'ils avaient plus de choses en commun qu'ils ne le croyaient.
Les paupières lourdes, Nissa s'appuya contre son ami, nichant sa tête dans le creux de son épaule.
- Tu n'es pas très confortable, marmonna-t-elle.
- Toutes mes excuses, répondit-il d'un ton où perçait l'ironie en glissant ses doigts dans ses cheveux soyeux.
- David? Murmura-t-elle.
- Qu'y a-t-il?
- Ton travail, c'est très dangereux?
- Nous sommes bien entraînés et bien équipés, répondit-il après un moment de réflexion. Nous limitons les risques.
- Ce n'est pas vraiment une réponse, ça!
Il se contenta de déposer un baiser sur le dessus de sa tête.
- Et, c'est quoi, ta spécialité, dans ton travail?
- Ma spécialité?
- Oui, tu es davantage dans les sauvetages ou…
- Je suis tireur d'élite, la coupa-t-elle.
- Oh, bien sûr, murmura-t-elle.
- Comment ça, bien sûr?
- J'aurais dû me douter, que tu recherchais l'action, ajouta-t-elle en caressant la main libre de son ami du bout des doigts.
- Tu t'es renseignée sur mon métier, avoue-le!
- Je l'avoue, répondit-elle en riant.
- Tu n'as pas à t'inquiéter, précisa-t-il doucement en caressant son bras nu, je suis toujours très prudent.
- Oui, mais tout de même. Et, que va-t-il se passer pour nous, au retour? Est-ce qu'on va redevenir des ennemis? Demanda-t-elle après un instant de silence.
- Nous n'avons jamais été ennemis, précisa-t-il.
- Non?
- Non!
- Mon erreur alors… murmura-t-elle, sentant ses paupières se fermer toutes seules. Je devrais aller me coucher…
- Reste, murmura-t-il la voix rauque, je suis bien, comme ça.
- Moi aussi je suis bien, avec toi, murmura-t-elle avant de s'abandonner au sommeil.
Chapitre 7
Le lendemain, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle eut besoin de quelques secondes pour comprendre qu'elle était encore dans les bras de David. Leur doigts étaient entrelacés, remarqua-t-elle et, à la façon régulière dont sa poitrine se soulevait, elle en déduit qu'il devait être encore endormi. Elle ferma de nouveaux les yeux, savourant cet instant. Après un tel réveil, comment allait-elle supporter de ne pas se réveiller dans ses bras chaque matin? Cédant à une impulsion trop longtemps refoulée, elle caressa le contour de sa mâchoire du bout des doigts, souhaitant que cet instant se prolonge, quand il ouvrit les yeux.
- Bonjour ma belle, bien dormi?
- Oui, murmura-t-elle en se relevant à contre cœur, désolée, je crois bien que je me suis endormie, hier soir.
- Ça ne fait rien, j'ai dû te suivre peu de temps après.
Elle se releva tant bien que mal avant de déclarer, sans oser se retourner pour le regarder :
- Je vais me préparer, on doit partir sous peu.
- Pas de problème, je vais être prêt!
En effet, il était prêt bien avant elle. Comme la matinée était belle et qu'ils étaient à courte distance de la résidence, ils décidèrent de marcher.
- Tu es bien silencieux, aujourd'hui, lui dit-elle quand la maison fut en vue.
- Mais non, répondit-il. Je profite de l'instant présent, tout simplement.
Elle l'observa à la dérobée, percevant sans mal qu'il était perdu dans ses pensées mais préférant ne pas insister.
Tout dans le buffet était bon mais Nissa n'avait pas très faim. Elle anticipait la fin de la journée. David lui avait paru distant toute la matinée et la perspective de retomber dans leurs vieilles habitudes dès qu'ils seraient de retour à Montréal la terrifiait.
Elle observait David discuter avec Vincent au loin, rapidement rejoint par quelques amies de Nancy qu'elle savait célibataires. Mais comment blâmer ces filles… Il était si attirant, dans son bermuda beige et son t-shirt gris foncé ajusté. Lorsque l'une des filles posa sa main sur son bras en inclinant la tête vers lui, elle sentit une bouffée de jalousie la submergée, à sa grande honte. Que lui arrivait-il, elle n'était pourtant pas de nature possessive! Elle se retourna prestement pour se soustraire à ce spectacle. Après-tout, elle n'avait aucun droit sur lui, elle ferait bien de se le rappeler! Elle était tellement absorbée par cette découverte qu'elle ne se rendit pas comte que David venait de la rejoindre.
- Salut Beauté, que fais-tu ici, toute seule?
- David! Tu m'as fait peur, lança-t-elle en se tournant vers lui, je ne t'ai pas entendu arriver!
- C'est pour ça que tu m'as comparé à une panthère, hier soir? Demanda-t-il, un sourire des plus sexy aux lèvres, en se penchant vers elle.
- Entre autre, marmonna-t-elle, les joues en feu en se détournant pour jeter un regard circulaire autour d'elle pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'oreille indiscrètes.
Elle arrêta son mouvement sur la piscine creusée, de l'autre côté de la clôture et plissa les yeux. Elle posa instinctivement la main sur la poitrine de son ami, quand elle réalisa qu'il s'agissait d'un enfant qui y flottait.
- David, s'écria-t-elle, incapable d'en dire davantage.
Il se retourna, en alerte et suivi son regard avant de se précipiter vers la piscine, sautant la clôture avec une aisance déconcertante. Elle-même partit à sa suite, escaladant la clôture avec beaucoup moins de facilité. Elle arrivait au pas de course au bord de la piscine le plus rapproché de l'endroit où elle avait vu David disparaître sous l'eau quand elle le vit émerger, un enfant d'à peine quatre ans dans les bras.
- Donne-le-moi, dit-elle en se jetant à genoux sur le ciment, près de la piscine.
Il hissa le garçon hors de l'eau de façon à ce qu'elle l'attrape par les aisselles et se hissa lui-même à l'extérieur de la piscine. Alors qu'elle allongeait l'enfant, cherchant son pouls et vérifiant sa respiration.
- Je n'ai pas de pouls et il ne respire plus, annonça-t-elle, sentant la panique monter en elle, tapotant l'enfant.
- Justin, appela-t-elle, Justin, tu m'entends? Demanda-t-elle d'une voix forte.
- Tu le connais, demanda David qui venait de se laisser tomber à genoux à côté d'elle.
- Oui, c'est le fils de la sœur de Vincent, annonça-t-elle avant d'entreprendre un massage cardiaque.
- Tu sais ce que tu fais? demanda-t-il calmement.
- Oui, murmura-t-elle, j'ai été sauveteur toute mon adolescence, précisa-t-elle en se penchant pour faire la respiration artificielle à l'enfant.
- Très bien.
La foule commençait à affluer et David se leva, se plaçant entre elle et Nissa, qui continuait ses techniques de réanimation.
- Que quelqu'un appelle les secours, lança-t-il d'un ton autoritaire. Personne ne s'approche, sauf s'il y a des infirmiers ou des médecins parmi vous, l'entendit-elle ordonner. Il aura besoin d'air lorsqu'il se réveillera.
Son ton ne permettant pas la réplique, le silence retomba, à l'exception de sanglots étouffés. Nissa continuait son massage cardiaque avec fébrilité, priant pour qu'il ne soit pas trop tard. David reprit place à son côté et prit le relais à la respiration artificielle, lui donnant une chance de souffler, entre les interventions. Elle avait les bras en feux et le souffle court mais ça n'avait pas d'importance, tout ce qui comptait, c'était de faire les manœuvres avec précision, sans blesser l'enfant. Ce qui lui demandait toute sa concentration.
Elle entendit une sirène au loin mais réalisa qu'ils arriveraient trop tard pour sauver l'enfant et elle laissa échapper un sanglot. L'instant d'après, elle entendit Justin tousser faiblement. Elle s'arrêta immédiatement alors que David tournait le garçon sur le côté, lui permettant ainsi de recracher l'eau qu'il avait ingurgité. Nissa lui caressa le dos, le rassurant, tout en contrôlant ses signes vitaux. David fit alors signe à la mère de Justin de s'approcher et elle se précipita sur son fils, en larmes.
L'ambulance arriva sur ces entrefaites et l'enfant fut pris en charge, que David ait exposé la situation. Elle eut vaguement conscience que David revenait vers elle mais elle se sentait incapable de se relever.
- Nissa, c'est fini, il va bien, murmura-t-il en s'accroupissant près d'elle et en relevant son visage vers le sien.
- Je sais, murmura-t-elle mais… J'ai cru qu'il était trop tard, réussit-elle à articuler alors que de nouvelles larmes roulaient sur ses joues.
Il les essuya de ses pouces avant de l'embrasser tendrement.
- Tu as été parfaite, murmura-t-il dans ses cheveux en la serrant contre lui. Tu lui as sauvé la vie, ajouta-t-il en l'aidant à se relever.
- Non, c'est toi. Si tu ne l'avais pas sorti de l'eau aussi, vite, il aurait été trop tard.
- Alors on a fait une équipe du tonnerre! Lui dit-il en posant un baiser sur le dessus de sa tête, l'entraînant vers la porte de la clôture censée sécuriser la piscine.
Elle n'eut pas le temps de répondre que Vincent se précipitait vers elle et la prenait dans ses bras.
- Merci, murmura-t-il, la serrant à l'étouffer. Il l'a relâcha pour serrer la main à David, le remerciant tout aussi chaleureusement.
- C'est naturel, assura David, n'importe qui aurait fait pareil.
- Pas avec une telle efficacité! Si vous n'aviez pas été là et n'aviez pas réagi comme vous l'avez fait, le pire n'aurait pas pu être évité.
- Il a raison, murmura Nissa en levant des yeux admiratifs vers son ami, tu as été très impressionnant!
Ils furent interrompus par les parents de Vincent qui tenaient à les remercier personnellement puis par les autres personnes présentes qui voulaient les féliciter.
David jeta un coup d'œil à sa compagne qui frissonnait à ses côtés.
- On va y aller, maintenant, dit-il à Vincent. Nissa a besoin de se changer et d'une bonne douche chaude avant de reprendre la route. La journée a été déjà bien remplie.
- Bien sûr! Je comprends, vous voulez qu'on vous ramène?
- Non, ça ira, répondit Nissa, merci mais, marcher va me faire du bien, ajouta-t-elle en embrassant son ami. Passez un beau voyage de noces!
Bien qu'elle ait nié en avoir besoin, David avait insisté pour qu'elle aille prendre une douche chaude pour se réchauffer. Elle devait admettre qu'il avait eu raison, elle se sentait beaucoup mieux à présent. Lorsqu'elle sorti, vêtue d'un t-shirt ajusté blanc et d'une jupe en jeans, David était sorti sur le balcon, en pleine conversation téléphonique. Visiblement, il avait été dérangé alors qu'il se rhabillait car il n'était vêtu que d'un jeans taille basse. Elle n'entendait pas vraiment ce qu'il disait mais elle comprit qu'il était question de travailler le soir même. Il finit par accepter de remplacer son interlocuteur et raccrocha en soupirant. Il s'appuya sur la rambarde, lui faisant dos. Il semblait absorber par le paysage, avec raison. Ils avaient une vue imprenable sur le fiord, de leur chambre du 5e étage. Le soleil du matin s'était voilé et le vent s'était levé, aucun doute, il allait y avoir de l'orage.
Elle le rejoint sur le balcon et pausa sa main sur son épaule, pour attirer son attention.
- Ça va? Demanda-t-elle.
- Ouais, un petit imprévu, expliqua-t-il sans se retourner vers elle.
- Tu commences à quelle heure?
- Vingt heures.
- On devrait y aller alors, pour que tu aies le temps de passer te reposer un peu chez toi.
- Tu as sans doute raison, dit-il en se retournant vers la chambre.
- Rentre, j'arrive dans quelques minutes, lança-t-elle sentant son téléphone vibrer dans sa poche. J'ai un appel
- Ok, je vais demander à Noah de garder Buck une nuit de plus.
Elle acquiesça avant de se retourner vers le fiord pour répondre. Il s'agissait de Vincent, qui lui confirmait que le petit Justin n'aurait aucune séquelle. Folle de joie, elle fit volte pour retourner à la chambre apprendre la bonne nouvelle à David mais elle ne l'avait pas entendu revenir et se cogna à lui, qui se trouvait à moins d'un pied d'elle.
- Oh, pardon, bredouilla-t-elle en s'appuyant sur son torse pour reprendre équilibre.
En levant les yeux vers son ami, elle eut à peine le temps de voir le regard chargé de désir avec lequel il l'a couvait, avant que sa bouche ne prenne possession de la sienne. Instinctivement, elle se pressa davantage contre lui, comme si elle craignait qu'il ne change d'avis et ne s'écarte d'elle.
Ses mains glissèrent sur ses larges épaules avant de se nouer derrière son cou. Il avança de quelques pas, la forçant à reculer. Rapidement, elle sentit son dos nu toucher le métal froid de la balustrade et frissonna contre son ami. Ses mains glissaient dans son dos, à son plus grand plaisir. Quand il arriva au bas de son t-shirt, il glissa les mains sur sa taille nue, remontant langoureusement, lui caressant le ventre, les côtes. Ses caresses longtemps désirées étaient brûlantes, et Nissa laissa échapper un petit soupir de volupté.
Libérant ses lèvres, il lui fit passer le chandail par-dessus la tête sans mal et pressa son corps d'avantage contre le sien, de façon à ce qu'elle se trouve prise entre lui et la balustrade. Elle pouvait sentir la force de son désir contre elle, et se dit qu'il pouvait bien là prendre ici et maintenant, ça lui était égal! Ses lèvres gourmandes dessinaient un trajet de feu sur sa gorge, descendant langoureusement vers sa poitrine. Le souffle court, elle se cambra, offerte à ses caresses en soupirant son nom. Le simple fait de sentir sa peau nue contre la sienne était un délice. D'une main, il la pressait contre lui alors que son autre main glissait lentement le long de ses fesses, vers l'ourlet de sa jupe.
Ses lèvres avaient presqu'atteint leur destination lorsqu'une averse s'abattit sur eux, les ramenant subitement à la réalité. En quelques secondes, ils étaient trempés.
Avec un juron, David l'entraîna à l'intérieur et referma la porte avant de se retourner lentement vers sa compagne. Ses longs cheveux collaient à sa peau, son soutien-gorge blanc détrempé épousait ses formes à merveille, laissant entrevoir les cercles plus foncés de ses mamelons. Elle avait le souffle court, les joues en feux, les lèvres légèrement gonflées suite à leurs baisers et jamais, il ne l'avait trouvée aussi désirable qu'en cet instant. Pourtant, cette pluie l'avait ramené à la réalité. Elle et lui, c'était impossible. On ne couchait pas avec la petite sœur d'une amie! Surtout si, comme lui, on n'avait rien à lui offrir!
Déterminé, il marcha jusqu'au lit pour prendre la serviette avec laquelle il s'était séché un peu plus tôt et revint vers elle pour la lui mettre autour des épaules.
- Nissa, commença-t-il, je suis désolé, je n'aurais pas dû.
Hébétée, elle le regarda, sans dire un mot.
- Nous deux, c'est impossible, tu vois. Tu es la petite sœur de la femme de mon meilleur ami, ce serait trop compliqué! De toute façon, tu n'as pas vraiment envie de ça. C'est à cause du trop-plein d'adrénaline que t'as procuré le sauvetage de ce matin! Et puis moi, je n'ai aucune envie d'une histoire sérieuse, mentit-il.
- Je comprends, murmura-t-elle en baissant les yeux, visiblement mal-à-l'aise. Tu as probablement raison. Je… je vais me sécher. Nous pourrons partir ensuite, ajouta-t-elle d'une voix basse avant de saisir son sac et de s'enfermer dans la salle de bain.
Sitôt la porte fermée elle sentit des larmes lui échapper. Elle ouvrir le robinet d'un coup sec, pour éviter qu'il n'entende ses sanglots étouffés. Que s'était-elle imaginé! Un homme comme lui ne pouvait pas sérieusement s'intéresser à une gamine comme elle! N'empêche, c'était comme si une lame s'était enfoncée loin dans son cœur, elle en ressentait la brulure vive à chaque respirations qu'elle prenait.
Après quelques minutes d'apitoiement, elle entreprit de s'habiller et de mettre une touche de maquillage, afin de camoufler les signes qu'elle avait pleuré. C'était suffisamment embarrassant comme ça!
- Je suis prête, annonça-t-elle en retournant dans la chambre. Partons.
- Attends, lui dit-il en s'approchant d'elle. Je ne voulais pas te faire de peine, Nissa, murmura-t-il, visiblement encore plus mal-à-l'aise qu'elle.
- Je sais, répondit-elle simplement. Ça va aller. J'ai surtout honte de m'être laissé aller de la sorte. J'espère que ça ne compliquera pas les choses entre nous, pour la suite, ajouta-t-elle.
Elle eut au moins la satisfaction de voir que sa réponse l'avait prise de court.
- Non, il ne faut surtout pas.
- Bien, allons-y maintenant, ajouta-t-elle en empoignant son sac, j'ai hâte d'être de retour à la maison.
- OK.
Pour une fois, il n'insista pas pour porter son sac jusqu'à la voiture.
Le voyage du retour avait été interminable. Mis-à-part quelques commentaires insignifiants sur la météo, seul le son de la radio avait animé le trajet. Vers 14h00, il lui proposa de s'arrêter manger un morceau mais elle déclina, prétextant ne pas avoir faim. Vers 17h00, il lui proposa de s'arrêter encore une fois et elle refusa, prétextant la même chose.
- Dans moins d'une heure, nous serons rendus, je peux attendre jusque-là, ajouta-t-elle.
- Très bien, se contenta-t-il de répondre en se passant la main sur le visage avec lassitude.
Puis, brusquement, il donna un coup de volant et pris la sortie. Elle le regarda, surprise. Il s'arrêta sur le bord de la route et posa les mains sur le volant. Le cœur battant la chamade, elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle baissa les yeux sur ses mains, mal-à-l'aise. Le silence dura plusieurs minutes avant qu'il ne se décide enfin à prendre la parole.
- Nissa, je refuse qu'on se sépare comme ça ce soir, murmura-t-il les mains toujours sur le volant. Si je le pouvais, je reviendrais en arrière, crois-moi. Mais c'est impossible. Je ne te mentirai pas. J'avais envie de toi. Tout le weekend, j'ai déployés de gros efforts pour ne pas céder à la tentation mais j'ai échoué. Toute cette histoire avec le petit garçon m'a rendue à fleur de peau et, j'ai baissé ma garde quelques instants, quelques instants seulement…
- Il n'aura pas de séquelles, le coupa-t-elle.
- Quoi?
- Justin, il s'en sort sans séquelle. C'est ce que je voulais te dire, juste avant…
- Ah… Je suis content de l'entendre, murmura-t-il, visiblement soulagé. Pardonne moi, je t'en supplie, murmura-t-il après de longues minutes de silence, la tête posée sur le volant, entre ses mains.
- Rendu là, nous aurions été aussi bien de faire l'amour, murmura-t-elle en reniflant. Le mal est déjà fait, de toute façon!
- Tu veux qu'on le fasse maintenant? Demanda-t-il en relevant légèrement la tête pour la regarder. Si ça peut t'aider à te sentir mieux, allons-y!
- Quoi! Mais non! Cria-t-elle outrée avant de réaliser qu'il la taquinait. Mais, ce n'est pas le moment de rire! Lança-t-elle en lui donnant une tape sur le bras, retenant difficilement son sourire.
Il prit sa main dans la sienne et déposa un baiser sur le bout de ses doigts.
- Je préfère que tu me cries dessous ou encore que tu me frappes plutôt que d'endurer plus longtemps le silence de ces quatre dernières heures.
Nissa poussa un profond soupir avant de répondre, dégageant sa main de son emprise :
- Je n'ai pas envie de crier, peut-être que je pourrais te frapper mais encore là, ça ne servirait à rien, je me ferais probablement plus mal qu'à toi! Je t'en veux d'avoir céder mais en même temps, je le désirais moi aussi… Alors, comment te faire des reproches? Seulement, que va-t-il se passer, maintenant? Je veux dire, je ne sais plus comment agir avec toi!
- Sois toi-même, murmura-t-il, c'est tout ce que je te demande. Pour le reste, nous allons bien trouver un moyen de passer par-dessus.
- Tu crois? demanda-t-elle, luttant contre les larmes.
- Tu es très importante pour moi et je ne peux pas supporter l'idée de te perdre simplement parce que j'ai dérapé. Je ferai tout ce qu'il faut pour te garder dans ma vie! Je t'en prie Nissa, murmura-t-il, ne m'en veux pas…
- Je ne t'en veux pas, lui assura-t-elle en posant la main sur son bras. J'espère seulement que nous pourrons rester amis, malgré tout. Je ne pourrais pas supporter de te perdre alors que nous venons à peine de nous trouver, murmura-t-elle.
- Nous allons y arriver, lui assura-t-il. Et, pour partir sur de bonnes bases, vient souper avec moi!
Cette nuit-là, Nissa n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle était tombée amoureuse de David! La seule pensé de leur brève étreinte la laissait pantelante… Elle était terrifiée à l'idée que l'équilibre fragile qu'ils avaient réussi à atteindre ait été détérioré à jamais par cet épisode. Ressentant l'urgent besoin de se rassurer, elle saisit son téléphone et lui envoya un message texte, consciente qu'il y avait peu de chance qu'elle reçoive une réponse :
« Merci pour le merveilleux weekend, je suis heureuse d'avoir partagé ces moments avec toi. »
Elle aurait voulu écrire beaucoup plus mais pour ce soir, ça suffirait.
Quelques minutes plus tard, l'annonce d'un message texte la fit sursauter.
« Je suis content que tu aies écris, je pensais à toi, justement. Pour moi aussi, ça a été une très belle fin de semaine. Je te promets de tout faire pour que ça fonctionne! Dors maintenant! »
« Je dors mais toi, sois prudent » répondit-elle, le cœur léger avant de mettre son téléphone de côté pour la nuit.
Oui, elle allait tout faire pour que leur amitié passe par-dessus cet événement mais elle n'était pas encore prête à renoncer à ses sentiments!