Aujourd'hui, j'ai vingt-cinq ans :

Dominique Capo

Témoignage du jeune adulte que j'ai été :

Aujourd'hui, j'ai environ vingt-cinq ans et je travaille en tant qu'Aide-Bibliothécaire à la Bibliothèque de l'Arsenal. Il s'agit d'une des annexes de la Bibliothèque Nationale. Et cela fait environ un an que j'y suis employé. Nous sommes samedi matin, et je m'apprête à quitter mon appartement du 19e arrondissement de Paris. Il doit être 9h00 du matin. Je pars tous les jours à cette heure précise parce que la Bibliothèque ouvre ses portes à 10h00, qu'il me faut presque une demi-heure de métro pour m'y rendre. Et qu'une fois arrivé là-bas, j'ai besoin d'une vingtaine de minutes pour ranger les livres que les lecteurs du jour précédent ont rendu.

 

C'est un des moments que je préfère, d'ailleurs. Parce que c'est celui où j'arpente les couloirs, les salles, les rayonnages, les étages, du bâtiment. C'est durant ce laps de temps que j'explore les lieux. Je suis vêtu en costume-cravate. J'ai toujours apprécié d'être élégamment habillé. Evidemment, je fais attention de ne pas me salir dans les recoins les plus sombres et les plus poussiéreux que je croise. J'estime qu'être correctement paré est un signe de respect envers les hommes et les femmes qui viennent à la Bibliothèque Nationale pour y mener leurs investigations livresques.

 

C'est aussi parce que je sais qu'après 17h00, lorsque j'en aurai terminé avec mes heures, je vais aller à la Bibliothèque Sainte-Geneviève – près de l'université de Jussieu – qui se trouve à deux stations de métro de l'Arsenal. Je vais peut-être faire un détour par le magasin de jeux de rôles où je vais épisodiquement, et qui se situe à deux pas de la sortie du métro « Jussieu ». Je vais y découvrir les dernières nouveautés en matière de jeux de rôles puisque je suis, chaque vendredi soir, maitre du jeu auprès d'une demi-douzaine de jeunes de mon âge. J'écris moi-même mes scénarios que je leur fais vivre. Mais cela ne m'empêche pas de regarder les nouveaux suppléments de l'Appel de Cthulhu, d'Advanced Donjons et Dragons, ou de Vampire, qui sont mes univers de prédilection dans ce domaine.  

 

Si je suis vêtu en costume-cravate, enfin, c'est parce qu'avoir étudié une ou deux heures à la Bibliothèque Sainte-Geneviève les ouvrages sur l'Histoire, sur la Religion, sur la Mythologie, sur la Genèse des Civilisations, etc., je vais peut-être m'arrêter quelques instant à la FNAC de la station de métro de Chatelet-les Halles. De toute façon, c'est sur mon chemin  pour retourner chez moi, à mon appartement du 19e. Nul ne m'y attend.

 

Je ne suis pas pressé de rentrer, bien que je sois épuisé par la nuit presque blanche que je viens de traverser. En effet, je n'ai dormi qu'une heure à peu près. Mes joueurs de jeux de rôles d'hier soir ont quitté mon domicile vers 5h du matin ; avec le passage de la première rame de métro. Encore une fois, cette séance m'a laissé un gout amer dans la bouche. Et je me dis que tous les efforts que j'ai consenti afin de leur proposer un scénario riche, complexe, plein de rebondissements, et original, n'ont pas servi à grand-chose. Toutes mes investigations livresque afin de l'enrichir de faits historiques réels, en les adaptant pour qu'ils soient passionnants et pleins d'aventures diverses et variées, ont été inutiles. Mes notes – qu'elles viennent de la Bibliothèque de l'Arsenal quand j'ai un moment de tranquillité pour décrypter les traités que mes supérieurs me laissent consulter librement. Ou qu'elles viennent d'ailleurs – me seront utiles ultérieurement, lorsque je m'appuierai sur elles pour rédiger mes propres sagas romanesques.

 

Peut-être, enfin, recevrai-je un coup de fil de l'un des membres des quelques groupes auxquels je participe de temps en temps, une fois rentré chez moi ? Pour combler un trou !!! Un joueur s'étant désisté au dernier moment, et la partie en cours nécessitant un individu supplémentaire. Toutefois, fatigué, je ne sais pas si j'aurai la force de me déplacer à l'autre bout de la capitale afin d'endurer une seconde nuit sans sommeil. Surtout afin d'y demeurer en tant que potiche, sommeillant à moitié tout en essayant de suivre plus ou moins les échanges entre joueurs. D'autant qu'il faut que je me lève vers midi demain, afin de me rendre chez un de mes compagnons de jeu d'hier soir. Car lui organise ses propres rassemblements de joueurs le dimanche à partir de 14h. Et sa séance ne devrait pas se conclure avant minuit. Heureusement que le bus qui dessert son quartier me dépose pratiquement au bas de chez moi pour le trajet du retour.

 

Quoiqu'il en soit, après le nouveau désastre de la partie de la nuit qui vient de s'écouler, je suis morose. Je n'ai vraiment pas le moral, d'avoir assisté à l'anéantissement en quelques minutes de plusieurs semaines d'élaboration de mon scénario. Comme d'habitude, mes joueurs se sont presque immédiatement transformés en « gros bill ». C'est-à-dire qu'ils ont foncé dans le tas afin de tuer tous les personnages importants de mon scénario ; alors que je les avais patiemment construits. Par la même occasion, ils ont dévasté son intrigue et ses péripéties. Les éléments sur Rennes-le-Château, sur les Templiers, sur les Cathares, j'en passe, que j'y avais intégré comme les pièces d'un gigantesque puzzle à la « Da Vinci Code » ont été brisés les uns après les autres. Je les avais pourtant prévenu avant que nous ne débutions la partie. Or, ils n'ont pas tenu compte de mes avertissements. Pire encore, se rendant compte de mon désarroi et de mon impuissance à réfréner leurs ardeurs belliqueuses, ils en ont ri. Et, sans s'en rendre compte, sans s'en préoccuper, une fois encore, ils m'ont profondément blessé.

 

Déjà, lorsqu'ils sont arrivé chez moi, vers 19h, la plupart d'entre eux se sont vanté des sorties en boite de nuit, entre eux, qu'ils ont effectué quelques jours plus tôt. Ils ont souligné les rencontres qu'ils y ont vécus, les filles qu'ils y ont croisées, et qu'ils ont draguées. Un ou deux se sont même gargarisé des jeunes femmes avec lesquelles ils sont rentrés chez eux, et avec lesquelles ils ont couché. Tout en sachant qu'ils ont une petite amie qu'ils n'ont aucun scrupule à tromper. Le fait qu'ils ne m'aient pas invité à sortir avec eux m'a également fait beaucoup de mal. Savoir qu'ils ont réussi à attirer dans leur lit une jeune femme aussi aisément, alors que moi, je suis incapable de faire le premier vers l'une d'entre elles de peur d'en être rejeté à cause de mon handicap et de ma tâche de naissance, me meurtri à chaque fois au plus profond de mon âme et de mon cœur.

 

Mais nul n'en n'a cure. Mes compagnons de jeu de rôles vivent pleinement leur état de jeune adulte. Ils ne connaissent pas les affres de la solitude sentimentale sans fin. Ils ne savent pas ce que c'est que d'avoir honte du handicap, de la tâche de naissance que vous portez depuis votre naissance. Des moqueries, des rejets, des grimaces, que l'on vous a lancées durant toute votre enfance et toute votre adolescence. Toutes ces jeunes femmes qui vous ont attiré, tous ces sentiments que vous avez muselés, réfréné, parce que vous saviez que si vous ouvriez votre cœur à celle qui en est la propagatrice vous repoussera. Sans remord, sans regret, comme un divertissement anodin. Et qui, pourtant, m'a dévasté un nombre incalculable de fois, qui m'a brisé, qui m'a humilié au point que j'en suis progressivement venu à me détester.

 

Aujourd'hui, alors que ce Samedi débute à peine, que je me rase devant la glace de ma salle de bains, et que je contemple mon visage, j'aimerai pouvoir le déchirer. Mes cicatrices, mon asymétries dues à mes opérations de chirurgie esthétique non abouties – au milieu des années 1990, nous n'en sommes qu'aux balbutiements dans ce domaine -, mon hémiplégie partielle du côté droit de mon corps, les crises de convulsion dont je suis parfois la proie, me donne envie de vomir. J'en viens à désirer mourir. Mettre un terme à cette solitude sentimentale imposée, aux affres de ma différence, est ce à quoi j'aspire de toutes mes forces. J'ai l'impression d'être seul au monde. Personne ne veut et ne peut venir à mon secours. Mes amis de jeux de rôles, il y a longtemps qu'ils ne viennent plus qu'à mon appartement parce que c'est un lieu idéal où ils peuvent se retrouver pour l'une de leurs activités favorites. Pourtant, dès qu'une autre sortie se prépare, je n'existe plus. Ils ont pratiquement tous des petites amies, dont ils se vantent devant moi sans faire attention si leurs paroles sont susceptibles de me faire mal.

 

Quant à mes parents, il y a des années qu'ils ont renoncé à m'épauler, à m'écouter, à faire preuve de patience ou de tendresse à mon égard. Ils ont leurs propres problèmes de couple. Et puis, je les fatigue, comme ils disent, avec mes jérémiades, avec mes apitoiements sur mon sort. Dès que l'on aborde le sujet, en famille, mes parents s'emportent  contre moi parce que je souffre continuellement. Ils préféreraient me voir souriant, heureux, épanoui, lorsque je suis en leur compagnie. Ils désireraient que je laisse mes tiraillements intérieurs à la porte de chez eux quand je viens leur rendre visite en Mayenne ; où ils habitent depuis trois ou quatre ans. Néanmoins, je ne parviens pas à me débarrasser de ce fardeau qui pèse sur mes épaules, et qui m'étouffe.

 

Dès lors, je me sens seul, isolé, abandonné, perdu. Je me hais de toutes mes forces de ne pas être quelqu'un « comme il faut ». Je hais ce handicap qui me condamne à la pauvreté sentimentale. Qui me torture le cœur dès que je croise la route d'une jeune femme qui m'attire. Parce que je sais au plus profond de moi qu'elle me fuira, dès que je ferai mine de l'aborder. Et puis, de toute façon, je n'aime pas cette façon de ce se comporter. De faire du « rentre dedans », comme s'y emploient un certain nombre de mes camarades de jeux de rôles, ainsi qu'ils s'en vantent souvent. J'ai l'impression de salir la relation que j'aimerai établir avec celle qui fait battre mon cœur ; qu'elle pense que je ne désire qu'une chose : coucher avec elle. Alors que c'est l'ensemble de sa personne qui me plait ; autant ce qu'elle a dans sa tête, que son corps ; autant son intelligence que sa personnalité ou son apparence.

 

Mais je souffre trop. J'aimerai ne pas exister. Je souhaiterai être quelqu'un d'autre. Mais j'en suis incapable. Mon visage, mon handicap, le fait d'être un intellectuel toujours plongé dans ses livres parce qu'ils lui servent de refuge, de rempart vis-à-vis de ce mal qui le ronge depuis sa plus tendre enfance, sont une prison. Une prison dont je ne peux me libérer.

 

Quand j'étais enfant, puis adolescent, on m'a bien fait comprendre que je n'étais qu'un moins que rien, un inadapté. Une personne qui pouvait contaminer les autres de sa différence, et que, pour cette raison, il valait mieux rejeter. Mon père a toujours eu honte de moi ; il me l'a si souvent dit. Il m'a aussi expliqué que je n'étais qu'un bon à rien, que je ne réussirai jamais ma vie. Il a, à maintes reprises souligné qu'il me regardait comme quelqu'un d'inférieur. Que, de toute façon, il avait toujours raison, et que je n'avais pas à ne pas être d'accord avec lui. Qu'il savait les choses mieux que moi, et qu'il était préférable de tout lui laisser faire à ma place.

 

Mes grands-parents, eux, m'achètent. Quand je suis triste, malheureux, ils me donnent de l'argent pour que je puisse m'acheter un bouquin. Même s'ils préféreraient que j'emploie ce montant pour un vêtement. Car un vêtement, comme la nourriture, c'est utile. Un livre, ce n'est pas vraiment utile. C'est de l'argent dépensé en pure perte. Quand on va aux courses, dans un supermarché, ils aimeraient que je les suive dans les rayons des victuailles pour que je leur avoue ce que j'aimerai manger à diner. Or, cela ne m'intéresse pas. Je préfère arpenter les rayonnages de livres, et m'en acheter un. Mon grand-père, qui est un peu plus indulgent que ma grand-mère, comprend vite. Il m'autorise à rejoindre cette partie du magasin. Il m'alloue une certaine somme pour m'offrir un ou deux livres. Mais ma grand-mère n'est pas contente. Elle préférerait que je reste avec eux, bien sagement, et que je les suive dans leurs déambulations culinaires.

 

Que tout cela est lourd à porter pour moi. Je m'en veux d'être le jeune homme que je suis. J'ai peur de finir seul. D'être abandonné, que les gens se détournent de moi. Je suis incapable d'être aimé par une jeune femme pour laquelle j'ai de l'attirance. Alors quand, durant nos parties de jeux de rôles à mon appartement, mes camarades se vantent de leurs exploits amoureux, je souffre. J'ai l'impression d'être flagellé, de saigner d'une multitude de cicatrices incapables de se refermer. Chaque anecdote qu'ils déclament est comme un tisonnier qui me brulerait la peau, qui m'éventrerait l'âme et le cœur. C'est sans fin, chaque jour à son lot de blessures que je ne peux éviter.

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'au milieu de la nuit, tout à l'heure, je me suis enfui de chez moi. J'étouffai. J'avais envie de hurler, de prendre une lame de rasoir afin de me lacérer ce bras handicapé. Alors, à un moment donné, comme je l'ai déjà effectué plusieurs fois il y a quelques semaines, j'ai dit à mes camarades que j'allais prendre l'air. Je sais que je peux leur faire confiance malgré tout, pour l'appartement.

 

Dès lors, vers trois heures du matin, j'ai quitté la rue où se trouve mon bâtiment. J'ai déambulé dans les avenues avoisinantes. Il n'y avait pas un chat, pas un bruit, pas un mouvement. J'ai songé à mes amis de jeux de rôles qui étaient chez moi, qui riaient, qui s'amusaient, qui se racontaient leurs anecdotes de jeunes hommes en pleine possession de leurs capacités physiques et intellectuelles. Je me suis dirigé vers le parc des Buttes-Chaumont ; qui était fermé évidemment, à cette heure de la nuit. J'ai revécu en images toutes ces peurs, toutes ces violences intérieures, toutes ces humiliations, toutes ces haines de moi-même dont je suis continuellement la proie. Elles ne me lâchent pas depuis que je suis enfant. Le destin trouve toujours de nouvelles manières de me pourfendre, de me mettre à genoux ; même si je suis épuisé, même si je n'ai plus de ressources, même si je suis seul. Il me fait me sentir sale, différent, fragile, défait.

 

Puis, au bout d'un moment, j'ai réintégré mon appartement. Mes joueurs étaient toujours là. Rien n'avait changé depuis mon départ. L'un d'eux avait pris le relais pour poursuivre la partie de jeu en cours. De toute façon, je n'avais plus envie de la présider, puisqu'ils avaient anéanti le scénario que j'avais mis tant de temps et d'énergie à créer. Je me suis réfugié dans ma chambre. Non pas pour dormir : avec le bruit que faisaient mes amis, je n'aurai pas pu. Je n'avais pas  non plus la force psychique, ou la volonté de leur dire de partir. J'avais l'impression que si je leur avouais que j'étais fatigué, ils se détourneraient de moi, et qu'il n'y aurait plus jamais de partie de jeux de rôles chez moi. Alors que c'était le seul divertissement qui me permettait de rencontrer des jeunes de mon âge. Non, je suis resté dans le noir, attendant – espérant – que l'un d'eux vienne me voir pour me tenir compagnie. Que l'un d'eux se préoccupe de mon sort, qu'il me pose des questions, qu'il s'intéresse réellement à moi ; et éventuellement, qu'il m'aide à croiser une jeune femme qui n'aurait pas peur de mon handicap et de ma tâche de naissance. Pour me regarder et m'apprécier comme un homme à part entière. Néanmoins, jusqu'à ce jour, ce miracle n'a jamais eu lieu.

 

De fait, le seul refuge qu'il me reste, c'est de poursuivre mes investigations intellectuelles. Que ce soit à la Bibliothèque de l'Arsenal avec la bénédiction de mes supérieurs en dehors de mes heures de travail. Que ce soit à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, dans le bâtiment principal de la Bibliothèque Nationale, rue de Richelieu, ou ailleurs. C'est la seule porte de sortie qu'il me reste afin de donner un sens à mon existence. Un jour, peut-être, écrirai-je mes mémoires ? Un jour, peut-être, raconterai-je ces années de cauchemar qui m'ont poursuivi lors de ce qu'on prétend être « l'Age d'Or » de n'importe quel être humain. Ces années entre adolescence et jeune adulte où tout est possible, où tout est faisable. Mais, moi, je sais que ce n'est pas vrai.

 

Pour certains et certaines, si bien entendu. Or, dans mon cas, je suis trop conscient des différences dont je suis le porteur, pour croire en de telles choses. Je n'ai qu'un moyen de survivre au sein de ce monde brutal, sans pitié, qui me broie et qui me brule : les livres. Seuls eux m'apportent cette sérénité, ce calme, cette paix de l'âme, cette ouverture vers quelque chose qui me touche au plus profond de mon cœur. Eux ne me trahissent pas, eux ne m'abandonnent pas. Eux ne me méprisent pas, eux ne me repoussent pas. Eux ne me jugent pas, eux ne me condamnent pas.

 

C'est comme lorsque j'écris mes scénarios, mes nouvelles, mes récits. La Bibliothèque Nationale dont j'arpente les couloirs en tous sens, muni de mon carnet de notes et de mon crayon afin de marquer les références des livres que j'aimerai consulter ultérieurement, est un havre. Je m'y sens chez moi, à ma place. Elle m'autorise à découvrir un univers de connaissance dont je n'ai jamais imaginé l'étendue jusqu'alors. Et je m'abreuve sans cesse aux sources de ce savoir faramineux. Je suppose que celui-ci me maintient debout malgré toutes les épreuves de l'existence. Si je ne l'avais pas eu à portée de la main, je pense qu'il y a longtemps que je me serai suicidé. Et puis, qui sait, un jour, toutes les notes que j'en accumule me permettront peut-être d'écrire une saga romanesque que je pourrais publier chez un éditeur digne de ce  nom ? Peut-être mes recherches sur l'Histoire, la Mythologie, la Philosophie, la Religion, etc. engendreront des textes que des gens apprécieront de lire, de partager, d'échanger. Peut-être, dès lors, ces personnes ne s'arrêteront pas à mon visage, à mes cicatrices, à mon handicap ? Peut-être des jeunes femmes oseront-elles m'aimer pour l'homme que je suis réellement, et non pour la plastique qui est la mienne. Peut-être…

 

Aujourd'hui, alors que nous sommes au milieu des années quatre-vingt-dix, j'en rêve. J'aimerai tant que dans vingt ans, ce soit le cas. En tout cas, pour le moment, ce soir, je ne sais pas encore ce que je vais faire. Surement rentrer chez moi, manger, dormir jusqu'à demain midi, avant de rejoindre mes camarades chez celui qui organise les parties de jeux de rôles « Vampire ». Néanmoins, il faut maintenant que je me dépêche de finir de me raser, de me doucher, de m'habiller en costume-cravate. Si je ne souhaite pas être en retard à la Bibliothèque de l'Arsenal pour son horaire d'ouverture…                            

 

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