Avec le temps
Camille
La tête me tourne et mes sens m’abandonnent. Je ne sais pas ce qui m’arrive, ce qui se prépare. Mon esprit vagabonde une dernière fois, puis s’endort dans un sommeil que je pense sans réveil. Mon âme tourmentée s’enveloppe d’une brume épaisse et insondable qui m’emprisonne. Un flou infini s’abat sur moi et m’hallucine. Des étoiles brillent, mais je ne sais pas si c’est moi ou le ciel. Et quel ciel ? Tout est tellement vaporeux, tellement vague...
Je me perds. Un univers de pensées froides et impossibles me submergent, m’assaillent et me harcèlent. Mon corps ne se bat plus, tout en moi est vide et insensé. L’aboutissement de toute une vie, je suppose. Les souffrances me quittent et cessent alors de me tourmenter. Emoussés, les souvenirs. Détruits, les sentiments. Abandonnés, les songes et les rêves. Cet instant qui parait me durer une éternité, cette seconde décisive, ce souffle de vie, s’éteint enfin. Une lumière aveuglante jaillit et explose comme une météorite dans un cosmos noir d’encre, et c’est la fin. Je vacille et je tombe, dans un dernier soupçon de vie et d’existence, et la chaleur que mon corps renfermait s’échappe et s’enfuit à toutes jambes (ouais... ou pas). La voix douce et envoutante de la mort m’appelle, et je n’ai d’autre choix que de la suivre avec indulgence. C’est la dernière fois, la dernière raison, la dernière inspiration. Le temps, éphémère, règne en maître du jeu, et je suis le pion qu’il a décidé de sacrifier. Avec le temps va, tout s’en va, et c’est très bien.