Avant d'entrer sur scène.
moona1993
Avant d’entrer sur scène.
Ca y est. C’est bientôt.
Dans les coulisses, il fait sombre, il fait froid.
Tout le monde est là mais personne ne se voit.
On préfère la compagnie de la solitude.
Ou des trous de mémoires.
On panique, on a peur.
Intérieurement.
Mais on reste calme.
Extérieurement.
On souffle, on respire.
On fait les cents pas.
On se fraye un chemin d’un bout à l’autre.
Se faufilant parmi des inconnus qu’on connait bien.
Qui font les cents pas eux aussi.
Certain préfère rester ensemble.
C’est plus rassurant.
D’autres ne bougent pas.
Se tranquillisant par eux même.
Ou s’affolant davantage, tout dépend.
D’autres encore, relisent et relisent leurs textes qu’ils savent du bout des doigts,
Au bord de la crise de nerf, ils s’obstinent.
Soudain, il fait trop chaud.
On étouffe, on suffoque.
Intérieurement.
On veut partir, s’échapper, courir.
Mais on reste là, immobile.
On attend.
Réticent, impatient.
Ca y est. C’est bientôt.
On perçoit le rideau s’ouvrir sur une foule en alerte.
Le brouhaha s’estompe.
Les discussions s’achèvent.
Laissant place aux chuchotements.
Puis, plus rien.
Quelques toussotements.
Un bébé qu’on fait taire.
Et…
Silence.
Dans les coulisses,
Plus personne ne bouge.
Les regards se croisent.
Les cœurs s’accélèrent.
Les mains deviennent moites,
Les corps transpirants.
On se serre dans les bras.
Une dernière fois.
Ou pour la première fois.
Ca y est. C’est maintenant.
On quitte le noir des coulisses et des cauchemars.
Ce gouffre profond qui nous oppresse.
Les premières secondes, on veut y rester.
Mais plus on s’avance vers le plateau, plus on sent cette délivrance qui s’empare de nous.
Et bientôt plus qu’une hâte s’agite chez le comédien : fuir ce précipice et ses noirceurs perfides et perverses.
On s’empresse, on s’agite, on se dépêche et …
On franchit le seuil de la scène.
L’obscure laisse place à la lumière, et soudain tout s’éclaire.
Intérieurement et extérieurement.
Le comédien respire. Lumineux, vif, éblouissant.
Jouissance et satisfaction remplissent sa personne toute entière.
Ce plaisir absolu et démesuré qu’il croyait perdu l’habite de nouveau.
Il n’est plus lui et se retrouve en fin.
Enfin.
Ce moment tant attendu et redouté.
Il joue.
Il vit.